Archives pour avril 2018



Affaire de famille – Claus Drexel – 2008

15. Affaire de famille - Claus Drexel - 2008Le sac de sport est notre affaire.

   6.0   Très proche des comédies adaptées d’Agatha Christie, de Pascal Thomas type Mon petit doigt m’a dit ou L’heure zero, Affaire de famille me séduit encore davantage. D’un point de vue formel, déjà, je trouve le film très beau dans la composition de ses plans. Quant à son étonnante construction (Un peu à la Elephant, pour faire court) si elle relève du simple gadget en apparences, permet à la fois de revoir certains personnages autrement, de changer plusieurs fois de tons, donc de tout redistribuer en permanence, mais aussi de créer un vrai espace de jubilation, façon Sexcrimes ou Reservoir dogs, en gros. Je l’écrase un peu, là, mais c’est vraiment plaisant et puis j’aime bien l’idée qu’on puisse, par le simple argument d’un sac de sport rempli de billets retrouvé dans un jardin, bousculer une petite famille grenobloise apparemment sans histoires. Et puis quitte à le couvrir encore de références j’ai d’abord penser à Lynch, à Twin Peaks, tant Miou-Miou, vendeuse de bibelots aux « Marmottes » et fervente lectrice de Stephen King, pourrait être une cousine éloignée de la femme à la bûche. Et aussi aux Coen, à Fargo, tant Dussolier, ex-joueur de foot loser qui rêve de s’échapper au Brésil, m’évoque le personnage campé par William H.Macy. Et il y a aussi Julien Courbey et Eric Caravaca, qu’on voit décidemment trop peu. Bref, ça m’a plu.

Le Complexe du Kangourou – Pierre Jolivet – 1986

12. Le Complexe du Kangourou - Pierre Jolivet - 1986Papa de circonstance.

   5.0   Premier film de Pierre Jolivet, Le complexe du kangourou est un tout petit truc mais un truc très tendre, partagé entre la comédie et le film social, dans lequel Roland Giraud, peintre secret et vendeur de marrons à la sauvette, qui a jadis contracté la maladie des oreillons à l’âge adulte, n’ose pas avouer à sa petite amie (Zabou) qui souhaite avoir un enfant, qu’il ne peut en avoir. Sauf qu’il va rencontrer par hasard son ex (Clémentine Célarié) accompagnée d’un gamin dont il est vite persuadé d’être le père. La réalisation est hyper rythmée, il y a tout plein de supers répliques, ça fuse de partout, dommage que Jolivet n’ait pas continué dans cette voie ensuite (celle qu’il effleura à nouveau dans le beau Ma petite entreprise) et toute la palette d’émotions contradictoires qui saisit un peu brusquement le personnage permet à Giraud de s’en donner à cœur joie. Il est vraiment excellent, le rôle lui va super bien. C’est sans doute trop écrit malgré tout, enfin surtout au niveau des dialogues, et Celarié écope vraiment d’un rôle un peu trop cruel par rapport à la bienveillance de l’ensemble. Mais c’est pas mal.

