Publié 18 avril 2018
dans Pascal Bonitzer
Rien du tout.
2.5 Comme chaque fois avec Bonitzer je m’y emmerde prodigieusement. Là en plus, j’ai vraiment l’impression de voir un cinéma de vieux ou de bobo (si je n’aime pas le terme, il faut bien dire qu’il colle parfaitement à ce film-là) qui tente l’absurde d’un Raoul Ruiz mais fait un peu de peine et se vautre dans une gauchiasse hédoniste pathétique, sans parler du rôle de nympho donné à Kiberlain à qui ça ne va pas du tout. Luchini est pas mal puisqu’il ne vampirise pas le film comme il le fera bientôt dès l’instant qu’il a le premier rôle. Mais bon, difficile de sauver quoi que ce soit d’autre de ce marasme en ce qui me concerne.
Publié 17 avril 2018
dans Cloverfield et Julius Onah
Dans l’espace, personne ne vous voit vous ennuyer.
2.0 Il est rare de voir un film à ce point raté. Sur le papier, j’y croyais pourtant presque à ce troisième opus de ce qu’on pourrait commencer à appeler « franchise Cloverfield » pour la simple et bonne raison qu’il redistribuait à nouveau les cartes – comme le précédent avait transformé le survival found footage en huis clos classique – en s’aventurant dans l’espace.
Sauf qu’il n’y a pas une idée qui soit bonne. En bon tâcheron commandé par Netflix, Julius Onah foire à peu près tout. Chaque rebondissement – et ils arrivent en rafale : un rebondissement, un popcorn – est plus ridicule que le précédent. L’interprétation est en roue libre. Tout fonctionne en micro-saynètes. La soupe qui sert de musique illustre chaque séquence jusqu’à l’indigestion. Vraiment, ni fait ni à faire.
Deux idées surnagent malgré tout : L’aspect cosmopolite puisque les personnages de la mission sont issus de pays différents, mais on en fait strictement rien ; Et la fusion inter-dimensionnelle, mais là non plus ça ne débouche sur rien de probant qu’on n’ait pas déjà abordé ailleurs, notamment dans l’inégal mais beau Another earth, de Mike Cahill.
Le premier Cloverfield fut un choc pour moi lors de sa sortie il y a dix ans. Je l’ai revu deux fois depuis. Et je le reverrais bien encore, tiens. 10 Cloverfield Lane, cette suite qui n’en était pas vraiment une avait choisi une tout autre direction et réussissait aussi son coup, notamment grâce à la présence de Mary Elizabeth Winstead.
On retrouve dans ce troisième volet bon nombre d’acteurs/actrices connu(e)s mais on se fiche à peu près de tout le monde – parce qu’ils sont mal dirigés, parce que leurs personnages sont mal esquissés – donc quand ils disparaissent un par un façon Alien (l’influence majeure du film) ça ne fait ni chaud ni froid. Et puis le montage alterné Station / Terre est le truc le plus pénible vu depuis des lustres dans un film de genre. Vraiment, rien à retenir.
Publié 16 avril 2018
dans Beethoven et Brian Levant
Symphonie canine.
5.5 Evidemment, si on observe la forme et le fond, c’est pas terrible, mais je garde une profonde affection pour ce petit divertissement familial canin. Je l’ai beaucoup regardé étant gosse, sans doute pour les bêtises du Saint-Bernard, aussi car la cohésion fraternelle de la famille Newton me touchait. Ryce, Emily et Ted. Je les aimais beaucoup. Ryce (Annie en VF, n’importe quoi) dans mon souvenir était super grande, en fait elle doit avoir douze ans. J’étais amoureux d’elle. Mais je m’identifiais au frêle Ted, je me souviens. Politiquement le film ne raconte pas grand-chose, si ce n’est que le mari voudrait que sa femme travaille à ses côtés tandis qu’elle préfère rester au foyer. Il est bougon et candide, elle est docile et lucide. Le film se déroule intégralement au sein de cette famille bourgeoise, idéale, banale, dans un grand pavillon avec un grand jardin. Du post-Reaganisme absolu, en somme. Mais le vrai sujet du film ce n’est pas l’irruption du chien dans la famille modèle (Bien que chacun des enfants aura malgré tout son moment de bravoure avec Beethoven, Ryce avec le beau-gosse du collège qui jusqu’ici la snobait, Ted avec la bande de garçons malveillants qui s’en prend continuellement à lui, Emily sauvée in-extremis d’une piscine) mais leur affrontement avec des investisseurs arrivistes et un vétérinaire véreux. Sacré méchant dans mon souvenir, celui-là. En fait il est un peu ridicule. Moins que ses acolytes, mais tout de même. Bref c’est du niveau Bébé part en vadrouille, hein, c’est vraiment le film pour les gamins – et je l’ai d’ailleurs revu avec le mien, sur qui ça a bien fonctionné – mais le film n’est pas désagréable formellement, et libère quelques belles trouées comme la confession enfantine du père à son chien qu’il emmène se faire piquer comme jadis son père avait dû le faire avec le sien, ou bien cet embryon de premier amour qui nait dans les yeux illuminés de la toute mimi Nicholle Tom. Il y a une vraie écriture, c’est pas juste un gros chien qui met le bordel dans une famille avec des gags grossiers à n’en plus finir. Pas étonnant d’y retrouver John Hugues au scénario du coup. Et c’est aussi dans la lignée de nombreuses autres et agréables productions Ivan Reitman. Bref, enfile le bon costume (6/8 ans) et tu verras ça passe encore bien.
