Et au milieu coule une rivière.
7.0 Voici un super film, avec un magnifique personnage, accompagnés d’une ambiance assez inhabituelle. Je ne sais pas trop quoi en dire, autant que je ne savais pas trop quoi en penser en le regardant, mais c’est un film fort, un western post-moderne, allemand, réalisé par une femme (Kelly Reichardt avait bien réalisé le sien) qui investit un lieu – En l’occurrence une campagne bulgare – et s’en accapare à merveille. Un groupe d’ouvriers allemands, venus construire une centrale hydroélectrique, siégeant dans un campement isolé, d’un côté. Un village autochtone de l’autre, au-delà des collines verdoyantes. En plus de ces quelques choix d’écritures un peu lourds (le drapeau, le cheval) il m’a sans doute manqué un petit supplément d’émotion, mais c’est quoiqu’il en soit un cinéma qui me parle, à la fois très ancré dans la nouvelle vague allemande (la force des lieux qui stimule l’imaginaire) et très différent dans son traitement, sans véritable climax, et dans la figure du héros meurtri, autiste, lucide, doux, déstabilisant, imprévisible et donc un poil flippant finalement, de son personnage principal. On y trouve parmi les plus beaux instants de cinéma qu’on ait vu l’an dernier, simplement car s’y joue de nombreuses rencontres et qu’il faut s’employer pour se comprendre, tant l’écart de langue constitue une vraie barrière de rapprochement autant qu’il crée un nouvel espace de compassion. Superbe séquence que celle où Meinhard, ce beau moustachu mutique, se lie d’amitié avec un villageois avec lequel il se confie et pleure la mort de son frère. On a soudain le sentiment qu’ils se comprennent. Le film tente de raconter quelque chose de l’Europe ensemble tout en suivant son personnage comme on le ferait dans un western fordien, en résulte un film hybride, inégal dans son déploiement, mais différent de tout ce que l’on connait et qui sort dans nos salles aujourd’hui, nouvelle vague allemande comprise.