Des gens qui embarrassent.
3.0 La grande histoire d’amour entre Claire Denis et moi a du plomb dans l’aile depuis dimanche dernier. A vrai dire je n’y croyais pas trop à ce Beau soleil intérieur, avec Binoche en figure de proue – Déjà, Huppert dévorait un peu trop le beau White material. Puis j’ai cessé de me méfier. Après tout, Claire Denis ne m’a jamais déçue. Certains de ses films m’ont marqué au fer (US go home, Beau travail, 35 rhums) et celui que j’aime le moins (S’en fout la mort) je l’aime déjà beaucoup.
Que s’est-il donc passé ? L’incompréhension totale. Soit il s’agit du syndrome Dumont Moi-aussi-je-suis-capable-de-changer-radicalement-de-registre-et-je-vous-emmerde soit c’est de la faute de Christine Angot, bouc émissaire idéal ces temps-ci – et donc co-scénariste avec Claire Denis d’Un beau soleil intérieur. Un peu des deux, probablement. Rien ne fonctionne à mes yeux. Le film semble crier de partout qu’il change la donne, en brisant chaque embryon de dialogues par des hésitations et/ou mots incompris, comme évaporés dans le néant, il semble aussi chier sur les classes aisées mais je n’y vois qu’un truc bourgeois, suffisant. Ce moment ridicule à la campagne, j’étais persuadé que Binoche allait leur gueuler dessus, sur ces intellos beaufs. Je le savais. Désolé mais j’avais parfois presque l’impression d’être devant un Danièle Thompson de luxe quoi.
Si j’aime le cinéma de Claire Denis c’est moins pour sa tendance à choisir un silence qu’un dialogue (Quand bien même, il faut reconnaître que ça fait du bien) que pour le jonglage si élégant, si subtil entre la parole, les regards, les déplacements. Il y a un flux sensuel dans son cinéma que je n’ai jamais retrouvé ailleurs. Un beau soleil intérieur détient aussi une respiration qui lui est propre – Mais comme on pourrait en dire autant de l’insupportable film de Xavier Dolan : Juste la fin du monde – pourtant rien ne respire Claire Denis là-dedans, tout paraît faux, fabriqué, jusque dans son dénouement, lumineux (j’imagine) si on a marché, laborieux si on attend depuis longtemps que ça se termine. Grosse, très grosse déception. J’espère qu’il s’agira seulement d’une parenthèse foirée comme lorsque Mouret a fait Une autre vie.
0 commentaire à “Un beau soleil intérieur – Claire Denis – 2017”