Publié 16 avril 2018
dans Luca Guadagnino
Ça tombe à l’eau.
3.0 Il s’agit donc d’un remake plus ou moins fidèle de La Piscine, de Jacques Deray. On y retrouve un peu la trame, surtout le twist mais c’est à peu près tout. Et puis Tilda Swinton, Ralph Fiennes, Matthias Schoenearts et Dakota Johnson – qui me sont tous, hors films exceptionnels, complètement hermétiques – ne sont pas Romy Schneider, Maurice Ronet, Alain Delon et Jane Birkin. Loin s’en faut. Surtout, on ne retrouve rien de l’ambiance du film original, rien de sa moiteur, son trouble, ses silences pesants, la puissance de chaque échange de regards, ni de son érotisme à tendance SM qui sourdait parfois au détour d’une scène. Il n’y a même plus de huis clos. La piscine elle-même n’exerce plus aucun pouvoir sur les personnages qui gravitent autour. L’été ne vire plus imperceptiblement à l’automne. Tout est académique, sans vie, lourd, programmatique, chiant, quoi. Et puis entre les excès de jeu, l’antipathie de chaque personnage et les quelques curieux choix de réalisation, le film est quand même pénible dans son ensemble. Pas du tout retrouvé le raffinement, la subtilité, la lumière de Call me by your name, du même Luca Guadagnino. Pas loin de la purge pour moi.
Publié 15 avril 2018
dans Sébastien Laudenbach
Eclair de lumière dans les ténèbres.
5.5 Il m’aura fallu du temps pour y entrer, accepter son rythme et la finesse un peu schématique de son trait, sans doute aussi parce que le récit me séduit davantage sitôt que la jeune fille a les mains coupées, rencontre la déesse des eaux, un gentil jardinier puis son prince. C’est la guerre qui les sépare, le malin qui les éloigne (une cruelle affaire de lettres réinterprétées) mais c’est un enfant commun qui les relie à tout jamais. Ça finit même par devenir très beau, tout ça. Petite parenthèse pour dire que c’est la première fois que je reconnais si bien la voix des doubleurs dans un film d’animation : Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm, Philipe Laudenbach, Elina Lowensohn. Easy peasy. Pas sûr que ça serve le film du coup, ça veut sans doute dire que l’ensemble – mais le dessin, surtout – m’a laissé extérieur. La fin est quoiqu’il en soit très réussie.
Publié 15 avril 2018
dans Tom McGrath
Baby purge.
2.0 Comme souvent avec les studios Dreamworks, ça ne manque pas d’énergie. Mais c’est justement trop frénétique ici – Des fois ça passe, je dis pas, la preuve j’aime beaucoup Les Croods. Mais il y avait dans ce dernier, une générosité graphique, aussi bien dans sa partie caverne forcément monochrome que dans son aventure forestière, brusquement hyper colorée. Et puis il y avait tout un tas d’apparitions fortes, de drôles de personnages, un humour certes fabriqué mais efficace. Baby boss, c’est chiant. Mais c’est surtout visuellement indigeste. Rien d’étonnant à ce que Tom McGrath, déjà réalisateur du très mauvais Megamind, ne soit aux manettes de ce truc.
Publié 14 avril 2018
dans Philippe de Chauveron
Une heure et demie d’imbécilité.
