La vie est un miracle ?
5.0 Mon fils a donc tiré un premier papier. Je me suis envolé pour l’Italie. Un film de Bellocchio. Je connais très mal son cinéma, vu seulement Vincere au cinéma lors de sa sortie en 2009 et j’avais adoré. Il y avait légitimement une grosse attente pour celui-ci. Et c’est une déception. D’entrée. Ça part mal.
Jamais vraiment réussi à entrer comme il se doit dans cette tragique triple spirale d’amour et de mort. Ça tient, je crois, à son dispositif faussement choral : Il en a la structure, moins la mécanique. Contrairement à Vincere où quoiqu’il advienne tout se concentrait autour d’Ida, la dimension opératique – chère à l’auteur, apparemment, puisqu’on retrouve ce besoin d’intensité permanente, par son montage, sa musique, son goût pour la « « séquence récital » – perd de sa force ici à extirper de ses appendices plusieurs destins / rôles principaux dont l’intérêt, justement, se dilapide dans son éparpillement. La mise en scène aussi est moins inspirée, plus terne dans ses enchainements, plus reposée sur l’interprétation, probablement aussi grignoté par la gravité du propos.
Il est en effet question d’un fait divers et d’une loi qui secouèrent l’Italie au début 2009, en gros la problématique de l’euthanasie dans un cas de coma végétatif. Une famille se battait depuis de nombreuses années afin de supprimer l’assistance médicale envers leur fille, accidentée de la route, qui resta dix-sept années dans le coma. Manifestations pour les libertés d’un côté, consternation de l’Eglise et du Vatican et du gouvernement de Berlusconi de l’autre. Il y a ceux guidés par cette certitude du miracle à venir, ceux qui s’en remettent à Dieu et les plus pragmatiques qui ne supportent plus l’absurdité de cette souffrance suspendue que ce lourd sommeil impose. Les politiques, la presse et les familles sont désarçonnés, le cas Eluana Englaro divise tout le pays, jusqu’au tribunal administratif qui décidera finalement de suspendre ses soins médicaux.
Bellocchio ne va pourtant pas filmer cette histoire, mais voir un peu de ses répercussions sur trois autres histoires, brossées indépendamment autour d’elle (dont on reçoit les secousses au travers des journaux télévisés), trois histoires s’y rapprochant puisque tournant autour de trois personnages plongés dans le coma. Ça devrait être terrassant. Mais ça ne prend pas vraiment. Si ce n’est au détour de quelques jolies séquences, notamment deux beaux échanges à la toute fin, sur un quai de gare et dans une chambre d’hôpital.
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