2.01
20/10/17
Presque trois mois sans voir un épisode de Mad Men. Dingue ce que ça m’avait manqué. On repart sur des bases tout aussi solides narrativement, élégantes dans chacune des interactions entre les personnages et sublimes d’un point de vue plastique. J’appuie sur ce dernier point car je viens seulement de rattraper et finir la série 11.22.63 tirée du bouquin de Stephen King et outre sa bonne tenue sitôt prise dans le divertissement pur, c’est fou ce que ça peut être fade et bâclé, notamment du point de vue de la reconstitution. Quelques plans d’un épisode de Mad Men suffisent à faire croire qu’on est plongé dans les sixtees. Dans 11.22.63 il faut se battre pour y croire.
Quoiqu’il en soit, cette ouverture de saison, relativement sobre, comble nos attentes sur de nombreux points. Tout d’abord puisqu’elle se joue du medium pour balancer une ellipse conséquente : plus d’un a passé depuis les derniers évènements de la saison de lancement. Trois marqueurs temporels, discrets, vont nous le dire : On apprend d’une part, selon les dires de Pete que Peggy Olson s’est arrêté cinq mois pour sa grossesse avant de reprendre son poste. On apprend d’autre part qu’il s’agit d’un jour spécial puisque c’est celui de la Saint Valentin et la télévision diffusera, le soir-même, le documentaire White House Tour, avec Jackie Kennedy. Nous sommes donc le 14 février 1962.
Pour le reste, Betty va croiser une ancienne amie et colocataire, devenue call-girl, qui l’abordera sous son nom de jeune fille, comme l’homme mystérieux abordait Don en l’appelant Dick dans l’un des premiers épisodes de la saison 1. J’aime ce genre de boucle / clin d’œil, qui à la fois réunit les personnages autant que ça les éloigne – Leur relation en ce début de deuxième saison ne ressemble à priori en rien à ce qu’elle était ; On sent qu’une année s’est écoulée. Quant à Don, il est très troublé par un bouquin de Frank O’Hara, Meditations in an emergency. Où ça mènera ? Je ne sais pas.
2.02
27/10/17
On repart dans une spirale de déprime absolue mais de déprime douce, endolorie, jamais placardée ou appuyée, avec cet épisode magistral et bouleversant, qui s’ouvre sur une fête mondaine (le soir) avant l’annonce du crash d’un vol American Airlines (le matin) dans la Jamaica Bay. Chacun a beau y balancer sa petite vanne, l’événement aura ses répercussions, directes dans la mesure où Pete apprend bientôt que son père était dans l’avion, indirects d’un point de vue marketing puisque les partenaires de Sterling Cooper souhaitent brutalement s’intéresser à la compagnie aérienne touchée et leur fournir de quoi rebondir ce qui a pour incidence de se séparer de la Mohawk Airlines, contrat pour lequel Don s’était investi.
Et puis l’épisode ouvre clairement la voie à une critique sur le racisme ambiant sévissant dans les années 60. La première réplique de l’épisode revient d’ailleurs à Trudy, la femme de Pete : « I have no problem with Negroes, I’m just worried about the car ». Que l’on revienne à de nombreuses reprises sur ce que chacun pense de l’amoureuse (noire) de Kinsey (le barbu) entretient cette atmosphère de racisme ordinaire. Et continue d’éloigner les couples autant que les relations entre collègues sitôt qu’ils n’entrent pas dans un cadre bon enfant ou strictement professionnel. Quand Pete, choqué par l’annonce du décès de son père, vient dans le bureau de Don pour lui parler, Don le renvoie chez lui, ici ou prétexte que ce n’est pas le moment, là.
