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Archives pour 29 mars, 2018

La rivière sauvage (The River Wild) – Curtis Hanson – 1995

03. La rivière sauvage - The River Wild - Curtis Hanson - 1995Pagayer ensemble.

   8.0   Une fois encore, difficile de parler d’un film que je connais à ce point par cœur pour avoir lancé la VHS des dizaines de fois durant mon adolescence. J’adorais ce film. Et le premier agréable constat de cette revoyure – au-delà du fait que ça faisait un sacré bail, punaise – c’est que je l’adore toujours. C’est une merveille de thriller à ciel ouvert, se déroulant presque exclusivement – après l’introduction à Boston – autour d’un lieu unique et sauvage, à savoir une rivière du Montana. Et c’est aussi une formidable comédie de remariage, de celles que les américains savent souvent si bien faire.

     La séquence pendant le générique d’ouverture raconte déjà toute la construction du film à venir : Meryl Streep sillonne tranquillement la rivière Charles sur sa traînière quand soudain, son rythme de pagaie s’accélère, lorsqu’elle tente et parvient à passer sous le Longfellow Bridge avant que le train, au-dessus, ne le franchisse. Il y a déjà l’idée d’une course, d’un combat (Se battre pour gagner ou se battre pour survivre) supplantant les apparences joviales, tranquilles.

     On quitte vite l’aviron de Boston pour un rafting dans les rapides du Montana. Deux destins vont se croiser : Celui d’une famille en crise et celui d’une bande de braqueurs en cavale. D’un côté, Kevin Bacon et John C.Reilly. De l’autre, Meryl Streep, David Strathairn et le gamin à peine remis de son aventure chez les dinosaures de Spielberg. C’est tout pour le casting ou presque. Et au centre, forcément, cette rivière l’autre personnage essentiel du film.

     Curtis Hanson alors à son sommet de son art puisqu’il venait de pondre une autre merveille du genre qu’est La main sur le berceau, et qu’il s’apprête à faire l’oscarisable L.A.Confidential, trouve les angles et la construction adéquats, le rythme et le suspense sont dosés à la perfection. Il utilise admirablement l’immensité offert par son paysage. Et il émaille le récit de petites trouvailles qui donnent du corps à cette reconquête familiale : C’est le réveil d’un père autant que les retrouvailles d’un couple réapprenant à faire équipe ensemble. Car il est surtout question de langage, perdu puis retrouvé. Qu’ils utilisent celui des signes (du fait de la surdité du grand-père, hors-champ) pour y parvenir renforce la beauté silencieuse de leur complicité retrouvée.

     On a même le chien. Qui sert de façon certes ostentatoire (pour ne pas dire hollywoodienne) le retour du père, d’abord sans aucune autorité sur lui, avant qu’il ne parvienne à le dompter dès l’instant qu’ils se trouvent tous deux quasi laissés pour mort, en marge, à tenter de faire quelque chose pour sauver les leurs.

     Le film marque surtout l’affrontement inoubliable nourri d’une attirance/répulsion charnelle entre Streep & Bacon. D’un côté la mère courage, pas si perturbée à l’idée de descendre à nouveau, même sous la contrainte, une rivière dangereuse franchie ado. De l’autre, Wade, le tueur téméraire imprévisible, dont la ligne de fuite n’est même pas perturbée par la présence d’une famille entière. En dépit d’un final un poil invraisemblable, ce combat de titans – magnifique puisqu’il est mixte, permettant au film de compenser son surplus de testostérone – s’avère grandiose. Et puis c’est beau. Et puis je veux faire du rafting en ayant comme guide Meryl Streep.

La guerre des mondes (The War of the Worlds) – Steven Spielberg – 2005

25. La guerre des mondes - The War of the Worlds - Steven Spielberg - 2005Chaos du troisième type.

   9.0   J’ai le souvenir d’être resté poliment indifférent face au film, lors de sa sortie – vidéo, pas vu au cinéma, je m’en mords les doigts dorénavant. En le revoyant il y a cinq ou six ans j’avais déjà été très impressionné. Ce troisième visionnage me confirme que c’est un immense Spielberg. Un chef d’œuvre absolu. Même si je continue de penser que le film aurait été encore plus fort – donc parfait – sans la voix off aux extrémités. C’est tout. Pour le reste, c’est un sans-faute. Du pur Spielberg qui renoue autant avec la grâce de Rencontres du troisième type qu’il transpose à son pessimisme d’aujourd’hui. Avec un changement majeur : Une profonde noirceur convoquée par l’Amérique post 11 septembre. Les extraterrestres n’ont plus la bienveillance de ceux qui évoluaient dans les premiers films de Spielberg, ici ce sont des envahisseurs qui tentent d’exterminer la race humaine.

