Sans amour ni haine.
6.5 Je ne m’en souvenais pas bien et je sais dorénavant pourquoi : La nuit du chasseur fait partie de ces chefs d’œuvre indiscutables du cinéma, à l’instar de La soif du mal, d’Orson Welles ou de Seuls les anges ont des ailes, de Howard Hawks, qui me laissent de marbre. Je crois comprendre ce qu’ils représentent, le sens de leur réputation ; il m’arrive par instants de les trouver forts, brûlants, fulgurants ; mais je trouve leur beauté froide et calculée, leurs diverses qualités formelles corsetées, leur schéma narratif dépourvu d’émotion. Si ça ne m’émeut pas un peu, de toute façon, c’est mort. Et là j’estime qu’avec ces gamins dans le casting et cette histoire de trésor (du père pendu) caché dans un nounours, il doit se passer un peu plus qu’une sorte d’admiration gênée et passagère. Et puis le jeu des acteurs me dérange, car les enfants (excellents) ont un jeu nettement moins haut et plus juste que ceux des adultes pour la plupart dans l’excès : trop passive Shelley Winters, trop nébuleux Robert Mitchum, trop appuyé pour James Gleason aka uncle Birdie etc. Ça manque clairement de nuance à mes yeux. Mais c’est évidemment et objectivement un film magistral, parcouru de qualités plastiques fortes notamment dans la très belle partie « barque au clair de lune » accompagné par un superbe bestiaire et des courants d’eau flippants. J’ai conscience que ces films ne sont pas comparables, mais La nuit du chasseur m’interpelle et me touche infiniment moins que La trilogie d’Apu, de Satyajit Ray, que je viens de découvrir, trois films qui eux m’ont marqué au fer.
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