Quant à Peggy les deux séquences qui lui sont véritablement attribuées (On la voit aussi draguer dans la soirée, se réveiller avec sa robe rouge de la veille) et qui la concerne elle et son bébé, sont très émouvantes : Ici chez sa mère qui vraisemblablement l’élève avec les enfants de sa sœur et ne manque pas de constamment le rappeler à Peggy ainsi que son refus catholique – Ce moment où elle lui demande si elle ne veut pas dire au revoir à sa fille, mon dieu. Puis plus tard, dans l’Eglise. La mère catho : Ça semble définir tout ce que Peggy ne veut pas être.
2.03
08/11/17
Je vais à mon rythme pour cette saison, un tout petit rythme, ce qui ne m’empêche guère de prendre un plaisir fou – En parallèle je découvre la première saison de Mr Robot et purée ce que je m’y emmerde. Bref, c’est une fois encore un épisode magnifique, je serais tenté de dire crucial mais à ce petit jeu ils le sont tous, cruciaux. Il y a deux choses importantes, ici.
La première c’est qu’on s’intéresse enfin à Harry Crane, qui lorsqu’il découvre par mégarde que l’un de ses collègues touche une paie largement supérieure à la sienne, tente un coup de poker en proposant au patron d’une chaîne un show télé présentant le procès d’une femme à cause de son avortement, show qui ne trouve aucun sponsor. L’ironie de la situation, qui l’empêche d’en parler à sa femme : Ils sont sur le point d’avoir un bébé. C’est aussi cela Mad Men, une audace folle même dans une storyline qui semble à priori très anodine. J’aime beaucoup ce personnage d’ailleurs.
La seconde tourne autour d’un comique, Jimmy Barrett, interprétant une publicité pour des chips appartenant à un couple de milliardaire. Sterling Cooper assure la communication, évidemment. Un incident (le type titille la mécène sur son imposant poids) perturbe la collaboration globale et Don va se charger de lancer l’idée d’un dîner de réconciliation au cours duquel le comique (joué par le formidable Patrick Fischler, l’homme qui raconte son cauchemar dans Mulholland drive) devra présenter sers plates excuses. Scénario prétexte pour une fois de plus se pencher sur la dislocation Betty/Don.
Elle se fait ouvertement draguer pendant un cours de cheval mais garde son sang-froid. Sang-froid dont nous ne sommes dupes. Betty manque cruellement d’affection et elle se met à rêver lorsque Don lui propose de l’inviter au Lutèce (un restaurant côté) avant de déchanter lorsqu’il lui apprend que c’est pour le business, qu’elle devra y charmer un client, le fameux Jimmy Barrett. Et Don, lui, s’embarque dans un jeu dangereux de séduction avec la femme de son client. Que l’épisode se clôt sur les larmes (de joie) de Betty, avouant être ravie d’avoir contribué à la réussite du dîner en formant une équipe de choc avec son mari, rend l’atmosphère infiniment triste.
2.04 & 2.05
17/11/17
Les flashbacks sont rares dans Mad Men. Il y en deux, relativement brefs durant l’épisode 5 et ils concernent tous deux Peggy, sur son lit d’hôpital, apprenant (bien qu’on la sente plutôt dans le déni) d’abord qu’elle vient d’accoucher, puis assistée de Don qui lui rend visite et trouve les bons mots (un poil menaçants cela dit, non ?) pour lui faire oublier cette épreuve. Ce retour dans le passé (On ne savait évidemment rien de cette visite de Don, Mad Men a cette élégance de ne pas ressasser) n’arrive pas là gratuitement, il permet d’entrer en écho avec l’évènement principal de cet épisode : L’accident de voiture de Don et Bonnie (La femme de l’humoriste avec laquelle Draper continue de flirter) plus ou moins gorgés d’alcool – avant lequel Don lui avoue adorer les films, annonce sur laquelle elle rebondit : Spartacus ? La notte, lâche-t-il. Bim. Antonioni.
