Le masque de la vengeance.
7.0 Une femme pousse des cris tonitruants. Elle se réfugie dans la villa de la baronne où comme poussée par une force invisible elle se jette d’une fenêtre et s’empale sur une grille. On entend alors un curieux ricanement d’enfant, à la fois doux et machiavélique, mais on ne voit rien. La caméra se met à tourbillonner dans un village morbide, qui n’est qu’un amas de ruines. Voici une ouverture qui en jette et qui, comme souvent chez cet homme d’images qu’est Bava, est une merveille plastique, un dédale gothique, plein de couleurs, fait de ruelles que tu ne voudrais surtout pas traverser, et de recoins de malédiction. Le village semble dévoré par la végétation et la brume, et cette histoire de malédiction qui le frappe jusqu’à rendre ses habitants mutiques et cloisonnés dans des superstitions morbides, tire sa force d’une tragédie provenant d’une fille de sept ans, morte dans la villa vingt ans plus tôt, revenue hantée le village tout entier qui ne lui avait pas porté secours. Haut fait du cinéma de Bava à mes yeux, non loin de sa plus grande réussite qu’est Le masque du démon, auquel on pense beaucoup tant par son ambiance gothique que dans sa dimension plastique d’orfèvre, car tous les plans, notamment dans les intérieurs, sont magistralement composés.
Belle correspondance d’images entre le photogramme choisi ici sur ce film et le précédent publié sur un autre Bava. J’ai aussi plutôt bien apprécié cette opération, particulièrement pour les labyrinthes dessinés par l’intrigue.
Oui, on peut quasi faire correspondre les trois photogrammes des 3 Bava en question (Opération peur, La planète des vampires, Diabolik) même si c’est à priori moins évident pour ce dernier. Il y a de l’image, quoiqu’il en soit. Et si l’intrigue est souvent secondaire chez Bava, Opération peur libère, lui, de belles trouées.