Beethoven 2 (Beethoven’s 2nd) – Rod Daniel – 1993

26. Beethoven 2 - Beethoven's 2nd - Rod Daniel - 1993Romances et Saint-Bernard.

   5.5   Sans doute celui que j’ai le plus regardé étant môme. Certains diront qu’il est sirupeux, je conçois qu’on puisse le voir ainsi en effet. Je pense au contraire que c’est un beau film romantique doublé d’une déclaration d’amour aux familles et aux multiples liens qui les unissent : Il faut voir la douceur avec laquelle sont traités ces mini-entretiens notamment la confidence entre Ryce et sa maman « Ne dis rien à ton père » ou plus tard entre Ryce et son papa, quand ils peinent tous deux à trouver leur sommeil, dans « le chalet de Fred Serviac ». Evidemment le film ne cesse de prôner les grandes valeurs familiales comme seule réussite de vie et tout ce qui se met en travers de leur chemin est tourné en dérision (la burger party) ou en ridicule : Le méchant n’est plus un vétérinaire mais Régina, une méchante femme (presque sortie d’un Disney, en mixture Cruela / Medusa) au nom de pizza mais au goût de mascara coulant, que le film érigera en monstre suffisamment flippant « Noyez-les, qu’est-ce que ça peut faire » pour qu’on adore la voir dévaler un chemin escarpé, chuter d’un pont de bois et tomber dans une rivière de boue. Le duo qu’elle forme avec le gros Chris Penn est le plus invraisemblable de l’histoire du cinéma, je crois. Regina c’est le mal absolu, tout ce que le film vomit, éthiquement parlant, puisque outre sa méchanceté naturelle, elle s’attaque à son passif ex-mari en lui séquestrant son chien tant qu’il n’a pas réglé une grande somme d’argent pour le divorce, avant de s’en prendre à la famille Newton pour récupérer les chiots dont elle voudrait tirer un petit pactole. Mais le premier volet fonctionnait pareil avec le couple d’investisseurs – où l’on pouvait voir les débuts au cinéma du futur Mulder d’X-Files : Ils osaient aussi s’en prendre aux bonnes valeurs familiales américaines, à nos bons Newton, n’hésitant par exemple pas à valoriser les chiens au détriment des enfants, se moquer des barbecues et snober Alice, la mère de famille. Bref, rien de nouveau. C’est sans doute ce qu’on pourrait préalablement reprocher à cette suite : Elle capitalise sur la réussite de l’original, en modifiant deux/trois petites choses seulement, jusqu’à reprendre les démêlées du père avec les quatre chiots, en musique, comme on le montrait jadis avec Beethoven. Certes, j’admets. Mais ce serait oublier son amour de la romance. Si Missy et Beethoven sortent dans un drive’ in pour voir Panic sur Florida Beach (la scène du baiser entre Gene & Sandra, dans l’abri antiatomique) ce n’est pas surprenant. Que la famille Newton délire un instant sur Do you love me de The Contours évidemment en référence à Dirty Dancing (Georges imitant fièrement mais laborieusement Johnny) n’est guère surprenant non plus. Brian Levant est remplacé par Rod Daniel à la réalisation et on ne voit pas trop la différence si ce n’est que ce dernier semble être obnubilé par les amoureux transi (L’utilisation répétée de The day I fall in love est toutefois un peu grossier) surtout quand ils sont de gentils losers. C’est tout le programme du film que de fabriquer des héros chez nos losers attachants, comme dans le premier film, mais en créant ici de valeureux jeunes chefs de famille puisque les enfants parviendront un temps au prix de nombreux sacrifices comme l’école et leur sommeil, à donner la tétée aux chiots. Famille, toujours, les vrais héros. Tous recomposés et élargis, dans un happy end programmé. Je crois bien que j’apprécie autant celui-ci que le premier volet, en fin de compte.

Madame Hyde – Serge Bozon – 2018

04. Madame Hyde - Serge Bozon - 2018La France sous cloche.

   3.5   C’est bien joli de vouloir travailler sur l’inattendu, la linéarité brinquebalante, de proposer de l’inconfort de manière générale – Bozon n’a cessé de répéter que ce qu’il aimait par-dessus tout au cinéma c’est être surpris, merci, nous aussi mec – mais l’originalité du film se retourne un peu contre lui tant il finit par être statique et in fine peu inventif en se créant sa propre banalité. Cette volonté d’inversion des codes pour tout, en permanence, rend le film assez indigeste, trop écrit, trop distant, trop film-dispositif. J’avais déjà éprouvé ça dans Tip Top, son précédent film. Les décalages sont ici plus étranges, plus doux aussi, mais il manque au film une vraie folie ou un peu d’émotion, tout simplement. On sent qu’il est en quête des deux – le final est très sombre, les passages nocturnes sont osés – mais il ne fait que les effleurer, on s’ennuie vite, sans doute car la démarche de Bozon s’incarne dans la vignette, pas du tout dans un abandon onirique. Que l’auteur, qui était présent à l’issue de la séance, réclame son inspiration de Franju, Cocteau ou Brisseau, en dit long sur sa démarche poétique, mais son film est beaucoup trop ankylosé dans la brièveté burlesque pour s’ouvrir à de vrais élans de poésie. Ça ressemble davantage à du Tati bavard, à du Tati raté. C’est pas désagréable pour autant, il y a de belles trouvailles comme le contre-emploi de José Garcia, dont le personnage s’épanouit en homme au foyer, ou bien l’effervescence comique d’un Romain Duris en proviseur pathétique et délicieux, mais globalement je m’y ennuie poliment. J’ai préféré le débat et je m’en doutais car si Bozon parle beaucoup trop vite, il est surtout très érudit, passionnant, volubile, peut parler mise en scène, anecdotes de tournage, éducation et symbolique sans prendre de gants, raconter sa passion pour Ford, Tourneur et Rohmer, chier sur le numérique et le naturalisme, et avouer qu’il a surtout voulu faire un film de transmission avant une série B fauchée. Mais il y a chez lui un refus, un dégoût maladif du naturalisme, du réalisme, comme s’il s’agissait de gros mots, alors que son cinéma pourrait s’en servir comme rampe de lancement, de façon à renforcer sa dimension poétique. Certains semblent avoir captés ça dans Madame Hyde, tant mieux pour eux. Je pense au contraire qu’il avait trouvé l’équilibre miracle avec La France, et qu’il peine dorénavant à le retrouver sans doute car il est trop obnubilé à ne surtout pas faire comme tout le monde. Et puis Bozon raconte que son film aurait pu faire trois heures tant il avait de bons rushs, mais qu’il a amputé énormément. Et on ressent ce montage compulsif. C’est vraiment pas bon. Ça manque de rythme. Parfois on voudrait couper et à contrario ailleurs on aimerait que ça s’étire. L’impression en permanence que le cut ne se fait pas quand il faudrait. Et puis, plus globalement, j’ai un problème avec le statut de Bozon, qui dit s’inspirer du bis plutôt que du cinéma d’auteur, du giallo plutôt que du cinéma fantastique américain, mais son film est tout sauf un truc pour déviants. Faut arrêter les conneries. Au mieux ça pourrait en effet évoquer Brisseau voire Tati mais c’est tellement programmé, sous ses atours de farce décalée et survoltée, que ça ressemble moins à Playtime et De bruit et du fureur qu’à du Bonitzer ou du Ozon qui auraient un peu picolé. Bref il m’a autant saoulé que le film. Et n’a cessé de parler de Kechiche durant le débat. C’est le mal, Kechiche, pour lui. Plus clairement, il dit qu’on aime soit Bozon soit Kechiche. Perso, j’ai fait mon choix. Choix qui ne m’empêche pas d’aimer Franju, Cocteau et Brisseau.

