Un nouvel univers.
7.5 On a prévu de tout revoir. Oui, en amoureux. Oui, jusqu’aux Derniers Jedi. Je suis un dingue. On commence donc par les premiers (dans l’ordre de sortie) sinon j’ai peur d’arrêter vite. Je ne reviendrai pas sur L’empire contre-attaque puisque j’avais écrit dessus quelque chose de sobrement conséquent l’an passé, mais il fallait bien que je parle du premier épisode sorti, La guerre des étoiles, quoi, renommé A new hope depuis la sortie de la prélogie. Je commence à bien le connaître celui-ci, je me rends compte, malgré ma découverte tardive de l’univers, malgré le fait que Star Wars, globalement, je m’en lave les mains, comme dirait mon fiston.
Plus ça va plus j’aime vraiment cet épisode, qui est une sorte de miroir « simpliste » du suivant, si j’ose dire, tant il fait office de « Star Wars pour les Nuls » avec les belles explications d’Obi-Wan, pour que le spectateur néophyte (à l’époque, tout le monde l’était) ne soit pas trop paumé, avec ce côté conte initiatique d’emblée contré par un humour omniprésent dès la rencontre Luke/Solo, et une fluidité narrative assez déconcertante pour mettre en place la mythologie, sans trop forcer sur la dimension politique, la multiplication géographique et la kyrielle de personnages, avant d’enclencher, assez clairement, la seconde dans le suivant.
En 1977, aussi étrange que cela puisse paraître aujourd’hui, La guerre des étoiles n’étant pas encore auréolé du succès que l’on sait, le film est très difficilement rattachable à un courant, relié à des références, prêt à loger dans des cases. Il n’a en effet rien du space opera synthétique que Lucas réactivera à l’aube des années 2000 et rien de la machine de guerre, rythmée, riche et complexe, imposée dans L’empire contre-attaque trois années plus tard. C’est même tout le contraire : Le début est excessivement lent, la lumière est parfois approximative, le montage alterné entre Tatooine et L’étoile Noire très étiré au point qu’on en oublie l’un quand on se situe dans l’autre. On est davantage dans une resucée de péplum/western 50’s et ses déserts et costumes minimalistes, que dans la mécanique à vendre des figurines et numérique à venir. Le mythe, c’est L’empire contre-attaque qui le fonde. Cet épisode d’ouverture lui prépare le terrain. C’est sans doute ce qui me le rend si attachant.
Et puis ça se met en place minutieusement. Au sein de ce premier épisode je veux dire : On sent que le film se crée son univers, trouve son tempo, sa dynamique humoristique, on sent qu’il développe ses personnages, on sent qu’il devient saga. Voir ce film aujourd’hui, quarante ans après sa naissance, nous fait presque oublier qu’il a détruit le Nouvel Hollywood et qu’il est l’origine de l’industrie cinématographique à venir. On voit pas seulement naître Star Wars. On assiste à la construction d’un empire cinématographique, encore à l’œuvre aujourd’hui, d’autant plus aujourd’hui où Disney nous abreuve d’un nouvel épisode chaque année. C’est aussi triste que beau. A l’image de ces colonnes de buildings et ces lignes autoroutières dans le Koyaanisqatsi, de Godfrey Reggio.