Pour ne pas rester en dégrisement, Don, qui n’a pas suffisamment de cash sur lui pour payer sa caution, doit appeler quelqu’un. On pense d’abord que ce sera Rachel Menken, désormais mariée, qu’il croise dans le bar juste avant l’accident. On ne l’imagine évidemment pas demandé de l’aide auprès de sa femme. Ce sera donc Peggy. Dévouée Peggy qui donne ses 110$ (qu’elle ne manquera tout de même pas de lui réclamer plus tard « I guess when you try to forget something, you have to forget everything. »lui dira-t-il alors), propose à Bonnie de l’héberger et promet à Don de garder ce secret pour elle, comme probablement, il avait gardé le sien. C’est très beau cette histoire de secrets mutuels mais c’est un peu brinquebalant il me semble, Peggy & Don naviguant dans deux réalités complètement différentes.
Deux épisodes très complémentaires, puisque dans le premier Surtout on s’intéresse essentiellement à Peggy, son semi-flirt avec un paroissien écarté par sa mégère jalouse de sœur qui révèle ses secrets de grossesse indésirable ; à Pete et les divergences refoulées qu’ils entretiennent sa femme et lui à propos de concevoir un enfant (ça permet de voir d’ailleurs combien Pete est faible sitôt inquiet (ses révélations archi spontanées à un médecin qu’il connait à peine) et complètement immature dès qu’il se trouve en position de force (Quand il reçoit les tests de sa fertilité et fanfaronne de façon égoïste devant sa femme qui réalise amèrement que le problème vient sans doute d’elle). Mais c’est bien chez les Draper qu’on trouvera une fois de plus les plus beaux instants.
Cet épisode qui se focalise sur trois dimanches qui se suivent, a la particularité, pour le dimanche des Rameaux, qu’il sera travaillé, chez Sterling Cooper, qui reçoit (mais en fait non) les relous d’American Airlines. Ce qui fou bien la merde chez les Draper. Notamment dans le déséquilibre inexorable de l’éducation de leurs enfants, qui sont pas faciles aussi : Ils débarquent dans la chambre pendant que leurs parents font le hum-hum du dimanche matin, Bobby pète le tourne-disque puis se brule sur la crêpière. Et Don reste passif au grand dam de Betty qui comprend bientôt, via une confidence non souhaitée que son mari n’a pas eu une enfance cool sous les coups de son père. L’épisode se clôt dans un double moment de violence (Don balance un verre contre le mur puis bouscule Betty) suivi d’un moment déchirant entre un père et son fils.
2.06
21/11/17
Pas en super forme, le Don Draper. Ce qui est le plus terrible c’est de le voir à ce point perdu, honteux, blasé, mauvais, au fond du trou, sans trop savoir ce qui, véritablement, le plongé dans une telle crise existentielle. Ici devant un défilé de bikinis, là dans sa salle de bain, il a ce regard lointain, absent, indiscernable. Il est ébranlé par cette discussion avec un client qui lui annonce qu’il a construit chez lui un abri antiatomique, il est furieux en voyant Betty s’exhiber dans un maillot jaune (qui m’a fait bavé) avant de filer à la piscine, il est outré par les révélations de Bonnie sur sa réputation d’homme à femmes.
Il me fait peur ce personnage, en fin de compte. Là où les autres nous rassurent, dans leur beauté ou bonté comme dans leur médiocrité ou vulgarité, Don, lui, dégage une aura dont la fascination qu’elle exhale n’a d’égal la crainte imminente de l’autodestruction. C’est très perturbant, à peu près tout le temps, mais plus encore lors de cet épisode où Don semble vouloir exister puis disparaître l’instant suivant, aimer Betty puis vouloir Bonnie Barrett, regarder ses enfants avec la passion d’un père aimant puis les rejeter violemment dans la foulée, être convaincu par une idée publicitaire « Jackie by day / Marilyn by night » puis s’en détacher soudainement.
