Archives pour juin 2018

Le fils du désert (3 Godfathers) – John Ford – 1950

06. Le fils du désert - 3 Godfathers - John Ford - 1950Les compères.

   8.5   C’est bien simple, il s’agit de ma plus belle rencontre fordienne depuis dix ans, depuis ma découverte de L’homme qui tua Liberty Valance. J’imagine que la forte imprégnation religieuse peut gêner, puisqu’en plus d’être une relecture du mythe des Rois Mages, le film est parcouru de symboles explicites, à renfort de bible, nouveau-né, étoile du berger, ânesse et son petit.

     Moi j’adore, d’une part car l’on sait les croyances de Ford, ce serait comme dire qu’on est gêné par le jansénisme bressonnien ou la mystique tarkovskienne. D’autre part car la dimension miraculeuse sert aussi ce récit de cow-boy en fuite en plein désert, faisant vite la route sans leur monture, volatilisée après avoir affronté une tempête de sable, puis bientôt sans eau, avant de retrouver la foi face à l’apparition de cette femme sur le point d’accoucher, leur demandant de s’occuper de son enfant, en les sacrant parrains.

     C’est aussi par son glissement que le film s’avère agréablement surprenant, glissement qui s’immisce d’emblée que les trois cowboys arrivent en ville pour faire leur casse : ils font une halte devant un portail sur lequel est écrit B.Sweet, vont en rire avec le bien nommé, boire le café que son épouse va leur offrir, avant de découvrir que Buck Sweet n’est autre que le shérif du village. Il y a déjà cette incongruité, à la fois douce et violente.

     Le simple casse se transforme bientôt en fuite désertique, ralentie par le la blessure de l’un d’eux, avant qu’il n’y ait plus rien d’autre que la quête pour sauver le nourrisson. Par cette drôle de destinée, le film trouve ses plus belles inspirations, aussi bien dans son récit de survie – extirper l’eau des cactus, donner le biberon au bébé, le protéger de la chaleur, rejoindre un village – que dans sa forme, ses cadres, ses couleurs, à l’image de cette roulote perdue entre les dunes, de cette longue traversée d’un lac salé ou de cette arrivée providentielle dans les grottes.

     Il fait chaud dans la vallée de la mort, le ciel est écrasant, les sols sont hirsutes, les corps s’affaissent, les gourdes deviennent le Graal, et Ford, ça, en rend compte à merveille. J’aime tellement ce qui se joue entre ces trois hommes, la relation qu’ils nouent chacun avec l’enfant, le running gag autour de son prénom, dommage qu’on insère ci et là les avancées du shérif et ses hommes. Quant à la fin, on peut là aussi la trouver excessive dans sa volonté de confirmer la dimension religieuse, on peut aussi être ému par l’humanisme qui s’en dégage, cette légèreté apparente mâtinée d’une certaine gravité, qui en fait une sortie absolument bouleversante.

Plaire, aimer et courir vite – Christophe Honoré – 2018

Pierre Deladonchamps, Vincent LacosteLes derniers baisés volés.

   8.0   A l’instar de Téchiné, jamais compris ce qu’on pouvait trouver de passionnant dans le cinéma d’Honoré. Il y a parfois de beaux films (« Les temps qui changent » chez l’un, « La belle personne » chez l’autre, on doit pouvoir en trouver d’autres) mais rien qui marque durablement, tant les quelques jolis élans sont systématiquement compensés par des afféteries lourdingues d’auteur auto-couronné – Les chansons d’amour, bien qu’il faille que je le revoie, m’a gravé cette impression de charme et de grotesque mêlés plutôt embarrassants.

     C’est la toute première fois qu’Honoré m’embarque et m’émeut à ce point. Plaire, aimer et courir vite est un film brillant, foisonnant, protéiforme, construit autour de ce double (sinon triple) portrait de garçons mû par leurs désirs, cette urgence de plaire et d’aimer, sous fond d’épidémie de Sida puisque le récit se déroule en 1993. Honoré filme avec intensité les soubresauts amoureux. Et si le film est parcouru de citations littéraires, il n’est jamais écrasé pour autant.