     Au début, lorsque le tripode sort de terre, que celle-ci se craquelle de trottoirs en façades, qu’un gouffre se forme pour laisser sortir « le monstre » on repense à cet œuf de velociraptor dans Jurassic Park, qui lui aussi se craquelait, laissant poindre une frimousse accueillante avant qu’on en comprenne le danger, le potentiel monstrueux. C’est tout le cinéma de Spielberg qu’on retrouve lors de cette séquence mais c’est aussi un autre lui qui s’y déploie : le danger c’est toujours l’Homme mais il n’a plus rien d’accueillant. L’extraterrestre exterminateur de La guerre des mondes renvoie, par cette multitude de violences qu’il charrie, peurs qu’ils convoquent, à toutes celles dans lesquelles s’est engluée l’humanité dans le XXe siècle.

     Car outre son hallucinante richesse sonore, la beauté pure et froide de sa mise en scène, La guerre des mondes est traversé par des visions macabres inoubliables, qui sont autant de purs éclats horrifiques pour afficionados du genre que d’impressionnantes correspondances avec notre douloureux passé et ses diverses propagations de la terreur. Tout convoque nos récentes tragédies, aussi bien cette rivière de cadavres ou ces geysers de sang humain recrachés par les tripodes que cette rafale de corps désintégrés au laser ou ces éclairs électromagnétiques frappant au même endroit. Sans oublier l’apparition de ce train en flammes s’en allant mourir dans la plaine, les cages de quarantaines dans lesquelles les tripodes entassent leurs proies, ainsi que ces terrifiants lacs de sang redéfinissant tout le relief du paysage.

     Avant cela, il y a un premier instant de sidération incroyable : le traditionnel déclencheur, qui accouchera bientôt du monstre. C’est un ouragan dans le ciel. Observé de jardins de petites propriétés résidentielles du New Jersey, il semble d’abord vouloir dévorer un immense échangeur autoroutier ou s’écraser dans un champ. Cette image-là marque, incontestablement. Et Tom Cruise, saisi en contre-plongée dans son carré de terrain ne peut rien faire. Il est minuscule. Ça aussi c’est une image qu’on n’oublie pas. Le film ne capitalisera pourtant pas sur cette démesurée entrée en matière et encore moins sur la dimension spectaculaire qu’on attendait / espérait. Bientôt, la foudre éclate. Plusieurs fois. Plusieurs fois au même endroit. Affronter cette terrifiante anormalité c’est trouver refuge sous une table de salon. On entend tout mais on ne voit rien. A peine distingue-t-on l’éclair au loin, par la porte vitrée du séjour. Comme nous distinguerons vaguement cette ambiance apocalyptique d’un hublot de cave  dans une autre maison plus tard dans le film. Quand un avion de ligne s’écrase dans un quartier résidentiel, seul le vacarme lors de sa chute et les débris qu’il a provoqués nous permettront de penser qu’il s’agissait d’un avion de ligne. La guerre des mondes c’est Cloverfield avant l’heure, moins le found footage.

     Le film est fort dans sa façon de relier le macrocosme à l’intime, de fondre l’un dans l’autre. On aurait pu choisir New York mais ce sera le New Jersey, il y a déjà quelque chose de plus intime, plus modeste dans ce choix. C’est aussi un grand film sur la peur du terrorisme. Sans qu’on soit dans le point de vue multiple, sans qu’on évolue ailleurs que dans ce petit bout de terre américaine, sans que l’on voie les simulacres politiques, les instances médiatiques. Tout est vécu à travers les yeux d’un mec lambda, un père de famille divorcé, resté gamin, qui pour la première fois de sa vie, va vraiment devoir s’occuper de ses gamins.


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