Cent mille dollars au soleil – Henri Verneuil – 1964

03. Cent mille dollars au soleil - Henri Verneuil - 1964« En somme, si je comprends bien, on serait plutôt des hommes d’affaires égarés dans le camionnage. »

   7.5   Il me faudrait revoir certains Verneuil évaporés dans ma mémoire, mais pour lesquels je garde un agréable (bien que maigre) souvenir : Le clan des Siciliens, Mélodies en sous-sol, Mille milliards de dollars. Je découvrais Cent mille dollars au soleil. J’ai enfin trouvé un Verneuil à la hauteur des attentes que j’avais placé en lui. J’ai marché entièrement, j’ai tout accepté, sa force et ses maladresses, sa générosité et ses lourdeurs. Dans son imposante filmographie, Cent mille dollars au soleil ressemble à s’y méprendre au film de celui qui s’est senti poussé des ailes, après les réussites (au box-office, notamment) d’Un singe en hiver et Mélodies en sous-sol. Dans chaque cas, c’est Michel Audiard aux manettes de dialogues porteurs, très « cinéma de papa » dont on ne pourra leur enlever qu’ils n’ont jamais si bien fonctionné sitôt interprétés par Belmondo ou Ventura. Cette écriture archi fabriquée va pourtant pleinement s’offrir dans ce Verneuil qui ne brille pas seulement pour ses dialogues et son interprétation mais surtout pour sa mise en scène, la construction de chaque séquence et sa multiplicité. Difficile en effet d’y voir seulement un film d’aventures, un polar ou une comédie. Il est un peu tout ça à la fois. Si l’on pense d’abord au Salaire de la peur, de Clouzot, ne serait-ce que dans sa longue introduction et la minutie du voyage, le filmage des camions, on constate que le drame chez Verneuil est évincé, son cinéma est moins ample puisqu’il s’intéresse aussi et surtout aux ressorts comiques et donc aux gags de situation. Mais avec une élégance inattendue et c’est là-dessus qu’il se révèle à mes yeux passionnant. La toute dernière scène ne symbolise que ça : Le lieu prend les contours de la tragédie mais le traitement flirte davantage avec la farce. Il y a du Leone, finalement, là-dedans et il n’est pas interdit de voir dans cette fin un léger clin d’œil aux duels mythiques des westerns spaghetti. Certes c’est très bavard, mais beaucoup moins gênant que dans Les tontons flingueurs, par exemple. Reste donc cette histoire de course-poursuite de camions dans le Maroc, agrémentée d’une marchandise mystérieuse, d’une ambiance virile et d’embûches diverses qui s’avère hyper divertissante, très drôle ici – notamment les apparitions sous forme de running gags à mourir de rire de Bernard Blier – et très beau plastiquement, dans sa façon de saisir la grandeur du paysage, de prendre en compte le cadre de l’action, la matière (C’est un film très sableux qui sent la sueur) et la sublime monstruosité de ces Berliet GLR. Toujours eu une fascination pour les camions au cinéma de toute façon et pour le coup il me semble que Verneuil s’en sort tout aussi dignement que Spielberg (Duel), Corneau (La menace), Friedkin (Sorcerer) ou Peckinpah (Le convoi) pour ne citer que des films qu’il a précédés.

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