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Archives pour octobre 2017



Nikita – Luc Besson – 1990

21. Nikita - Luc Besson - 1990La fille inconnue.

   6.0   J’adorais ce film étant gamin, je ne l’avais pas vu depuis un bail. Evidemment Besson était déjà très subtil, son film est mal branlé, la plongée dans les services secrets fait un peu de la peine si on vient de mater Le bureau des légendes, mais ça passe car Besson s’en tape, ça se sent, lui il veut juste raconter ses petites histoires d’amour, souterraines ou affichées (Avec Tchéky Karyo d’abord, Jean-Hugues Anglade ensuite, puis Jean « Victor, nettoyeur » Reno, si si) et ça marche plutôt bien. Parillaud est excellente, dans un film de Besson – Ailleurs elle jouerait trop haut – et Anglade était vraiment un super acteur à l’époque. Et puis y a quelques scènes qui en jettent comme celle de la fenêtre murée. Bon ouai j’avoue j’aime toujours.

Lenny and the kids (Go Get Some Rosemary) – Josh & Benny Safdie – 2010

17. Lenny and the kids - Go Get Some Rosemary - Josh & Benny Safdie - 2010Love streams. 

   8.5   Avec son titre original bien plus mystérieux, beau autant qu’il est incompréhensible, qui semble accompagner sa véritable identité, ainsi que celle du personnage principal, le film des frères Safdie est un objet curieux, fauché et ô combien stimulant. Il capte un quotidien, des regards, des gestes singuliers qui accentuent toute la marginalité de cette petite famille modeste, littéralement habitée par ce père de famille complètement à la ramasse, durant les quinze jours de l’année où il peut passer du temps avec ses gosses.

     Lenny and the kids ne révolutionne pas le mouvement, se contentant de répéter un schéma instauré par la vague new-yorkaise underground, héritée de Cassavetes. Car il y a beaucoup de Faces dans ces dialogues bordéliques, ces blagues, ces virages inattendus, qu’on doit appréhender dans un lieu généralement clos. Les extérieurs se bornent aux ruelles et trottoirs, comme c’était déjà le cas dans The pleasure of being robbed. Et parfois, on ira un peu plus loin, vers le nord, lorsque Lenny embarque ses gamins pour une virée instinctive ou sur un lac pour voir un pote faire du ski nautique.

     C’est pourtant bien sur leur terrain de prédilection que les Safdie trouveront leur meilleures inspirations : lorsque Lenny écume les trottoirs de Brooklyn avec ses gosses en marchant sur les mains ou bien lorsqu’il se fait agressé par un type (campé par Abel Ferrara) tentant de refourguer des boites de Cd ; ou à la toute fin, magnifique moment suspendu, avec ce déménagement improvisé qui emporte nos personnages sur l’autre rive, vers un hors-champ inconnu, un nouveau voyage, en nous laissant-là sur le quai de cette station du téléphérique de Roosevelt Island, le même que prenait Raymond Depardon dans New York N.Y., film dans lequel il témoignait de son impuissance à tourner un film sur New York. Et si les Safdie l’avaient réalisé, ce film sur New York ?

     Lenny & the kids suit une logique à laquelle il ne déroge pas : il prend des directions que l’on ne soupçonne pas, il tâtonne, il crée des situations qu’il est difficile d’interpréter. On dirait une impro de jazz. Il faut tenter de comprendre ce personnage, aimer voir ce père essayer et tant pis s’il échoue. Il y a une part de rêve dans tout ça, celui d’un homme resté gamin, qui saisi chaque instant comme un nouveau jeu. Si Ronald Bronstein incarne le père de Ben & Josh il hérite aussi sans doute beaucoup des deux auteurs, tant il semble vivre comme eux filment depuis leurs débuts. Le film évite l’écueil misérabiliste du réalisme et s’il s’ancre dans le réel d’un New York loin des cartes postales, c’est pour s’aventurer sur les terres du rêve, rejouer les motifs de l’enfance.

     C’est à tel point qu’on ne sait parfois pas si le rêve n’entre pas dans le réel et vice-versa. Deux exemples géniaux : Le moustique géant et le déménagement impromptu. C’est peut-être du fantasme. Ou peut-être est-ce juste une mise en scène pour les gosses. On ne sait pas trop. D’autres séquences resteront mystérieuses à l’image de la salamandre dans les paquets de céréales ; durant cette scène, je suis du côté des enfants, je crois à la présence de cette salamandre. Il n’y a pas que des longues scènes comme celle-ci, il y a aussi des petits riens, comme ces céréales dans un vivarium improvisé, une marche sur les mains dans les rues new-yorkaise, une partie de squash un peu dingue, un peu de temps passé dans une cabine de projection.