Telle mère, telle fille – Noémie Saglio – 2017

14. Telle Mère, Telle Fille - Noémie Saglio - 2017En cloque, c’est mieux à deux.

   5.0   Noémie Saglio avait déjà co-réalisé le chouette Toute première fois, avant de reprendre l’esprit de Connasse, caméra cachée qu’elle écrivait et réalisait à l’époque sur Canal, qui donna sur long métrage l’insupportable Connasse, princesse des cœurs, dont elle partagea la réalisation avec Eloise Lang. Avec Telle mère, telle fille c’est donc la toute première fois (pardon) qu’elle réalise toute seule, comme une grande. Elle y traine son égérie Connasse, à savoir l’étincelante (dans la série Dix pour cent, surtout) Camille Cottin. Elle y jouera le rôle de la fille de Juliette Binoche. Elles vivent ensemble depuis toujours. L’une hébergea l’autre un temps, puis ça s’est inversé. Difficile même de savoir qui des deux est la fille de l’autre, d’autant que Binoche fait jeune écervelée qui s’habille chez Pimkie quand Cottin fait vieille rombière rabat-joie. Rien ne s’arrange quand elle tombe enceinte. Le problème c’est que sa mère aura la même idée. Le film est plutôt plein de bonnes volontés, son duo fonctionne au poil, on a droit à de bonnes trouvailles comiques (Avec un excellent Lambert Wilson) mais aussi des tentatives beaucoup moins heureuses. Bref, c’est pas aussi bien que Toute première fois, c’est pas ouf, mais ça se regarde bien quand même.

Sous le même toit – Dominique Farrugia – 2017

13. Sous le même toit - Dominique Farrugia - 2017Delphine 80% Yvan 20%

   3.5   Soit un sous La guerre des Rose, ce qui est déjà pas mal, en tout cas nettement mieux que ce que le film promettait en étant la suite plus ou moins revendiquée de Delphine 1 Yvan 0, cet étron qui fête ses vingt-et-un ans. Julie Gayet et Serge Hazanavicius sont remplacés par Louise Bourgoin et Gilles Lellouche, c’est l’heure du divorce, de la colocation forcée et d’une petite guéguerre « sous le même toit » façon Papa ou Maman. Le duo fonctionne moins bien que celui formé par Marina Fois & Laurent Laffitte dans le film de Martin Bourboulon, mais c’est clairement la plus-value de l’ensemble. Farrugia, lui, est aussi bourrin que d’habitude dans sa réalisation, mais son Delphine 80% Yvan 20% est moins affreux que ce à quoi je m’étais préparé.

