Le grossier masque de la vengeance.
4.0 Par curiosité (un brin maso, j’admets) il faudrait que je jette un œil aux premières réalisations d’Albert Dupontel, Bernie et Le créateur. J’y crois pas trop, mais sait-on jamais. Au revoir là-haut est le troisième film que je voie de lui, après Enfermés dehors (souvenir d’un cauchemar de séance cinéma) et 9 mois ferme et c’est de très loin celui que je préfère. Il y a un certain souffle, des instants plus doux, de belles accélérations. Mais globalement, je n’aime pas. Ça reste du Dany Boon de luxe. Je vois l’ambition, un peu, l’argent, beaucoup, mais je vois surtout trop de trucs rédhibitoires dans l’esthétique et l’opportunisme d’adapter un récent prix Goncourt. Pas lu, mais j’entrevois ce qui peut séduire un cinéaste dans ce récit. En revanche, je ne vois pas trop en quoi le récit mérite une réalisation aussi sur-stylisée et tape à l’œil. S’il y a bien une chose qui soit digne d’intérêt dans ce capharnaüm c’est son récit et cette histoire de gueule cassée par la guerre, qui, comme revenu d’entre les morts, se venge, masquée, d’un père imposant et d’un lieutenant maléfique, aidé par un camarade de tranchées simplet – Joué par Dupontel, pas dur à deviner. Ça et tout le décorum du Paris d’après-guerre, des dessins, des trafics de cercueils, des faux monuments aux morts. Je lirais bien le bouquin, en fait. Car tout est ici mis au service d’une reconstitution qui frise l’indigestion, avec ses couleurs jaunâtres, ses plans impossibles (On en traverse des cloisons, des trous dans des toitures, des fenêtres cassées, via des plans grue à tire larigot) et l’outrance de mini-saynètes qui sont comme des cases d’une Bd au dessin grossier, où tout est sous cocaïne comme souvent avec Dupontel. Ce mec c’est Gilliam plus Dupeyron multiplié par Jeunet. Faut être solide. Pas un plan qui ne soit pas lourdingue. Pas un plan qui ne crie pas « Donnez-moi un Cesar ! ». Comme c’était le cas devant Un long dimanche de fiançailles, de Jeunet, j’y trouve néanmoins des choses qui me séduisent (L’époque et les masques, notamment et le personnage du père, campé par un Niels Arestrup étonnamment doux, imposant mais doux) mais je me lasse très vite. La fin devrait être bouleversante mais elle est ridicule. Sans parler du tout petit dernier twist à emporter. Concernant Nahuel Perez Biscayart (puisqu’on ne voit pas trop comment la statuette du meilleur espoir peut lui échapper cette année : C’est Son Année) il est évidemment très bien dans Au revoir là-haut mais infiniment plus intéressant dans 120bpm. Là je le vois moins. Plutôt je vois Dupontel à travers lui. Comme pour Lafitte, qu’habituellement j’aime bien.