Retour vers le lointain futur.
6.0 J’aime l’idée que la machine en question ressemble à la fois à un phonographe, aux voitures des manèges de fêtes foraines et au traîneau du père noël. Le film rejoue l’histoire du cinéma, quelque part, en replaçant son présent à l’aube du XXe siècle, autant qu’il est un objet festif, un cadeau pour le spectateur croyant encore à la magie. Si on accepte son esthétique kitchissime, aussi bien dans la maison de l’inventeur en 1899 que dans le faux paradis en 802701, son découpage répétitif dans la machine, le film libère aussi une trouée passionnante dès l’instant que son personnage se retrouve dans le futur proche face aux guerres mondiales puis affrontant en 1966 (Le film sort en 1960, il s’agit donc d’un futur très proche, racontant très distinctement la peur générée par la guerre froide) une guerre nucléaire réduisant le monde en roche compacte, laquelle il faudra attendre des millénaires avant qu’elle ne s’érode et retrouver les restes de l’humanité séparées en deux espèces : Ceux qui ont vécu en souterrain, les Morlocks qui entretiennent ceux qui ont choisi la lumière, les Elois. Evidemment, cette issue se trouvait sans doute déjà dans le livre d’HG Wells, que George Pal adapte, mais il le fait avec les honneurs, trouve le juste équilibre. C’est passionnant. Et les traversées temporelles sont plutôt bien fichues pour l’époque, notamment la séquence de l’érosion accélérée. Et puis le « message » est noble puisque le personnage choisit de retourner définitivement dans le futur pas seulement pour retrouver sa bien-aimée mais pour y transmettre les vestiges culturels – Il emporte avec lui trois livres – disparus avec la guerre nucléaire. Car c’est avec les livres qu’on fonde les civilisations.