Publié 10 janvier 2018
dans Mario Bava
Le masque de la vengeance.
7.0 Une femme pousse des cris tonitruants. Elle se réfugie dans la villa de la baronne où comme poussée par une force invisible elle se jette d’une fenêtre et s’empale sur une grille. On entend alors un curieux ricanement d’enfant, à la fois doux et machiavélique, mais on ne voit rien. La caméra se met à tourbillonner dans un village morbide, qui n’est qu’un amas de ruines. Voici une ouverture qui en jette et qui, comme souvent chez cet homme d’images qu’est Bava, est une merveille plastique, un dédale gothique, plein de couleurs, fait de ruelles que tu ne voudrais surtout pas traverser, et de recoins de malédiction. Le village semble dévoré par la végétation et la brume, et cette histoire de malédiction qui le frappe jusqu’à rendre ses habitants mutiques et cloisonnés dans des superstitions morbides, tire sa force d’une tragédie provenant d’une fille de sept ans, morte dans la villa vingt ans plus tôt, revenue hantée le village tout entier qui ne lui avait pas porté secours. Haut fait du cinéma de Bava à mes yeux, non loin de sa plus grande réussite qu’est Le masque du démon, auquel on pense beaucoup tant par son ambiance gothique que dans sa dimension plastique d’orfèvre, car tous les plans, notamment dans les intérieurs, sont magistralement composés.
Publié 10 janvier 2018
dans Mario Bava
L’envieux passager.
5.5 Voici donc l’ancêtre d’Alien. J’en sais rien en fait, mais j’y ai beaucoup pensé. Ne serait-ce que dans le pitch : « Au cours d’une mission d’exploration, deux vaisseaux spatiaux atterrissent sur une planète inconnue et sont décimés par un mal mystérieux caché dans la brume. Seuls quelques-uns des astronautes parviennent à y échapper et découvrent bientôt qu’une entité extraterrestre prend possession des morts dans le but de fuir sa planète en péril ». Quelques idées semblent aussi avoir inspiré Alien notamment via la découverte de cette immense carcasse extraterrestre (Le grand moment du film, impressionnant, poétique) ou via le vaisseau qui ressemble fortement au Nostromo. Alien aussi dans son côté huis clos, uniquement guidé par des trouvailles visuelles et une lourde ambiance sonore. La (grosse) différence c’est que Bava pond ça avec rien et qu’il est difficile d’être happé dans le vertige, tourmenté par l’angoisse, contrairement à ce que génèrera Ridley Scott, quinze ans plus tard. La comparaison s’arrête donc là, le film est brillant visuellement avec le peu de ce qu’il a sous la main : C’est à la fois très coloré, très imaginatif (un vrai ballet de lumières vives) dans les extérieurs gothiques comme dans ces morbides intérieurs de vaisseaux. Mais aussi trop kitch, trop cheap, pas suffisamment radical, à l’image de ces combinaisons un peu ridicules et de ces dialogues franchement trop imposants et explicatifs.
Publié 10 janvier 2018
dans Mario Bava
Opération délire.
6.0 Adaptée d’une bande dessinée italienne, Diabolik a tout du nanar de luxe idéal, conscient qu’il est un nanar et complètement décomplexé quant à ses libertés visuelles. En somme, c’est un peu l’anti-épisode de James Bond. Foutraque, car le scénario, l’histoire, la vraisemblance, l’issue, tout ça on s’en tape. Interprété n’importe comment car les acteurs on s’en tape aussi, du moment qu’ils cabotinent, dans l’excès comme dans l’apathie. Mais esthétiquement délirant sans jamais pourtant se perdre dans un kitch insupportable. Diabolik c’est aussi grotesque que sublime, sorte d’ancêtre d’Austin Powers et de Fantômas. Il n’est donc pas gênant d’y voir Michel Piccoli en inspecteur d’une seule obsession : Coincer l’audacieux voleur masqué (d’une cagoule noire à se tordre) qui lui file chaque fois entre les doigts. On va dire que Diabolik c’est ce qui pouvait arriver de plus incongru et jubilatoire d’une collaboration Bava / De Laurentiis / Morricone. Ça reste hyper gratiné, hein, il faut choisir le moment propice pour se le coltiner.