Contagion.
7.0 Très beau film. Très juste, donc très dur. Trop dur pour moi, je crois. Toujours eu beaucoup de difficulté avec ce genre d’images : La propagation de la maladie, les vaches mortes trainées par le tracteur, la dernière traite, les corps des bêtes entassées, l’adieu au veau, c’est vraiment difficile pour moi. Evidemment c’est du cinéma, autrement dit du faux, mais la précision documentaire avec laquelle tout cela est montré – la solitude et la détresse paysanne, son quotidien quasi carcéral, la menace de son effondrement brutal et tragique – me met mal à l’aise plutôt qu’autre chose – On n’est pas si loin de ce qu’en proposait Depardon dans sa trilogie rurale – au point qu’il m’est difficile de m’attacher à ce personnage, de percevoir ce qui le motive à s’enfoncer dans le mensonge. C’est un détail mais c’est quand même un gros détail. Reste que le film est fort, en effet, aussi bien d’un point de vue chronique agricole que dans son glissement vers le thriller. Après, le sujet est bien trop grave, imposant, personnel pour que la mise en scène se lâche vraiment mais on sent qu’Hubert Charuel a largement ce potentiel – L’idée de la chorégraphie macabre rendue par le bruit de la trayeuse, c’est magnifique. Le rêve de la séquence introductive dans lequel les vaches ont investi la cuisine du personnage, qui tente de se frayer un chemin entre elles, raconte déjà beaucoup du film à venir autant qu’il est un portrait de son auteur, devenu cinéaste par passion tandis que tout le prédestinait à devenir, comme ses parents, éleveur de vaches laitières. Tous les acteurs sont prodigieux. Le jeune Swann Arlaud évidemment. Mais aussi la toujours impeccable Sara Giraudeau qui campe sa sœur, vétérinaire. Ainsi que ceux qu’on voit moins : Les parents, la boulangère, le paysan youtubeur, le vieux voisin. Campés par des acteurs connus (Bouli Lanners, Isabelle Candelier) ou non, ils sont tous absolument parfaits. A part ça, rien à voir, mais j’ai été perturbé de voir une ressemblance frappante entre Swann Arlaud et Philippe Duclos. Certes, on n’a jamais vu ce dernier aussi jeune au cinéma, mais si on revoyait les premiers Desplechin, entre autre, je suis persuadé que ce serait flagrant. Ils ont la même gueule.