     C’est l’irruption d’In a different place, de Ride, qui d’abord m’a cueilli, moins par le fait de l’entendre (même si oui, Nowhere est l’un des plus beaux albums du monde à mes yeux, donc ça fait son effet) que dans l’utilisation qu’Honoré en fait : Un véhicule de sentiments, d’un garçon à l’autre, d’une chambre étudiante à la rue, de l’ennui au plaisir charnel. L’appartement est truffaldien et l’extérieur sera fassbinderien. Double influence qu’Honoré confirmera plus tard lorsqu’Arthur pose sa main sur la tombe de l’auteur de L’homme qui aimait les femmes, puis quand on découvre une affiche chez lui de Querelle. Ride ici, bientôt Cocteau Twins, Christophe Honoré a bon goût.

     Voir ce film aujourd’hui, pile un an ou presque après 120 minutes par minute, lui donne une dimension nouvelle, tant il est aussi bien le parfait complément que son antithèse. La grande différence de fond c’est l’engagement, puisque contrairement au film de Campillo, les personnages chez Honoré ne sont pas engagés dans la lutte collective, seul leur importe le désir d’aimer et d’être aimé. Rien d’étonnant à y songer tout en s’y éloignant davantage encore lorsque Arthur annonce à Mathieu qui le transmettra à Jacques qu’il ira à une réunion d’Act Up entre deux expositions Beaubourg. Plaire, aimer et courir vite se situe à côté de 120 battements par minute, dans un même temps mais dans un autre monde, une autre circulation de désirs et cela se vérifie aussi d’un point de vue formel tant les deux films n’ont aucune ressemblance.

     Cette légèreté (d’autant que le film est aussi très drôle) de la romance multiple (Mathieu et son danseur, Jacques et Jean-Marie, Nadine et Arthur) qui traverse les époques (Jacques et Mathieu, Marco et Jacques) débarrassées de la lutte se trouve vite compensés par une gravité permanente, forcément soutenu par la maladie, puisqu’on apprend rapidement que Marco (il a deux scènes, véritablement : l’une hors-champ, puisqu’il laisse un message téléphonique, l’autre dans une salle de bain et c’est absolument bouleversant) et Jacques sont tous deux touchés par le Sida. La gravité c’est aussi Louis dit Loulou qui la véhicule, ce garçon étonnant qui bientôt n’aura plus de père. La scène qu’ils ont en commun, lui et Arthur, l’ami de son père, directeur d’un centre scolaire, est magnifique, j’en chialais.

     C’est un film qui sait rendre somptueux les à-côtés de son histoire d’amour centrale. En fait, il y a même très peu de moments où Jacques et Arthur sont réunis comparés à ce qu’on pouvait en attendre. Les plus belles séquences du film se situent peut-être même dans ces à-côtés. Une double scène de bain, l’une réelle et l’autre rêvée, toutes deux terrassantes, entre Jacques et Marco, épuisé puis déjà parti. Et puis j’aime énormément l’espace donné à la relation entre Arthur et Nadine, qui me rappelle ce qu’en faisait Luca Guadagnino dans Call me by your name, entre Thimothée Chalamet et Esther Garrel.

     Globalement j’aime l’écriture du film, remarquable. La circulation d’un personnage à un autre. Qu’ils s’agissent de ceux qui apparaissent tardivement (la mère de Loulou, jouée par Sophie Letourneur) ou ceux qui sont là brièvement par intermittences (Denis Podalydès, le voisin) on sent qu’Honoré aime chacun d’entre eux, qu’il pourrait leur offrir dix fois plus de choses à dire et de temps pour le dire. Son film dure déjà 2h15 mais il pourrait facilement faire une heure supplémentaire, sitôt qu’il aura déployé un peu plus d’eux, qu’on l’aurait accepté.

