A trance supreme.
Quand on évoque Coltrane, c’est souvent A love supreme qui revient dans les textes et conversations, à juste titre puisqu’il est l’album de jazz imparable, complexe et serein, très accessible bien qu’hyper avant-gardiste – J’y suis probablement moins sensible à cause de son côté « performeur » : ses imposants solos (piano sur Resolution, batterie sur Pursuance, contrebasse sur Psalm) et l’omniprésence du sax ténor. On le retrouve souvent parmi les listes des plus grands albums de tous les temps et c’est assez logique. On peut dire que c’est son chef d’œuvre, oui.
Pourtant je lui préfère toujours un album qui le précède de trois années, Olé Coltrane, sans doute parce que j’aime son intensité, sa mélancolie hispanique, et qu’il m’émeut davantage, me plonge dans une transe comme je pourrais en retrouver plus tard dans le krautrock. Je ne suis pas très jazz, à priori, mais ici et principalement sur le titre Olé qui ouvre l’album, j’y suis entièrement réceptif, dix-huit minutes durant. J’imagine que la durée y tient une place primordiale : Il faut que ça s’étire pour que je m’y fonde, mais pas trop pour ne pas que je m’y ennuie.
La contrebasse d’abord, épaulé de la batterie (qui agit en véritable mantra sur l’intégralité du morceau), puis le sax de Coltrane, puis la flûte, la trompette, le piano. Tous les instruments ont un rôle fondamental, prennent le pouvoir ici avant de le refourguer là-bas. Je les aime tous, je n’ai pas de préférence de l’un sur l’autre, j’aime les entendre ensemble ou séparément, les voir apparaître puis disparaître. Je trouve ce morceau absolument parfait.
Petite parenthèse : j’ai des morceaux et/ou albums préférés suivant les saisons, l’heure de la journée et le l’endroit dans lequel je me trouve. Par exemple, j’adore écouter Histoire de Melody Nelson au réveil, chez moi, un jour d’automne. Ou bien Moon Safari en été, en bagnole, vers midi. C’est comme ça. Je reviendrai sur ce délire fétichiste à mesure que ma liste s’épaissira. Toujours est-il qu’Olé de Coltrane c’est très particulier puisqu’il fait partie de ces morceaux que je peux écouter partout, à n’importe quelle heure de la journée, en été comme en hiver. Chaque fois c’est pareil, il s’affranchit de tout, m’extraie de l’espace et du temps.
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