« Ever…Est »
6.0 J’ai beau apprécié modérément Ahmed Sylla (plus que plein d’autres humoristes français en tout cas) j’ai toujours peur qu’un film avec un humoriste finisse en simple one man show – Les exemples sont légion. Premier écueil que L’Ascension évite et brillamment. L’autre interrogation concernait la géographie. Si le personnage s’en va gravir l’Everest je voyais mal une comédie française s’aventurer au Népal pour y filmer ses petits sketchs dans la montagne. Et pourtant, c’est le gros point positif du film (La production Europa Corp a dû bien aider) on y voit beaucoup le Népal, Katmandou d’abord ainsi que de nombreux villages traversés pendant l’Ascension, jusqu’au fameux camp de base à 5364m d’altitude. Qu’importe si la suite (dans la neige) est tourné dans les Alpes, les mecs sont allés filmés au Népal jusqu’au camp de base. Et du coup ça en fait avant tout un super film d’aventures avant d’être un simple feel good movie (tiré d’une histoire vraie) maquillé en comédie familiale. On rit beaucoup déjà, c’est une chose (Notamment via un running-gag qui voit Sylla en chier sans sac alors que les porteurs sont imperturbables) et on s’y croit, on l’envie, on voudrait en chier avec lui et faire les mêmes connaissances, autant les guides et sherpas, que les groupes de nationalités qui font aussi partie de l’expédition. On y traverse des ponts suspendus, des échelles posées au-dessus d’une crevasse, on y grimpe des murs de glace. Il y a une vraie générosité dans le voyage. C’est pas Herzog évidemment, l’aspect docu est vite gagné par la vanne. C’est pas Rozier non plus, on sent qu’il faut canaliser le rythme, suivre un scénario. Mais ça fait plaisir de voir un truc aussi agréable, aussi bienveillant, aussi peu agressif. Quelque part ça me rappelle le plaisir que je peux éprouver devant Saint-Jacques la Mecque, avec Muriel Robin. J’ai d’abord l’impression que je vais détester : Là le tout le début c’est épouvantable de caractérisation binaire, de naïveté, de clichés passe-partout sur les cités. Puis je suis séduit, petit à petit. Alors qu’il y a toujours des trucs rédhibitoires, comme un montage parallèle un peu lourdingue (Un peu comme les retours présent dans Babysitting. C’est l’ère qui veut ça, il faut tout montrer) sur la vie à la Courneuve, suspendue à la radio pour avoir des nouvelles de leur téméraire protégé. Mais on les voit de moins en moins, ces trucs rédhibitoires. Sans doute car le film se fait son propre scénario, il ne cherche pas à réécrire le livre dont il est l’adaptation : La preuve c’est que Ludovic Bernard, le réalisateur, raconte ne pas avoir lu le livre. Donc lui il choisit d’orner ça à sa manière, façon rom’com : Ahmed Sylla va grimper l’Everest par amour. Scénario prétexte, forcément, mais ça passe. Le film fonctionne, m’épate constamment. D’ailleurs, j’ai volontairement choisi ce photogramme puisqu’on y distingue personne en particulier, on capte seulement une action, ce que le film fait plus souvent qu’on ne le croit. C’est ce que j’en retiens avant tout : L’impression d’avoir voyagé avec le film et l’équipe du film, avec Ahmed Sylla au centre certes mais surtout dans l’Himalaya. Après oui, tout ce qui se passe à La Courneuve relève davantage du remplissage sentimental, mais c’est pas affreux non plus, ça peut même être rigolo au détour de quelques dialogues entre les membres de la radio. On peut dire que ce montage n’existe pas uniquement pour nous attendrir, il raconte aussi beaucoup sur Comment faire un voyage hors de prix si t’habites dans la cité des 4000. Il y a donc une radio locale, les aides financières des sponsors, le journalisme municipal, une famille qui croit en toi. C’est mignon mais pas si vain que ça. Bref, très bonne surprise.