Folies diverses.
7.0 Urgences a ceci de terrible qu’il brosse le portrait affreusement réaliste d’une humanité qui sombre dans une infinité de folies. Huit ans après avoir filmé la folie dans le quotidien d’un asile (San Clemente) Depardon la filme autrement ici, de façon plus directe, instinctive, spontanée, au sein des urgences psychiatriques de l’hôtel Dieu à Paris. Ici un conducteur de bus est en plein burn-out. Un vieil homme a manqué son suicide et se dit atteint d’une maladie morale. Là une ménagère rejette soudain son statut, on pense à une Jeanne Dielman qui aurait comme rendu public son malaise plutôt que de s’évaporer dans sa solitude. Depardon, surtout, ne joue sur aucun ornement. Un moment, une femme raconte avoir été violé dans son enfance ce qui explique probablement ses difficultés avec son propre enfant. Et on entend alors hors champ un enfant pleurer. Depardon raconte dans une interview qu’un enfant a vraiment pleuré à côté tandis que ça n’arrive pourtant quasi jamais dans les urgences psychiatriques. Les images sont brutes, étirées ou brèves. Lorsqu’il s’attarde sur une porte c’est pour mieux la traverser et observer ce qui se passe à l’intérieur de la pièce qu’elle referme. S’il s’attarde sur un patient c’est pour y voir plus que la façade qu’il offre au premier abord et tenter de percer sa folie. C’est âpre mais puissant.
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