A part ça c’est un épisode où les femmes prennent clairement le pouvoir. L’affaire du bikini Playtex pour une campagne publicitaire, n’est qu’une métaphore de cette marche féminine que vont se relayer tour à tour Joan, Betty et Peggy, jusque dans une superbe séquence finale, durant laquelle la jeune Olson qui vient enfin d’intégrer le groupe commercial, essentiellement masculin, en se glissant à leurs côtés dans un club de streap tease, échange des regards très mystérieux avec Pete, très sexuels surtout.
2.07
24/11/17
Voici sans nul doute mon épisode préféré de cette saison, jusqu’à maintenant, du reste. Véritable déflagration, à tous les niveaux. Chez les Draper, déjà, puisque lorsque Don est sur le point de se payer une Cadillac dernier cri, un flashback nous offre brièvement quelques images de ce qu’il était entre la guerre et aujourd’hui : un modeste vendeur chez un concessionnaire. Voir Don en costume dépareillé fait un peu mal aux yeux. C’était tout aussi passionnant du côté de Jane, la nouvelle (Je l’adore déjà) qui lance d’emblée une mini-rébellion en tenant tête à Joan et en se mettant Roger dans la poche, ainsi que dans le coup de foudre de Sal pour Ken Cosgrove et cette histoire de Violon d’or, qui rappelle vite fait Harry un ami qui vous veut du bien, à la différence qu’ici on ne projette ni folie ni peur mais un désir palpable. Et c’est là que Mad Men est une série intelligente : La femme de Sal, qui aurait été sacrifié du récit ailleurs, ressent tout cela, comprend les regards de son mari pour le jeune écrivain, sa façon de lui tendre son briquet. C’est bouleversant. Qui plus est dans un monde aussi codé et macho que Sterling Cooper dans les années 60.
Mais je suis surtout séduit d’un point de vue plastique, rarement vu un équilibre aussi parfait. Mad Men est souvent irréprochable là-dessus mais là on a la sensation qu’un cap est encore franchi, dans sa façon de mettre en scène le jour et la nuit, l’intérieur et l’extérieur, d’embellir et de salir, à l’image de cette séquence parenthèse, en apparence anodine, qui voit la famille Draper au repos dans un parc sur une couverture de pique-nique. Tout respire la douce évasion, Don allant jusqu’à s’offusquer de voir sa fille préférer jouer aux dames plutôt que de regarder les nuages. Son fils, lui, n’a qu’une envie c’est de pisser contre un arbre. Et Don s’assure que les mains sont propres avant de remonter dans la nouvelle voiture, un bijou de Cadillac bleue ciel que seuls les golden boy peuvent se payer. Au moment de décoller, il jette sa canette de bière comme un lanceur sa balle de baseball, pendant que Betty secoue la nappe de déchets, avant de s’arracher. Ça sent la pisse et la crasse malgré la beauté solaire d’un tableau de Renoir. Et ça annonce clairement la séquence finale de l’épisode, avec les accusations violentes de Jimmy Barrett – Alors que tout respirait encore le flirt insouciant – qui s’élève contre ceux (Bonnie & Don) qui les empêchent de vivre, Betty et lui. Fallait bien que ça se termine sur un vomi. Et peu avant c’est le regard de Don qui glace le sang, lorsque Jimmy lui demande d’aller baiser sa femme et pas celle des autres, ce même regard ou presque que celui qu’il arbore face à cette femme, dans le flashback, qui reconnait Don mais pas son nom. Hâte que la série creuse tout ça.
2.08
12/12/17
Il suffit d’observer l’intégralité de mes choix de photogrammes pour constater que Betty revient souvent. C’est de très loin le personnage qui me touche le plus dans Mad Men et ce n’est pas nouveau, ça dure depuis les premiers épisodes de la saison 1. Je pense que January Jones y est pour beaucoup. Il faut savoir le jouer, le rôle de cette femme pour qui chaque jour semble d’abord être une possibilité d’épanouissement supplémentaire, dans le petit territoire familial qu’elle s’est concoctée, avant qu’un gouffre de solitude, déceptions, mensonges, humiliations ne finissent par s’ouvrir sous ses pieds. Si cet épisode s’intéresse aussi beaucoup à Peggy Olson et Harry Crane, c’est avant tout un défilé Betty Draper. Pas pour me déplaire. A ce titre, si vestimentairement parlant, on savait que tout lui convenait : cette robe à pois jaunes, verts, bleus, dedieu !