     J’aime l’idée du type irresponsable, auquel on s’attachera plus qu’aux autres justement parce qu’il est irresponsable tout en essayant d’être responsable. La séquence où Lenny donne des sédatifs à ses enfants pour qu’ils ne se réveillent pas lorsqu’il est au travail, c’est magnifique. D’une part on est dans l’incompréhension totale, puis finalement il y a une légitimité dans sa volonté de les préserver d’une solitude au réveil. C’est juste qu’il le fait très maladroitement, enfin un peu plus que ça d’ailleurs. Mais surtout, les Safdie vont tout miser sur le réveil des enfants. Il n’y a pas de contrecoup, c’est un visage directement ensoleillé et un climat de joie qui règne à nouveau, j’en avais les larmes aux yeux. Pas tant parce qu’ils se réveillent (on s’en doutait bien, même si avouons qu’on a un peu tremblé) mais parce qu’il les retrouve. Et c’est beau, ça débarque-là sans prévenir, un peu comme les larmes du garçon dans John’s gone.

     Les Safdie y ont mis du cœur à l’ouvrage puisque Lenny & the kids (Titre français puisque le titre original c’est Go get some rosemary et le titre de sortie aux Etats-Unis c’est Daddy Longlegs, c’est dire combien le film semble insoluble) est en majorité autobiographique. Dans ces deux enfants à l’écran (Qui sont en fait ceux de Lee Ranaldo, de Sonic Youth, qui fait aussi une apparition) il y a beaucoup de Joshua & Benny Safdie. D’un point de vue personnel, le cinéma des Safdie me touche beaucoup, je m’y sens bien. Je n’ai pourtant pas eu cette enfance là, loin de là, mais c’est un cinéma que j’adore. C’est comme si la séquence finale d’Une femme sous influence – où l’on voit Peter Falk courir après ses gosses dans l’escalier de la maison, les remonter, après qu’ils soient redescendus, jusqu’à répéter ce moment à n’en plus finir – se retrouvait toute entière étirée dans Lenny and the kids. J’aime l’énergie que le film libère.

     Je ne m’attendais plus à voir le film se terminer sur ce plan de téléphérique. Pourtant je m’en souvenais, mais le film est si puissant qu’il te fait tout oublier. Sortie sublime, par ailleurs, qui laisse planer de nombreux doutes, qui n’auront eu de cesse d’exister pendant toute la durée du film. Je ne parle pas des enfants, mais ils sont époustouflants, dans leurs mimiques, leurs gestes. Ils sont désordonnés, plein de rage, de rire. Comme leur père. Et c’est dans tous ces impromptus que je vois du cinéma. Improvisé et d’une totale liberté.

The Acquaintances of a Lonely John – Ben Safdie – 2008

15. The Acquaintances of a Lonely John - Ben Safdie - 2008Pigeon voyageur.

   5.0   Première réalisation de Benny, frère de Josh, The acquaintances of a Lonely John se démarque par un ton résolument plus absurde et une image plus distinguée. Cela n’empêche évidemment pas l’auteur de travailler à la manière du frangin, dans son rapport aux rencontres, son attirance pour les récits minuscules et cette impression de faux reportage. La majorité du court métrage se déroule dans une station service : John (Et à l’instar du grand frère, Benny joue dans son propre film) vient voir un ami pompiste, blagueur nonchalant. Benny n’est pas Josh, il ne crierait pas sur les automobilistes récalcitrants comme ce dernier le fait dans The pleasure of being robbed, il n’aurait pas envoyé de petit mot par la fenêtre (The back of her head) ou il ne se donnerait pas en spectacle sur une aide de repos (We’re going to the zoo) il est au contraire hyper effacé, qui plus est face aux ploucs infects qui croisent son chemin. Sorte de Woody Allen, la parole en moins. C’est attachant mais ça ne va guère plus loin à mes yeux. J’ai l’impression que Josh & Benny se sont trouvés et envolés dès l’instant qu’ils ont travaillé ensemble. Hâte de revoir Lenny & the kids.

