The impossible dream.
6.0 Je vais d’abord évoquer les réserves que j’aie sur le film. Avant tout et ce n’est pas la première fois que j’en parle à propos d’un film de Soderbergh, je suis gêné par cette image, un peu trop jaune sitôt qu’on est dehors, essentiellement. C’est pas le jaune de Darius Khondji ni celui de Bruno Delbonnel, mais c’est un jaune quand même, moins pisseux qu’écarlate, il n’empêche qu’il me gêne, autant qu’il m’avait gêné dans les extérieurs de Magic Mike ou The Knick. Et comme c’est Soderbergh lui-même qui se colle à la photo de ses films/série et bien je lui en veux, deux fois plus. L’autre réserve est plus subjective : Soderbergh touchant à tout, il lui fallait bien un jour emprunter les voies du biopic. Le biopic n’est généralement pas ma tasse thé car c’est un genre trop imposant, je pense, qui s’appuie beaucoup sur un personnage et une solide interprétation mais qui du coup, oublie de mettre en scène, de dévier, de respirer. Ma vie avec Liberace n’y échappe pas : Douglas & Damon sont étincelants, cette histoire d’amour entre Scott Thorson et Liberace passionnante, et tout cela prend beaucoup de place, toute la place. Le film me semble vraiment trop figé et programmatique pour m’embarquer, émotionnellement parlant. Petits griefs qui font beaucoup, ce qui ne m’empêche pas d’avoir trouvé le film très réussi dans ce qu’il souhaite raconter : L’histoire d’une passion dévorante qui va mourir, se consumer dans un étrange pouvoir de possession/domination tant la volonté de Liberace est surtout d’être aimé par Scott afin de pouvoir le modeler à son image (L’univers cosmétique et surabondant est un donnée quasi centrale, tant par cet indigeste attirail luxueux que par l’apparition d’un génial Rob Lowe, chirurgien lifté jusqu’au ridicule qui offre des instants de pur burlesque) avant de l’abandonner, comme il avait probablement fait de même avec le précédent (Celui que Scott remplace littéralement en début de métrage) et qu’il fera aussi avec le suivant. C’est un mélodrame déguisé en rom’com de chambre. Chacun y perdra d’ailleurs sa mère, durant leurs cinq années de concubinage secret. Secret puisque Liberace refusait de montrer son homosexualité au grand public, jusqu’à publier des bouquins sur de fausses aventures avec des femmes. Le film raconte ces cinq années de leur rencontre à leur rupture. Avec un épilogue quasi Sirkien, un peu forcé à mon goût, mais peut-être est-ce justement parce que ce qui précède me touche peu. Beau film quand même, surtout pour Damon & Douglas qu’on n’a rarement (jamais ?) vu aussi concernés.