Nuit blanche à New York.
7.0 Good time est le troisième long métrage des frères Safdie, désormais bien installés sur le devant de la scène mumblecore. Tellement estimés qui leur a été offert une place en compétition à Cannes cette année. S’ils sont repartis bredouille, il est important de dire que d’une part ce type de cinéma (américain) est rarement représenté dans la compétition officielle (Il a disons davantage sa place à la quinzaine) et d’autre part que Good time a bénéficié d’un appui considérable de la critique presse de goût.
Robert Pattinson, bien qu’étant connu pour sa prestation de vampire monolithique chez Twilight, s’est révélé avec le temps cinéphile érudit aux choix de plus en plus radicaux : D’abord en jouant chez Cronenberg (Cosmopolis et Maps to the stars) puis chez Herzog, Corbijn et plus récemment James Gray. Parait-il même qu’il sera au casting du prochain film de Claire Denis. Soyons clairs : C’est bien lui qui impulse le rythme cardiaque de Good time, c’est lui qui le rend frénétique et qui l’apaise. Il est extraordinaire. C’est moins le cas de la bande originale, grossière, outrancière – Oneohtrix Point Never est à mon avis le musicien le plus surestimé de sa génération.
Les références scorsesiennes qu’on lui a trop vite attribuées ne plaident pourtant en faveur du nouveau film des frères Safdie. De Taxi driver, il manque sans doute un peu de chair, d’After Hours on regrettera qu’il ne lui emprunte pas suffisamment sa folie. Quant à sa construction, étrange (comme à leur habitude) c’est aussi un parti pris qui peut s’avérer risqué : Le braquage initial, magnifiquement maladroit et foireux, est autant un sommet de suspense, d’angoisse et de promesses que la suite verra s’étirer cette descente aux enfers d’errants réprouvés, d’une langueur assumée, parsemée de mini coups de théâtre un peu cheap.
Sans rien te cacher, j’ai même piqué du nez un moment et je suis intimement persuadé que ça fait partie du « triomphe » du film que de vouloir happé son spectateur dans ce voyage nocturne arythmique, jusqu’à parvenir à le plonger ici dans un éprouvant trip hallucinogène, là dans une léthargie urbaine presque agréable. Ou peut-être étais-je simplement trop fatigué, je ne sais pas. Quoiqu’il en soit, j’ai apprécié le double état contradictoire dans lequel Good time m’a plongé. Et du coup je ne suis pas certain que je pourrais le revoir, mais pas pour les mêmes raisons que je pourrais difficilement revoir Mad love in New York.