La demoiselle d’honneur – Claude Chabrol – 2004

26. La demoiselle d'honneur - Claude Chabrol - 2004La poison.

   4.0   Pas grand-chose à retenir de cet énième Chabrol mineur de fin de carrière, tant on a l’impression d’avoir déjà vu ça chez lui en mille fois mieux. La noirceur formatée de l’introduction est à peine rattrapée par le malaise Bernard Le Coq qui s’immisce à coup de statue de jardin dans le récit familial ni par son virage brusque lié à l’apparition de la vraie problématique du film, incarnée par une Laura Smet qui surjoue la dangereuse, apathique et mystérieuse. Et puis voir Magimel vampirisé par cet amour fou impénétrable (Pour ne pas dire détestable) difficile d’y croire. Il y a un certain savoir-faire, je dis pas, on sent que Chabrol excelle (ou a excellé) à construire sa mécanique de violence sourde dans une semi bourgeoisie cloisonnée sur elle-même, mais bon, on aimerait que ça se dévergonde, que ça se fissure de partout on aimerait voir plus qu’un bout de nichon et un cadavre en putréfaction derrière la porte. En l’état c’est vraiment trop lisse et propre pour éveiller davantage qu’un soupçon de curiosité.

Violette Nozière – Claude Chabrol – 1978

18. Violette Nozière - Claude Chabrol - 1978L’assassin habite chez ses parents.

   6.0   Bon film. J’aime surtout les instants « en famille » sans doute parce que Huppert, Audran et Carmet y sont parfaits. Le reste (Le scénario, le basculement, la procédure) me passionne moyennement comme souvent chez Chabrol, je trouve ça quand même un petit peu trop programmatique.

The Pleasure of Being Robbed – Joshua Safdie – 2008

14. The Pleasure of Being Robbed - Joshua Safdie - 2008Sauvage innocence.

   5.0   Une jeune femme ère dans New York, vole plein de trucs, une grappe de raisins, un sac de billets, un sac de chatons, rencontre une amie dont elle a oublié le prénom (Très belle ouverture, qui symbolise à elle seule le processus filmique désordonné et approximatif des Safdie) avant qu’elle ne tombe sur un gars (Josh, encore lui) qui va l’aider à démarrer une Volvo (pas la sienne, évidemment, celle qui va avec les clés qui sont dans le sac volé) et vadrouiller dans Brooklyn au ralenti (Puisqu’elle ne sait pas conduire) avant qu’elle ne se fasse plus tard gauler dans un parc pour enfants alors qu’elle fouillait le sac à main d’une maman, avant d’accompagner, menottes aux poignets, ses geôliers au zoo de Central Park. Dis comme ça c’est absolument n’importe quoi. Et c’est bien n’importe quoi. Sorte de non-sens plein de petits rebondissements, situations relayées par d’autres, disparitions de personnages, répétitions des larcins. Du Safdie pur jus, vrai film de gamin.

     Josh Safdie passe donc au long métrage, mais le résultat n’est qu’à moitié satisfaisant : On retrouve la fraicheur et l’impulsivité de ses courts mais 1h oblige, un déséquilibre flagrant se ressent d’une séquence à l’autre, qu’il soit question de son étirement (Soyons honnêtes, j’aime beaucoup la scène de la Volvo volée, mais je ne vois pas trop l’intérêt de la faire durer si longtemps, sinon du remplissage complaisant) ou de sa revendication marginale (L’impression que Josh Safdie dépose la marque Safdie à chaque plan ou idée : la glissade sur le trottoir gelé, le sable sur le toboggan, le faux ours, le lit poulie…) voire de son éthique douteuse, consistant à être persuadé qu’on va s’attacher à Eleonore malgré sa nonchalance, son inconscience et sa malveillance. Je veux bien passer sur plein de traits de caractère insupportables, qui peuvent rendre le personnage antipathique au premier abord, mais y a des trucs je peux pas : Le vol du sac contenant un chien et quatre chatons, qu’elle va relâcher dans sa cage d’escalier pour le premier, ou jeter en chœurs sur son lit pour les chats, je trouve ça nul, pas drôle et totalement gratuit. A partir de là (C’est le tout début) je ne pouvais plus m’attacher à cette héroïne solitaire. Le film débute à peine et je la déteste déjà, c’est con. Ce sont les hasards des diverses rencontres jarmuschiennes qui sauvent le film pour moi. Et cette façon « mumblecore » de filmer New York et chaque situation, évidemment, mais ce sera nettement plus beau dans le film suivant.