     Il faut aussi parler de la finesse des dialogues puisque c’est aussi sur les mots que se construit cette relation et l’on sent que c’est sur les mots que se sont construit les anciennes relations de Jacques – Parenthèse pour dire que c’est aussi pour cela que le film est puissant, c’est qu’il témoigne d’un présent où l’on se doit d’imaginer le passé qu’il transporte, les multiples vies que Jacques a traversé. J’aime entendre un ami d’Arthur réciter soudainement du Koltès, pour lui montrer qu’il a lu ce qu’il lui a conseillé. J’aime entendre Jacques dire à Mathieu, la veille de son départ, trouver qu’il a fait une super équipe avec Isabelle, la mère de son fils, sans pourtant avoir été un couple.

     Honoré m’avait toujours semblé un peu trop coquet dans ses utilisations formelles héritées de la Nouvelle Vague. Ici il est plus discret. Et si son film est truffé de petites idées, à l’image de cette lettre qui s’imprime sur l’écran, de ces parenthèses musicales, de cette rencontre au cinéma (Au secours, sur le papier) ou de ces compositions de plans qui avant me sortaient de ces films plus qu’autre chose, aucune de ces idées ne vient briser le rythme ni l’identité du film. Son récit est plus fort. Sans doute parce que lui s’intéresse davantage aux personnages qu’il filme qu’à se regarder les filmer. Et puis sans doute car Honoré ne m’avait jamais semblé autant dans la confidence avec son spectateur, si honnête avec lui-même, si personnel dans chaque recoin de son film.

     Et puis ce qui m’intriguait (plus que d’habitude, puisque je n’étais pas allé voir en salle un film d’Honoré depuis Les bien-aimés) c’était la réunion à l’écran de trois acteurs au parcours bien différents puisqu’on pourrait grossièrement dire que L’inconnu du lac se hissait à Liberté Oléron pour jouer Les beaux gosses. J’étais sceptique et en fait ça fonctionne. Super trio de comédiens. Complémentaires. Aucun des trois n’écrase les deux autres, pourtant c’était casse-gueule.

Ready player one – Steven Spielberg – 2018

06. Ready player one - Steven Spielberg - 2018Inside out.

   7.5   J’ai mis du temps à me décider à y aller. Contrairement à Pentagon papers (que j’aurais adoré voir en salle, mais que j’ai honteusement raté) plus le temps passait moins j’en ressentais l’envie (J’avais vécu un truc similaire pour la sortie de Tintin, excité parce que c’était Tintin et Spielberg, sceptique parce que ça semblait moche) et sur un regain de motivation j’ai couru voir la dernière séance où il jouait chez moi. Je ne sais pas trop ce qu’il m’en restera dans un mois, un an voire davantage (Généralement, les films de Spielberg traversent bien le temps, qu’ils soient ludiques ou sérieux, à grands renforts d’effets spéciaux ou relativement économes), mais à chaud, j’ai pris un pied d’enfer, du premier plan au dernier. Voilà, première nouvelle et non des moindres, je suis ravi d’avoir fait le déplacement – Car au vu de la bande-annonce, ce n’était pas gagné, loin s’en faut – puisque c’est l’un des films les plus généreux qu’ait offert Spielberg. Aussi généreux que l’était Tintin il y a sept ans ou sa franchise Indiana Jones il y a un peu plus longtemps encore.

