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Archives pour 30 janvier, 2018

Une passion (En passion) – Ingmar Bergman – 1970

15. Une passion - En passion - Ingmar Bergman - 1970Croyances et solitudes.

   8.0   A l’instar de Persona ou La honte, Une passion est lui aussi tourné sur l’île de Faro. Ce lieu semble être un vecteur de noirceur pour Bergman, tant ces trois films, aussi différents soient-ils respirent la tragédie de façon assez similaire. Les quatre personnages incarnés par des habitués du cinéma de Bergman à savoir Bibi Andersson, Liv Ullman, Erland Josephson et Max Von Sydow, sont rattrapés par leur obscurité propre, le mensonge, la jalousie, le désir, la folie. Ils se rencontrent apparemment pour le bien (C’est d’abord l’hospitalité qu’on offre à une étrangère, pour un simple coup de téléphone, suivi d’un dîner en guise de remerciements) mais poursuivent leurs relations pour le mal. En filigrane, sur l’île, un mal étrange secoue la population puisqu’un dingue s’en prend aux bêtes, un chien ici, un troupeau de moutons là. Qu’importe son identité, il est le reflet de ce quatuor déchiré.

     Dans Une passion, la place du personnage se confond étrangement avec son interprète. En effet, il y a ce dîner, par exemple, au cours duquel chacun raconte une croyance qui lui est propre, à tour de rôle. Difficile de détecter si ces quatre textes (mis en scène de façon à ce que la question se pose : Un long plan visage) sont écrit par Bergman ou par les acteurs – Il s’avère, après vérifications, que ce sont les acteurs qui ont choisi leur texte respectif. Quelque part j’ai beaucoup pensé à Une sale histoire, de Jean Eustache. Comme si ça ne suffisait pas, quatre moments dans le film (judicieusement éparpillés) font parler les acteurs face à une caméra se confiant sur l’identité du personnage qu’ils incarnent. C’est aussi déroutant que vertigineux.

     Techniquement c’est en tout cas l’un des Bergman les plus étranges que j’ai pu voir, tant dans son aboutissement pictural (cette manière de jouer avec les contrastes et les couleurs, d’accentuer une lumière naturelle, rouge, écarlate ou dans la pénombre) que dans ses nombreuses incursions de gros plans comme jamais on en avait vu chez le réalisateur suédois. Il y a un moment donné un monologue ahurissant de Liv Ullman, le plan ne cadre que son visage plusieurs minutes durant. Ça reprend autant Persona (l’étirement de la parole) que ça annonce Cris et chuchotements et ses pics de souffrance frontaux. A noter qu’il s’agit du deuxième film en couleur de Bergman après le difficilement supportable Toutes ses femmes. C’est son premier drame en couleur, on va dire. Dans lequel il capte aussi bien l’étrange lumière de Faro que les yeux azur de Liv Ullman.

     Malgré sa simplicité d’apparence, puisqu’on est loin des expérimentations visuelles de L’heure du loup ou Persona, Une passion est traversé d’éclats de sidération pour le moins inquiétants. Cette fin en premier lieu, brutale autant qu’elle est énigmatique et à l’image de ce mal qui ronge l’air et les bêtes de l’île, ou ce terrible rêve en noir et blanc aux trois quarts du métrage. Puis il y a ce dernier plan, incroyable, dans lequel Max Von Sydow, qui ne cessait de clamer son désir de liberté et sa crainte de mourir sur cette île, se voit littéralement enfermé par le cadre jusqu’à en être avalé. Il marche de droite à gauche, titube façon zombie. Un léger zoom fait rétrécir les bords du cadre et ses allées et venues. Il ne parvient pas à s’en extirper. Il s’écroule au sol comme poussé par les cieux (qu’on ne voit plus non plus), le cadre l’écrase puis l’image tellement zoomée ne capte plus qu’une lumière aveuglante et floue. Grand film.

Le mécano de la Général (The General) – Buster Keaton et Clyde Bruckman – 1927

16. Le mécano de la Général - The General - Buster Keaton et Clyde Bruckman - 1927De la guerre pour les braves.

   7.5   Sur notre lancée nous sommes allés, mon fils et moi, voir l’un des films les plus estimés de Buster Keaton, ce bien que Coco, le dernier Pixar, nous fasse de l’œil – La prochaine fois, sans doute. J’avais déjà vu Le mécano de la Général il y a longtemps mais c’est toujours mieux sur grand écran, d’autant que voies ferrées obligent (le film se déroule principalement à bord de trains) Keaton utilise l’espace à sa disposition à merveille, la profondeur de champ et les plans larges de façon assez bluffante. Et il reconstruit à sa sauce deux événements marquants de l’histoire sécessionniste : Le raid d’Andrews et la bataille de Rock River – Qu’il solde par la chute d’une (vraie) locomotive dans la rivière.

     La guerre de Sécession éclate. Johnny aka Keaton, simple mécanicien de locomotive, souhaite s’engager dans les forces armées sudistes pour séduire sa promise, fille d’un grand colonel. La rampe de lancement dans le cinéma de Keaton c’est souvent une fille. En grand romantique, il veut qu’on le couvre de lauriers, pour la rendre fière. Sauf qu’en petit gabarit qu’il est, on ne le convie pas dans les troupes et les ruses n’y feront rien. C’est par ses maladresses et sa (mal)chance que Keaton se retrouve embringué dans la guerre et qu’il va avoir emprise sur elle, infiltré d’un côté puis de l’autre. D’autant plus lorsque ses deux amours (la locomotive et la fille) sont enlevées par des espions nordistes.

     J’allais pas lui imposer la gageure de dresser un top :D mais j’ai tout de même demandé à mon fils, au sortir de la salle, lequel des deux films de Keaton (Cadet d’eau douce, samedi dernier ou Le mécano de la Général cette fois) il avait préféré. Les deux m’a-t-il répondu spontanément – Pour me faire plaisir, probablement et/ou ne pas risquer d’entrer en conflit avec moi. J’aurais toutefois juré qu’il avait été plus réceptif à Cadet d’eau douce, mais c’est sans doute moi. Car y a pas photo à mes yeux. Keaton est ici plus en force, plus lourd dans sa mécanique burlesque, moins fluide dans sa narration – trop de cartons explicatifs notamment. Mais bon, ça reste génial, hein.


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