Epouse-moi mon pote – Tarek Boudali – 2017

11. Epouse-moi mon pote - Tarek Boudali - 2017Gênance.com.

   1.0   C’est très gênant. Pourtant, Boudali a gommé ce qui fonctionnait moins chez son pote Lacheau (Babysitting 1 & 2, Alibi.com) puisqu’il n’y a pas de big star (type les Clavier, Jugnot, Bourdon des films suscités) là pour attirer tous les publics en plus des fans de leur joyeuse petite bande. C’est pire en fait. Et le plus gênant c’est finalement pas tant sa représentation des mœurs gay qu’on n’avait pas vu aussi pathétiques depuis Pédale douce / La cage aux folles aux choix, mais son nombrilisme gerbant. Ces mecs aiment trop se filmer. C’est rigolo je dis pas, je faisais pareil avec mon frangin quand j’avais treize ans. Mais nous, là, concrètement, on s’en tape de leurs petits délires puérils sans queue ni tête. Exemple, la scène où Boudali imite les animaux au zoo de Vincennes, c’est le frisson de la honte absolu. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il fait ça partout. Sur scène, déjà dans Babysitting, mais aussi sur les plateaux d’Hanouna, d’Arthur. Et le mec se croit super drôle et beau gosse (puisque c’est pour un plan drague en musique) à faire la baleine et le vélociraptor. C’est consternant. Bref j’avais beaucoup de tendresse pour ces mecs mais ils commencent très sérieusement à me les briser.

Le Paquebot Tenacity – Julien Duvivier – 1934

06. Le Paquebot Tenacity - Julien Duvivier - 1934Voyage avorté.

   5.5   Bien qu’elles soient coutumières du fait, je crois n’avoir jamais vu une édition René Château aussi dégueulasse. Le film est très pluvieux mais en fond et en permanence, c’est un désagréable brouhaha entre le vent et le marteau piqueur qu’on doit se coltiner comme si nous étions dans la même salle que le vieux projecteur d’époque. C’est honteux. A part ça, le film est relativement dispensable (Deux amis parisiens rêvent de partir au Canada mais se retrouvent coincés en Normandie à bientôt convoiter la même fille) mais vaut le détour parce que Duvivier y a filmé Le Havre et que son film respire l’ambiance portuaire au moins autant que le Ville Portuaire, de Bergman, auquel j’ai beaucoup pensé.

Macao, l’enfer du jeu – Jean Delannoy – 1942

07. Macao, l'enfer du jeu - Jean Delannoy - 1942La première fois où j’ai cru voir Macao.

   5.0   Parmi les anecdotes qui entourent le film on en retiendra deux essentielles : Etant donné son tournage sous l’Occupation, on remplaça la présence de Von Stroheim dans chaque scène où il apparait (autant dire un sacré paquet) par celle provisoire de Pierre Renoir, afin que le film sorte en 1942, avant de tout remettre en état lors de sa ressortie après la Libération. On ne verra jamais l’ancienne version mais on peine à se dire qu’elle a existé, tant l’acteur fait partie intégrante du film, pour ne pas dire qu’il est sa figure emblématique. Et puis tout le récit se déroule à Macao mais on se doute bien, époque oblige, que Delannoy n’est pas allé tourner là-bas. Ce sera donc Villefranche-sur-Mer et franchement c’est bluffant, on se croit à Macao, enfin l’idée qu’on se fait de Macao, d’autant que sa réalisation est plutôt très inspirée dans les séquences extérieures. Reste qu’en tant que film d’aventures c’est un peu raté et le mélange d’intrigues aussi informes ne rend pas le voyage hyper stimulant.

Le voleur – Louis Malle – 1967

08. Le voleur - Louis Malle - 1967L’art de la solitude.

   5.0   Toujours été très curieux de découvrir ce Louis Malle qui a plutôt très bonne réputation et je dois dire que je suis un peu déçu. C’est pas mal, soigné mais peut-être un peu trop anti-Rappeneau autant qu’il est anti-Nouvelle vague, pour vraiment me séduire. Belmondo est bien puisque très discret (quasi à contre-emploi de ses rôles précédents) et son personnage est un beau personnage. C’est moins un film sur un voleur que sur la solitude, d’ailleurs, c’est tout l’intérêt du film je pense. Le revers de la médaille c’est qu’on s’ennuie beaucoup, tout est un peu trop littéraire, chacune des rencontres ne débouche pas sur grand-chose, chaque personnage est relativement antipathique. Heureusement, super casting féminin : Geneviève Bujold, Marie Dubois, Françoise Fabian, Bernadette Lafont, Marlène Jobert. C’est déjà ça.

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silencio


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