Elle est sur son cheval au galop quand l’épisode s’ouvre, ce n’est pas pour rien. Elle transpire un peu, donc. Et quand il se termine, elle vient de prendre une douche – comme pour se laver de la honte qui la gagne – et c’est les cheveux mouillés qu’elle lance sa rébellion. Entre temps, il lui faudra vider le dressing, briser une chaise, se murger, dormir seule et porter cette robe à pois vingt-quatre heures durant, comme le symbole de rupture : Tirée à quatre épingles lors de la réception, elle est comme toute chiffonnée dedans le lendemain. Rébellion qu’elle avait déjà bien amorcée sur deux accès de colère qui ne lui sont pas coutumiers : Son indignation suite à l’humiliation ressentie durant le grand diner d’invitation (l’impression d’être un rat de laboratoire, quand elle est démasquée en ménagère parfaite qui présente le panier de Heineken comme les cadres de chez Sterling Cooper l’ont fait plus tôt de leur côté, en guise d’imitation) puis ses accusations de tromperies envers un Don impassible. Pour combien de temps ? Difficile à estimer, tant on sent Betty très loin de lâcher le morceau. Le ver est dans le fruit. Et Betty, elle, est toujours aussi sublime, ravissante, bouleversante. Espérons qu’elle ait le courage d’aller plus loin, de briser ces secrets et ce sentiment d’humiliation qui la gagne chaque jour davantage.
2.09
14/12/17
Episode de l’effondrement. Et d’emblée puisque Don s’éveille dans sa chambre de l’hôtel Roosevelt, sort en caleçon sur le palier pour attraper le journal du jour. Marilyn est morte. Au bureau, si les femmes sont pour la plupart anéanties, Jane et Joan comprises, Freddie, lui, signe « son arrêt de mort » en se pissant dessus, complètement bourré, juste avant de tenir une présentation lors d’une réunion commerciale. Les moments qu’il passera ensuite en compagnie de Roger & Don à boire des coups dans un casino souterrain en guise d’adieu, sont très beaux, très émouvants. C’est pourtant autre chose qui se joue bientôt : Don finit par se confier à Roger sur ses dérives conjugales et leur discussion existentielle provoque un nouveau tremblement de terre : Le lendemain, Mona débarque dans le bureau de Don, à feu et à sang. Roger l’a évincé. Pour Jane. Je ne l’ai pas vu venir, celle-là. Le show s’amuse du vaudeville en lui redonnant ses lettres de noblesse. Vaudeville cruel, quand même.
2.10 & 2.11
27/12/17
Deux épisodes passionnants à mettre en corrélation, tant ils sont opposés par leur déroulement, dans ce qu’ils charrient l’un l’autre, voire même dans ce qu’ils font chacun du personnage de Don Draper. Pire, je me demande si le 10 n’est pas l’épisode que j’aime le moins de cette saison et le 11 celui que je préfère.
Dans l’un, Don se retrouve « coincé » chez ses beaux-parents (le père de Betty ayant été victime d’une attaque, apparemment sans gravité bien que son comportement s’avère vraiment inquiétant) en acceptant l’appel à l’aide de Betty. On se doute qu’il va tenter de rafistoler son couple là-dessus. Ailleurs, on se serait servi de ce tremplin pour rabibocher des amoureux éloignés. Dans Mad Men, c’est beaucoup plus compliqué que ça. D’autant que Betty en a décidé autrement.
