Prisonnière du désert.
7.0 Un peu avant de rétrécir un homme – Ce qui avait inéluctablement pour but de grossir le décor et les animaux de ce décor – Jack Arnold se lançait dans le film de monstre tendance gigantisme animalier hérité de King-Kong et Godzilla et fut le précurseur d’un nouveau sous-genre : celui des films d’horreur avec des arachnides. La plupart des gens ayant peur (parfois panique) des araignées, quoi de plus logique que de faire un film d’horreur dans lequel le grand méchant serait une tarentule géante ?
Le film (qui ne dure pourtant qu’1h20 montre-en-main) souffre d’une mise en place laborieuse, trop dialoguée, trop explicative, mal rythmée essentiellement. Ajoutez à cela un couple de personnages (campés par John Agar & Mara Corday) pas vraiment enthousiasmants. Arnold devait être davantage occupé à jouer avec ses (magnifiques) trucages qu’autre chose ce qui est assez paradoxal tant Tarantula, qui a tout pour profiter des vertus du fantastique, se cantonne essentiellement dans une ambiance réaliste – Rien d’étonnant quand on sait qu’Arnold fut assistant chez Flaherty.
Je vous passe les détails d’un scénario prétexte mais en gros : Une tarentule de laboratoire s’échappe après qu’elle ait reçu une dose de nutriment la faisant grandir exponentiellement. Elle dévore d’abord le bétail, puis les humains. C’est donc une super série B qui fonctionne notamment dans sa deuxième moitié où l’arachnophobe devrait moins faire le malin. Ce qui est agréable, en tout cas, c’est de voir que la catastrophe ne nait pas d’une énième idée de savant fou mais au contraire de trois scientifiques utopiques qui souhaitent apporter une solution à la famine dans le monde.
A noter que les premières apparitions d’animaux (souris, lapins, cochons d’inde) plus gros que la normale, mais encore en cage, permettent au film d’ancrer la dimension fantastique dans le quotidien le plus domestique qui soit au même titre que l’utilisation de véritables araignées. Aussi, j’aime beaucoup cette idée de flaques géantes d’acides et ces tas d’ossements, plus terrifiants que les quelques apparitions de savants contaminés en semi état de chrysalide. Il manque sans doute à l’araignée et donc au film une certaine poésie, qu’Arnold aurait pu trouver dans ses déambulations solitaires et l’exécution militaire finale. L’esquisse a au moins l’originalité de construire un monstre malgré lui plutôt qu’un huit pattes sanguinaire.