Two much.
3.5 Il y a une période durant laquelle j’allais voir les Ozon au cinéma, systématiquement. Ricky (2009), Le refuge (2010), Potiche (2010) et Dans la maison (2012). N’ayant aimé aucun de ces quatre films, j’avais abandonné l’idée d’aller voir Jeune & Jolie. A tort puisqu’en le rattrapant un an plus tard, le film m’avait autant impressionné qu’ému. Jamais Ozon ne m’avait semblé aussi subtil et introspectif. Dans un nouvel élan positif, j’allais voir Une nouvelle amie, qui sur un tout autre registre fonctionnait très bien, grâce en partie aux prestations d’Anais Demoustier et Romain Duris. J’ai volontairement raté Frantz (Franchement je le sentais pas bien) mais lors de mon rattrapage pour les Cesar, j’avais trouvé le film très réussi même s’il lui manquait un truc pour marquer durablement. Retrouver Marine Vacth au casting de L’amant double rendait confiant. Puis le film était sélectionné en compétition à Cannes. J’allais y aller mais la telle déferlante qu’il reçu sur le coin de la gueule m’en dissuada. Une fois de plus, je rattrape donc un Ozon quelques mois après sa sortie.
Et je suis partagé comme jamais je ne l’avais été devant un film d’Ozon. A la fois je ne suis pas loin de crier à l’alerte NAVET tant le film est d’une vulgarité oppressante, de son fondu « Bunuel ou Hitchcock du pauvre, tu choisiras » introductif vulve/œil à son inexorable épilogue explicatif, ainsi que dans sa gestion étrange des ellipses, son obsession à mettre des miroirs dans chaque plan et la durée express de chacune de ses séquences, continuellement coincées entre réalité glaciale et cauchemars sulfureux. A la fois je suis intrigué par la tentative, tant on a l’impression qu’Ozon expérimente sans cesse un nouveau terrain de jeu, ici celui (trop) évident du trip De Palmien aux relents de Cronenberg. L’amant double fait en effet souvent écho à Passion autant qu’il convoque Faux semblants avec cette affaire de gémellité maléfique. Reste qu’il ressemble malheureusement bien plus au raté de De Palma qu’au chef d’œuvre de Cronenberg. C’est proche du ratage absolu mais il y a un truc, une ambiance, ne serait-ce que via la musique de Philippe Rombi qui pourrait être cousine pas si éloignée de celle de Mica Levi. Dans ses incursions semi horrifiques, le film trouve une dynamique, souvent grotesque dans sa façon de redistribuer les cartes toutes les cinq minutes, mais stimulante sitôt prise par le prisme du thriller érotique du dimanche soir.