Dans l’autre, Don se laisse comme d’hab guider par son instinct quand lors d’un voyage professionnel en Californie, il se laisse séduire par une jeune nomade (nommée Joy, oui, Joy) qui va tout le chambouler : Il fera un malaise suite à coup de chaud, d’une part, avant de plus tard passer un mystérieux coup de fil au cours duquel il se présentera sous le nom de Dick Whitman. Qui appelle-t-il ? De toute façon, on est arrivé à un stade où on le verrait tout quitter que ça n’étonnerait même plus. Donc il peut bien appeler n’importe qui, on est prêt à tout entendre.
Ce qui est très beau, c’est la double résonnance de ce bouleversement, avec Roger d’une part, puisque la déviation de Don évoque aussi celle de son ami avec la jeune et jolie Jane. Avec Peggy ensuite car en parallèle de ce brutal changement, Peggy change aussi, de coiffure (Elle est clairement Jackie lorsqu’on la voie devant les déclarations de Kennedy sur la conquête spatiale) et sort avec un garçon homosexuel pour aller voir Bob Dylan. Ils ont toujours été relié ces deux-là (Peggy et Don) j’aime beaucoup cette trajectoire commune que la série leur offre sans pour autant les faire résonner concrètement.
2.12 & 2.13
30/12/17
Immense et riche fin de saison.
On sait dorénavant que la personne au téléphone avec Don (fin épisode 11) c’est Anna Draper. La veuve du vrai Don Draper. Je l’ai pas vu venir non plus, celle-là. On apprend que (notre) Don subvient à nombreux de ses besoins, en plus d’entretenir une vraie relation de confidence avec elle. Un discret flashback relie leur rencontre et son retour. C’est très beau. Pendant ce temps, la fusion de Sterling Cooper avec une agence anglaise, mise en branle par Duck (Mark Moses, que je ne supportais déjà pas dans Desperate Housewives, a ici hérité d’un rôle encore anti-glamour, opportuniste, alcoolique, un peu monstrueux aussi, à vérifier avec le temps) est lancée. De son côté, Pete perd un gros client, que son beau-père lui retire quand il apprend que le jeune homme souhaite adopter. Quant à Peggy, elle hérite du bureau de Freddie Rumsen. Et Joan, elle, clairement en retrait dans cette saison, se fait salement violer par son petit ami, qui avait tout du prince charmant et qui s’avère être un gros dégueulasse. Le regard de Christina Hendricks, à cet instant, est effrayant.
L’épisode final sera un feu d’artifice. On est en Octobre 1962. Les Etats-Unis entrent dans une période difficile, c’est la fameuse crise des missiles de Cuba. La panique générale contamine l’agence et les foyers. La peur du nucléaire crée une autre apocalypse. Betty apprend qu’elle est enceinte et « fête » cette nouvelle en passant la nuit avec un inconnu. Plus qu’une vengeance sexuelle, on ressent cette action comme le degré d’indépendance qui lui manquait, pour accepter de faire revenir Don ? Pete, lui, déclare sa flamme à Peggy mais prend une sacrée veste lorsqu’elle lui avoue avoir eu un enfant de lui, avant de lui balancer frontalement qu’elle n’aurait eu aucun mal à ce qu’ils se marient si elle l’avait voulu. Bim. Quant à Don, il ne veut plus travailler chez Sterling Cooper avec Duck Philipps comme président. Bim, again. De toute façon c’était un autre Don, durant cet épisode final. La double escapade californienne / Anna Draper semble l’avoir adouci spirituellement – l’épisode précédent se fermait d’ailleurs sur une baignade un poil trop symbolique. Il est cool avec Pete. Il écrit à Betty. Il envoie bouler Duck. Me plait bien, ce nouveau Don Draper. C’est d’ailleurs quand on le découvre en train de se retrouver lui-même que Betty s’abandonne dans les bras d’un autre. Les créateurs de Mad Men ont vraiment une totale confiance en ce qu’ils sont en train de bâtir, ailleurs on aurait vu ce virage comme misogyne. Là c’est à peu près tout le contraire : Et s’il fallait tout détruire pour reconstruire ?