     On a beaucoup entendu (presse/ public/ amis cinéphiles) que le film échouait à rassembler la culture geek autant qu’il échouait à rassembler les fans de Spielberg. Je pense plutôt qu’il y a deux écoles. Le fait de me retrouver foncièrement ni dans un clan ni dans l’autre, m’a permis de l’appréhender à la fois en tant que double hommage qu’en tant que mise en abyme d’un auteur icone. En fait il y a deux films en un et j’aime beaucoup les deux. D’abord parce que ça vibre à fond cinéma et pop culture avec un équilibre parfait. Ensuite parce qu’il y a un auteur aux manettes, ce n’est pas juste un doudou pour nostalgique ou un joujou pour geekos. Alors certes on pourrait se dire que c’est la moindre des choses venant d’un cinéaste comme Spielberg, mais il me semble que dans ce cas précis, le projet semblait beaucoup plus casse-gueule qu’un Tintin. Plus casse gueule qu’un Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal qui lui, pourtant, s’est volontiers cassé la gueule.

     Ready Player One a ceci de bouleversant qu’il raconte l’histoire d’un enfant dans le corps d’un vieil homme (Mine de rien, Spielberg a déjà plus de 70 printemps) aussi fier qu’il est terrifié devant l’héritage qu’il laisse, et se demande comment faire pour passer le flambeau. Alors, Spielberg a trouvé le moyen de revenir sur la culture qui l’a inspiré et celle qu’il a aussi beaucoup engendré, en livrant ce divertissement absolu, qui aurait pu tomber dans le catalogue de vignettes, mais qu’il parvient à faire tenir en petits plaisirs cumulés, émouvants et jubilatoires tout en restant cette affaire de mise en abyme du créateur (Spielberg/James Hallyday) et de sa création (Sa filmographie/ l’Oasis). Un clin d’œil à Thriller, de Michael Jackson côtoie un hommage au Citizen Kane, de Welles. Il y a tant de choses alors au hasard : Le Zemeckis Cube, objet onéreux que Parzival peut s’acheter suite à sa victoire à la course, lui permettra de remonter le temps de trente secondes. Ou bien ce géant de fer qu’Aech construit dans son hangar et qui sera l’artisan majeur de la bataille finale, dans laquelle il disparaitra à la manière du T800 dans la fonderie à la fin de T2. Et pourtant, on n’est jamais abruti sous le déluge. Le film a une vraie identité, un parcours à faire partager. L’oasis, en hommage à Minecraft (je vous passe le nombre d’allusion aux jeux vidéo, c’est impressionnant) ce monde virtuel qu’il crée, est une issue ludique à un réel apocalyptique. Le film s’ouvre d’ailleurs sur ce réel puisqu’il nous immisce dans cette terre de bidonvilles verticale, pour suivre un personnage qui descend un étage, d’une habitation à l’autre, comme on le faisait dans les premiers jeux de plates-formes. Tout le film tient déjà dans ce premier plan.

     Diverses séquences sont sinon d’ores et déjà mémorables (à mes yeux) au moins somptueuses, à l’image de la course (très tôt dans le film) qui offre un beau voyage (en Delorean avec Parzival ou en moto de Kaneda avec Art3mis mais on peut aussi croiser l’Interceptor de Mad Max, La Plymouth de Christine et d’autres encore, j’imagine…) entre les monstres du cinéma (T-Rex, King-Kong…) ce qui place inévitablement le film dans l’autoréférence (et pas seulement dans l’hommage gratuit, joli, premier de la classe) puisque les monstres du cinéma, Spielberg en a créé quelque uns. Et la plus grande idée de cette course c’est que pour la gagner il faut la courir en arrière, sous le décor, c’est comme si Spielberg nous disait que pour comprendre Ready player One il fallait revenir à Jurassik Park, qui déjà était une mise en abyme absolue : Spectateurs et personnages du film se confondaient, chacun découvrant le même spectacle en même temps. On pourrait aussi évoquer la superbe séquence reprenant un film de Kubrick que je ne citerai pas (Franchement, c’est tellement fort, surprenant, osé) et qui a tout pour être foirée mais s’avère absolument géniale, jouissive, sans doute car Spielberg fait plus qu’un clin d’œil, il le réactive, se le réapproprie et nous invite à vivre dedans. L’hommage quitte vite cette entreprise de sérieux qui le guette, pour ne plus produire qu’un magma informe, récréatif, parade absolument jubilatoire pour moi, déluge de très mauvais goût dirons les autres. Il y a certes plein de défauts et de trucs qui devraient me gêner mais si d’une part j’étais de bonne composition, je pense surtout que Spielberg annule chaque point faible par une idée de génie.

