Triangle scalène.
6.0 On peut grossièrement dire que L’amant d’un jour constitue le dernier volet d’une trilogie entamée avec La jalousie et poursuivie avec L’ombre des femmes. Une trilogie de la femme, pour les femmes, libres, indomptables, freudiennes.
Cette histoire d’étudiante jetée par son mec, recueillie par son enseignant de père alors en pleine passion avec une fille de son cours, de l’âge de la sienne, était le plus beau des trois récits, simple et mythique à la fois. Triangle parfait, et parfaitement dissemblable, qui résonne comme l’origine du monde, adéquat avec le cinéma garrelien dont on a chaque fois la sensation qu’il réinvente et s’approprie la naissance du cinéma.
Le résultat est pourtant aussi beau que déceptif. Inattaquable tant il est en phase avec les coutumes garreliennes comme on pourrait en dire de chaque nouvelle sortie d’un film de Hong Sangsoo (Œuvre construite sur d’infimes variations) mais peu stimulant – Et là ça reste purement subjectif : Le souvenir du film s’évapore assez vite, sa beauté est un peu figée, sculptée dans son sublime noir et blanc mais peu chaleureuse, l’émotion peine à trouver sa place.
Il faut dire que découvrir ce dernier Garrel dans la foulée d’Ava, le vivifiant premier film de Léa Mysius, ainsi qu’en plein chamboulement généré par la diffusion attendue de Twin Peaks S3 (Et 2 jours après la diffusion de l’épisode 8, qu’on se le dise) et en plein coup de cœur Master of None S2, n’aide pas beaucoup, ni à tenter de percer son hermétisme fabriqué, encore moins à s’extraire de cette bulle régénérante offerte par un trio on ne peut plus distinct : Lynch / Mysius / Ansari.
Et puis le postulat « Fille de Garrel » un poil trop théorique, en l’occurrence, me plait moyen – Je préfère le Garrel qui sait couper court à ces dispositifs imposants – notamment parce que j’ai du mal avec le jeu d’Esther Garrel, qui me semble en permanence un peu haut, quand Louise Chevillotte, à ses côtés, inconnue, irradie, elle, vraiment chaque séquence – Et pas seulement lors de cette superbe séquence de rhabillage.
Ceci dit, la fin est très belle. Garrel a toujours su soigner ses fins – J’ai un souvenir déchirant du final de Le vent de la nuit, et un souvenir ému des derniers instants d’Elle a passé tant d’heures sous les sunlights, film que je n’aime pas beaucoup et qui fait partie de ces films que je trouve sauvés par leur fin. Là il y a l’idée de boucle, puisque la fin résonne beaucoup avec l’ouverture. Un personnage a disparu, ça devrait être triste pourtant Garrel a réussi son transfert lumineux un peu par magie.
Au centre du film il y avait aussi cette séquence de danse complètement onirique, mise en musique par Aubert sur un texte de Houellebecq. Facile et dans l’air du temps mais j’ai trouvé ça très beau. Il y a tout de même de bien jolies fulgurances.
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