0.5 Ça en revanche c’est pas possible de A à Z. C’est une grosse merde inqualifiable, un truc d’extrême droite maquillé en film populaire, c’est moche, c’est des clichés en rafale sur les Roms vus par le blanc raciste, que le film fera mine de récupérer pour finalement les laisser s’enliser chacun dans leurs stéréotypes les plus vulgaires. C’est aussi une caricature de la gauche bobo, des artistes en général, littéralement tournés en ridicules, et c’est assourdissant, c’est joué par des nuls avec des répliques nulles. A te faire regretter Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu, c’est dire. Au début, Clavier (l’écrivain gauchiste) appelle son agent et/ou sa sœur j’sais plus pour lui faire part de la situation. Il ne fera aucune faute grammaticale dans le film mais là il va lui dire « C’est des Roms » histoire que la blague puisse fonctionner. Voilà le niveau. Et le pire c’est que le rôle lui va super bien. Comme lui allait si bien celui d’Une heure de tranquillité, l’un des derniers films de Patrice Leconte. Ce mec me révulse. Et puis Ary Abittan qui joue le Rom avec la subtilité qu’on lui connait, lui c’est pareil je peux pas l’encadrer.
Publié 14 avril 2018
dans Romain Levy
We’re the baltringues.
4.0 Le film se perd complètement dans ses cibles. Il voudrait à la fois être tout public : Avec Kev Adams en tête d’affiche, il sait pertinemment que des gamins vont voir le film. Mais il voudrait aussi être un stoner movie, et un thriller mafieux, sauf qu’il est trop sage, qu’il ne va pas assez loin. Concernant la polémique (le film a fait l’objet de quolibets en tout genre mais il est surtout attaqué sur une réplique un peu scandaleuse) disons que c’est un film qui peut parfois être de très mauvais goût, mais là-aussi c’est lié à ce qu’il vise. Reste que moi, j’ai une tendresse toute particulière pour ce film, qui déjà, chose essentielle, m’a fait beaucoup rire, merci à Durex, le gars de gauche sur mon photogramme, croisé aussi dans Patients, qui est exceptionnel. J’ai ri grassement à plusieurs reprises pour être franc. Mais objectivement, oui, ça manque de Tout. Ça voudrait ressembler à We’re the Millers mais c’est plutôt un remake de La beuze en gros (qui déjà me faisait un peu rire, mais passons) et pas en plus inspiré. Et puis ça se passe à Amsterdam mais on n’en verra absolument RIEN. Il me semble qu’avec le temps, j’aime vraiment Radiostars, du même Romain Levy, car il y a une vraie tendresse pour chacun de ses personnages – Faudrait toutefois que je le revoie et écrive un petit quelque chose à son sujet – tandis que là, je suis pas certain que le film s’accroche vraiment à moi puisque ses personnages sont pour la plupart inexistants ou réduits à être des pantins à une seule facette. Mais bon je m’y attendais. Finalement je suis surtout surpris d’avoir autant rigolé. Car sans rien dévoiler, t’as des trucs franchement osés. Et puis t’as aussi du gros n’importe comme la présence de Rutger Hauer. Dans un film avec Kev Adams, oui, hallucinant. Mais t’as aussi des trucs nullissimes comme cette voix off qui ne sert à rien. Mais bon, j’ai vu bien pire.
Publié 11 avril 2018
dans André Téchiné
La complainte du déserteur.
5.0 Téchiné s’inspire à nouveau de faits réels et replonge dans la guerre de 14 (en étirant le récit jusqu’en 1928) pour conter l’étrange destin de Paul Grappe, déserteur qui se travestit pour ne pas être arrêté et renvoyé au front. Le film est plutôt moyen, très mécanique dans sa première heure, ce bien qu’il prenne l’option de raconter les ellipses par des séquences de représentation théâtrale, qui sont les flashs forward d’une représentation qui aura lieu quand le personnage sera amnistié, acclamé pour sa bravoure plutôt que recherché pour désertion. Pierre Deladonchamps et Céline Sallette donnent corps à ce couple en cavale bientôt condamné par leur propre mensonge puisque si elle lui cache longtemps une grossesse, lui prendra goût à son nouveau statut de femme en allant draguer les hommes au bois de Boulogne la nuit. Cette cavale qui devait les unir finit par les éloigner. C’est la plus belle idée du film que de glisser vers une crise où la folie de Paul Grappe emporte tout sur son passage jusqu’à l’issue tragique. Il y a du Max Ophuls là-dedans. Ça manque sans doute d’amplitude romanesque et d’incarnation, les scènes sont souvent trop courtes et trop écrites, trop bien agencées entre elles, mais c’est pas mal.
Publié 11 avril 2018
dans Etienne Comar
5.0 C’est sage et un peu trop monochrome. Mais c’est soigné. Et bien interprété. Un téléfilm de luxe pas déplaisant, en somme. Avec deux/trois (très) beaux instants (comme la fin) qui sortent du lot. Et avec comme à son habitude, un épatant Reda Kateb, qui incarne Django Reinhardt sans le singer, avec beaucoup de simplicité/sobriété et en restant lui-même.