Un nerf de famille.
5.0 Le système choral (au cinéma comme en série) a ceci d’inégal qu’un personnage parait souvent sacrifié au profit d’un autre – et souvent pas dans le sens qu’on souhaite – ou plus simplement, qu’un personnage nous parle plus qu’un autre. Parfois, l’interprète suffit à nous orienter. A ce petit jeu, autant dire que Valeria Bruni Tedeshi ne s’engageait pas avec la meilleure main. Je peux pas avec elle, c’est physique, c’est sa voix, c’est son jeu, ces choix de carrière. Et comme par hasard, qui hérite du personnage le plus détestable du show ? Sans te faire un dessin (car franchement j’ai déjà oublié) tout ce qui touche à elle et sa sœur – jouée par la toujours sublime Anaïs Demoustier, comme quoi y a pas de règle non plus, si y a rien à jouer bah y a rien à jouer – m’a prodigieusement gonflé. Heureusement, registre choral aidant, il y a tout plein d’autres personnages. Notamment la jeune de la campagne qui débarque dans une coloc de la ville – Ce qui m’a beaucoup rappelé 4 aventures de Reinette et Mirabelle, de Rohmer – et ne sait ni trop ce qu’elle défend (bienveillante ici avant de tenir des discours maladroits voire racistes là) ni son orientation sexuelle. Très beau personnage, campé par la jeune actrice découverte chez Desplechin : Lou Roy-Lecollinet. Le personnage de Naydra Ayadi (découverte dans Polisse) m’intéresse assez peu ou bien il aurait fallu mieux le développer, l’étoffer. En revanche ce qui touche à Zabou Breitman et plus particulièrement à la famille de son personnage, ses trois enfants, son mari sur le point de mourir, c’est vraiment là-dessus que la série aurait dû se pencher en priorité. J’y ai vu pas mal de Transparent (la belle série de Jill Solloway) dans cette histoire insolite de frères et sœurs. Cette section aurait mérité un espace à elle-seule. Pour ce qui est de la forme, j’ai trouvé ça parfois sobre, agréable, passe-partout, mais c’est aussi trop souvent insupportable de tics suffisants, notamment ce parti pris d’ouvrir chaque épisode sur une scène de cul qui généralement ne sert à rien sinon à faire les malins. Sans parler de tout un tas de petites choses qu’on aurait volontiers pu se passer (exagérations variées, pointes d’humour en guise de remplissage, sur-découpage) mais qui définisse bien les style Zabou Breitman (réalisatrice du show) et Maiwenn (créatrice du show) bref ça ressemble parfois à du Cédric Klapisch, même si c’est indéniablement mieux que le « Paris » de ce dernier.