     Si j’ai un bémol, un vrai bémol, c’est l’issue de cette interrogation qui traverse le héros et le personnage féminin dont il tombe amoureux au début : Ils se plaisent en tant qu’avatars, mais se plairaient-ils dans le réel ? L’idée  n’est pas évacuée, ils vont d’ailleurs se rencontrer, mais une partie de moi aurait aimé qu’il y ait une petite imperfection là-dedans, que le personnage féminin soit en fait un garçon peut-être pas, mais qu’elle soit autre chose que celle dont il aurait rêvé dans ses rêves les plus fous – L’imperfection tâche de naissance, ce n’est pas suffisant. Mais même ça je ne suis pas certain que ce soit un reproche : On pourrait en effet là aussi trouver ça très intelligent et dire que s’ils se trouvent dans le réel c’est parce qu’ils se sont trouvés dans le virtuel, faisant de ce dernier beaucoup plus qu’une issue au réel mais sa projection la plus fiable. En fait ce décalage Spielberg le traduit avec le meilleur pote, sur une touche beaucoup plus légère, c’est bien, mais c’est un peu trop facile. Ravi, malgré tout de cette kyrielle de personnages, qui font un peu Goonies 2.0, et surtout de ceux qui les interprètent puisqu’on retrouve Olivia Cooke, le rayon de soleil de la décevante série Bates Motel, et Lena Waithe qu’on adore dans Master of None.

Convoi de femmes (Westward the Women) – William A. Wellman – 1953

15. Convoi de femmes - Westward the Women - William A. Wellman - 1953Survivantes de l’absurde.

   7.5   Depuis La dernière piste, je rêvais de voir ce film de Wellman, je ne sais plus vraiment pourquoi (L’ai-je lu ? Imaginé ? Associé inconsciemment ?) j’étais persuadé que Kelly Reichardt s’était inspiré de Convoi de femmes. Pas vraiment en fin de compte. Enfin, ce n’est pas évident. Il est certes question dans chaque cas de rejoindre une terre de l’Ouest via un convoi de chariots bâchés, avec un long périple à parcourir : Ici un éleveur de bétail recrute une centaine de femmes et lève les voiles à Chicago en vue d’atteindre son ranch californien. C’est un voyage de plus en plus précaire, au ralenti (les chargements sont conséquents) entre plaines arides et lacs salés brulants, froide humidité des nuits et ambiance poussiéreuse le jour, jusqu’à essuyer un moment donné une forte tempête. Et quand il s’agit moins d’obstacles météorologiques, le convoi est freiné par les attaques indiennes. On fatigue, on meurt, les chevaux se blessent, les covered-wagons les plus fragiles se disloquent. Et comme chez Kelly Reichardt il est principalement affaire de femmes traversant cette violente immensité dans leur robe à corsage virant guenille, les unes maniant les armes, les autres les mules. Contrairement à Reichardt, Wellman ne filme pas vraiment le quotidien cérémonial (Préparer à manger, laver le linge, prier, lire, boire) ni les traversées silencieuses. On ressent peu l’ennui et l’épuisement. Ce qui l’anime ce sont les joutes entre les uns, les admirations muettes entre les autres, les affrontements, aussi bref fussent-ils et surtout l’hécatombe progressive, le délitement physique du convoi. Il y a une séquence très forte un moment donné, lorsque le convoi a essuyé une attaque (qu’on ne verra pas, puisqu’on suit l’embryon de romance entre l’actrice française et l’éclaireur) : Ce dernier demande à ce qu’on compte les victimes, c’est alors qu’à la manière d’une classe d’école, les vivant(e)s énumèrent les mort(e)s dans un coin désert encerclé par des montagnes rocheuses ce qui a pour conséquence de faire résonner en écho chaque nom de victime. On ressent ça dans Convoi de femmes et peut-être davantage que dans n’importe quel autre western, n’importe quelle autre conquête de l’Ouest, parce que ce sont des femmes : Parmi les potentielles pionnières il y avait celles qui ont donné leur vie (Si le convoi va jusqu’au bout c’est aussi collectivement) pour que l’Amérique ait ses mères. C’est donc un beau western féministe, réalisé par un Wellman qui soigne chacune des compositions de plans, notamment quand il s’agit de saisir le déplacement de cet infime convoi au milieu de l’immense étendue désertique, marquée par cet horizon invisible, tant le noir et blanc très blanc fait fusionner ciel et terre.