The Back of Her Head – Joshua Safdie – 2007

12. The Back of Her Head - Joshua Safdie - 2007Neck window.

   5.5   On change radicalement d’espace ici puisque l’horizontalité imposée par le road movie de We’re going to the zoo se transforme en verticalité imposée par un immeuble. Quatre étages, quatre fenêtres dans une rue déserte. J’adore le pitch qu’on fait du film donc je vous l’offre aussi : « Un doux rêveur un peu timide vit au-dessus d’un vieil homme d’origine indienne qui vit au-dessus d’un anglais caractériel qui vit au-dessus d’une fille prisonnière de son couple. Du haut de sa fenêtre, le jeune homme peut seulement voir la nuque de cette fille, mais c’est plus que suffisant pour tomber amoureux. » Ça pourrait être un film de Carax ou de Jarmusch ou de Kieslowski mais c’est Josh Safdie aux commandes, autre as de la bricole. Ce film-là est moins beau que le premier, peut-être est-ce dû au fait qu’il est plus prometteur sur le papier, je n’en sais rien, mais il y a là encore un désir de relier des solitudes, de faire éclore quelque chose avec rien, peut-être même une histoire d’amour qui aura démarré sur la vision d’une nuque.

We’re Going to the Zoo – Joshua Safdie – 2006

11. We're Going to the Zoo - Joshua Safdie - 2006L’auto-stoppeur.

   6.0   Les prémisses du cinéma des frères Safdie résumées en ces quinze minutes légères et prometteuses. Le premier plan s’ouvre d’ailleurs dans une forêt, une femme vient pisser entre deux arbres. Il y a déjà volonté de « pisser » sur le cinéma hollywoodien formaté. We’re going to the zoo est un road movie fauché, léger dans lequel une femme et son petit frère ont quelques heures de route pour aller au zoo et prennent en stop un drôle de type (Josh himself) allongé sur le bord de la route. Voyage minuscule en sa compagnie qui se soldera par des quatre cents coups tout aussi fauchés que le film : Jouer à faire le mort, s’empiffrer de chips en conduisant, rouleau de PQ déroulé par la vitre arrière de la bagnole, faux resto basket. Au bout du compte, le zoo est fermé, mais on a trouvé un compagnon de route. C’est peut-être cela (que j’avais déjà trouvé dans Lenny and the kids, le seul Safdie que j’avais vu à ce jour et lors de sa sortie) le propre du cinéma des new-yorkais : la lose magnifique ou bénéfique sitôt qu’on fasse des rencontres. Le film est d’ailleurs dédié « à tous ceux qui aimeraient prendre les gens en stop ».

Variations sur Marilou (Serge Gainsbourg, 1976)

22195354_10155123250172106_3683803542904618818_nRitournelle érotique.

     Si entre ses deux chefs d’œuvre indiscutables que sont Histoire de Melody Nelson et L’homme à la tête de chou, ma préférence change constamment (Tout dépend la musique que j’ai envie d’entendre et le texte dans lequel je veux me plonger), j’admets adorer écouter en boucle ces 7’39 de Variations sur Marilou, geste musical hallucinant et récit d’un songe désespéré bouleversant, auréolé d’une plume de poète, fine et retorse comme jamais entendue jusqu’alors, pas même chez Gainsbourg. Il faudra des dizaines d’écoutes pour en saisir la sève et les ramifications, les échos, l’érotisme et la puissance dramatique. Le sexe y est enveloppé d’effluves tabagiques et relents d’alcool, la débauche y convoque le rêve, l’orgasme solitaire et la jalousie. Le vice de Marilou y résonne avec les bulles de comic strip, le zip de ses Levis et les malices d’Alice de Lewis Caroll. Les volutes de sèche au Menthol nous embarquent vers son sexe corail écartant la corolle. Le regard absent et l’iris absinthe, les gestes qui se teintent d’extase sous-jacente, l’exil physique et cérébral, narcisse, délice, orifice, vice, calices. Plus qu’un morceau de bravoure, c’est une hymne, rock au sein d’un album éclectique, tour à tour pop, reggae, ambient, léger, tragique. Bref, un chef d’œuvre absolu.

En écoute ici :

https://www.youtube.com/watch?v=0XRL6S7qrx8

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