L’étrange créature de la cuve verte.
5.5 Je crois bien que c’est la première fois que je suis séduit par un film de Guillermo del Toro. Il y a encore plein de trucs qui me gênent mais l’ensemble m’a plu. Une affaire de lieux sans doute : Je trouve chacun d’eux hyper travaillés, beaux, marquants. La pièce de la cuve, les couloirs de l’établissement, la salle de bain, le canal, cet appartement au-dessus d’un cinéma. Ainsi que la grande place offerte à la télévision. Tout fait (un peu trop) ode gentillette au cinéma des années 50/60, mais j’ai été emporté. Sally Hawkins est magnifique – pourtant j’ai du mal avec elle d’habitude. Le méchant est un vrai méchant, super flippant, irrécupérable – même si Michael Shannon rappelle trop Sergi Lopez dans Le labyrinthe de Pan. Après y a aussi des trucs qui devraient être géniaux et qui sont un peu foirés comme la scène d’amour, la fin ou le moment magique (mais hyper attendu) que je tairais. Tout y est pour que ce soit sublime, bouleversant sur le papier et c’est anecdotique, pour ne pas dire complètement raté, on passe à la scène suivante sans problème. Sans parler d’une écriture sabots dans la caractérisation des personnages et d’une utilisation des codes horrifiques, de façon un peu trop ostentatoire à mon goût, pour contrebalancer l’aspect enfantin du film. En fait c’est tout aussi mal branlé que d’habitude avec cet auteur, mais il y a un décorum et une émotion qui me chatouillent un peu pour une fois. C’est La belle et la bête revisitée. On pense aussi à L’Atalante, de Vigo. Ainsi qu’à Jeunet, avec son esthétique verdâtre écrasante et son héroïne candide (et muette !). Mais en mieux. Bref, ça vaut quand même le déplacement.
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