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Archives pour 23 septembre, 2017

Jeannette – Bruno Dumont – 2017

02. Jeannette - Bruno Dumont - 2017Rebelle de la dune.

   3.5   J’avais vu en P’tit Quinquin de belles promesses pour un cinéma nouveau chez Bruno Dumont. Ma Loute les avait affaiblies, brutalement. Jeannette et cette histoire de comédie musicale sur l’enfance de Jeanne d’Arc, je dois avouer que je n’y croyais pas, la faute probablement au précédent film que je ne suis pas loin, avec le temps, de trouver catastrophique, si je repense à Binoche/Lucchini et l’esprit Laurel & Hardy global. Je ne garde qu’une chose/ un personnage de ce film : Billy. C’était mon dernier mince espoir : retrouver un peu de Billy en Jeannette. Et retrouver surtout le Dumont que j’aime.

     Mais en y réfléchissant, les prémisses de ces craintes remontent à Hors Satan. Non pas au film en lui-même que je trouve très beau (quoiqu’un peu froid) mais à ma séance de Hors Satan, suivie en 2011, d’une rencontre/débat avec Bruno Dumont. J’en rêvais et j’avais été très gêné par cet orgueil démesuré qu’il affichait crânement, transpirant la persuasion d’être le plus grand cinéaste vivant et décrivant Hors Satan comme l’apogée de son œuvre avant qu’il ne change radicalement de braquet. Il avait prévenu, très sérieusement, qu’il avait épuisé son dispositif et aimerait faire du burlesque voire de la comédie musicale. On y est. Cette complaisance me dérange : L’impression de l’entendre dire qu’il pourra tout faire sans jamais renier son style, sans perdre la force de son cinéma. Finalement, c’était peut-être un peu trop programmé cette affaire.

     Quoiqu’il en soit les craintes sont apparues ici très vite, quelques secondes après l’ébahissement provoqué par ce premier somptueux plan (Quel sens du cadre, une fois de plus) où la jeune Jeanne s’extraie d’un sous-bois et son cours d’eau puis grimpe et serpente la dune. Là elle chante en priant ou prie en chantant, tu choisiras, et ce sera comme ça quasi tout le film, d’une voix aigre, que tu acceptes d’abord avant de ne plus vouloir l’entendre. Quand Hauviette apparait puis les deux bonnes sœurs jumelles, c’est encore pire. Quand la musique, celle d’Igorrr (je ne connais pas), intervient par-dessus les chants, c’est affreux. J’ai bien cru que ce serait l’enfer absolu. J’ai bien cru que j’allais pas tenir pour tout te dire.

     Car finalement on finit non pas par s’y faire, mais par trouver que la prise de risque est plus notable que la douleur qu’elle nous impose. Evidemment, on voudrait se perdre dans ces dunes de sable le long de la Meuse et non se coltiner des plans fixes sur des visages qui chantent faux et des chorégraphies franchement nases. Evidemment, on voudrait entendre le vent cher au cinéma de Dumont, plutôt que ce death métal poussiéreux. Mais pourtant, il en faut, il me semble, pour se saisir du texte de Charles Peguy de la sorte. Expérience indigeste mais qui prouve au moins que Dumont n’a pas fini d’expérimenter et se pose en Jeannette (avec beaucoup trop de complaisance quand même) au sein de son propre cinéma se rebellant contre le système et contre lui-même.


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