Killer John.
6.5 On ne change rien à l’atmosphère du premier volet à ceci près qu’on ira encore plus loin dans le massacre, la chorégraphie des combats et la profusion de gunfights. A un degré d’abstraction fou. En fait, John Wick 2 s’ouvre quasi là où se ferme le premier volet, en nous balançant une bonne dose de bastons bien grasses sans qu’on ne comprenne quoi que ce soit de là où l’on se trouve, géographiquement et narrativement. Comme si le film se laissait le temps de chercher quoi inventer pour ne pas reproduire un schéma similaire au premier film, et que sa seule façon de nous faire patienter c’était de nous abreuver de ce qu’il fait de mieux : des os qui craquent, des corps projetés, de la tôle qui se froisse, des coups de feu, des coups tout court.
L’ouverture peut être vue comme un brouillon, beau mais sale – Dans un garage, la nuit, avec des personnages sans relief, boss « Stormare qui en fait des tonnes » compris – de l’incroyable séquence centrale – Dans les catacombes de Rome (Les mecs sont vraiment allé tourner là-bas) éclairées de projecteurs colorés pour une soirée concert dantesque, avec des adversaires puissants, charismatiques et des combats circulaires (Rarement vu aussi peu de plans sur des scènes de bastons / flingues) ahurissants. On n’a même pas besoin d’en redemander puisqu’on est copieusement servi comme jamais un film de cet acabit avait été en mesure de l’offrir.
La suite est un peu dévorée par le souvenir de cette séquence romaine, néanmoins le film arbore deux visages passionnants : la dimension méta, déjà, puisqu’il va jusqu’à faire se rencontrer Keanu Reeves et Lawrence Fishburne, il n’en faut pas plus pour ne pas penser illico à un parallèle Neo/Morpheus et c’est en effet dans ce moule que John Wick s’affirme : Une mythologie qui lui est propre avec des codes, une esthétique, une construction bien identifiée à la manière de Matrix (avec un soupçon de Ghost dog) il y a presque vingt ans.
L’autre visage dépend de cette affirmation hautement présomptueuse : John Wick c’est notre réel dans lequel on aurait injecté un sérum qui n’en ferait plus qu’un univers du crime. C’est une copie criminelle de notre monde, dans lequel chacun serait un tueur caché, sentinelle portant le masque de l’anonymat (clochard, flic, fonctionnaire…) avant d’être enclenché. Sublime séquence où le caïd fait une indécente mise à prix sur la tête de Wick, comme on le faisait dans les westerns, et où tous les téléphones portables se mettent en branle.
Surtout, je le répète, cette suite est habitée de quelques séquences savamment chorégraphiées, on a parlé de Rome, on pourrait tout aussi bien évoquer le musée ou le métro (dans une séquence qui évoque aussi un peu Collateral) où chaque scène d’action, en plus d’être étirée sur la durée, l’emporte par sa limpidité d’exécution.