Terrain d’entente (Fever pitch) – Bobby & Peter Farrelly – 2005

FEVER PITCHYou move me.

     9.0   Terrain d’entente est le film des frères Farelly qui me touche tout particulièrement. C’est d’abord une rencontre, entre une fille et un garçon que tout oppose. Lindsey travaille dans la publicité, elle est dynamique, ambitieuse, semble ne laisser que des miettes pour sa vie personnelle. Ben est enseignant et ne vit/vibre que pour les Red Sox, son équipe de Base-ball préférée depuis que son oncle l’a emmené voir gamin un de leurs matchs. Ils vont malgré tout tomber amoureux l’un de l’autre, et ça les Farrelly le racontent bien. On croit en cette histoire et on pense même assez vite qu’elle peut traverser tous les obstacles, puisque tous deux sont conciliants dans la vie et plutôt aventureux. Si tout d’abord, Lindsey ne va pas refuser une invitation alors que Ben ne l’attirait apparemment pas, il se montrera très humble lorsqu’elle sera en pleine crise vomitive.

     Petit à petit ils vont devenir un couple. Sans secrets ou presque. Quand ses copines commencent à douter de l’incroyable perfection de son homme allant jusqu’à l’imaginer planquer des cheveux et des ongles dans un placard, Lindsey se pose plein de questions. Et finira par découvrir le hic. Car oui, il y a un hic. Le genre de défaut habituellement pas très emmerdant conjugalement parlant, mais qui peut le devenir assez vite lorsqu’on s’y adonne comme Ben s’y adonne. Elle découvre alors un grand passionné, ça elle le savait déjà (les posters sur les murs, les maillots, ou de nombreux objets improvisés supporters des Red Sox, comme ce téléphone/gant) mais une passion qui prend de la place. A première vue pas très grave, il file voir les matchs, ça dure six mois dans l’année, ok l’épreuve est surmontable, d’autant que son boulot à elle devrait lui prendre un temps encore plus considérable. Rien de rédhibitoire, encore. C’est aussi ce qui fonctionne très bien dans Terrain d’entente : Il n’y a pas de violent rejet ni n’improbable compromis, c’est une histoire de couple plutôt insolite (l’attirance des contraires) mais que les Farrelly choisisse de traiter sous un angle aussi réaliste et poétique qu’Apatow dans sa série Love. C’est tellement bien écrit, gracieux, distingué.

     Lors du tirage au sort des accompagnants (Chaque année Ben fait ça avec ses amis, pour chacun des matchs, puisqu’il a hérité de deux emplacements) Lindsey va, par amour, jusqu’à faire la concession de l’accompagner voir un match. Puis un deuxième. Puis bientôt trois dans la même semaine. Elle craque. Elle abandonne l’idée, désormais, ils sortiront chacun de leur côté lorsqu’il y aura match. Toujours pas trop d’inquiétudes. Puis cette passion deviendra vite un obstacle. A leur réussite conjugale d’une part, puisqu’il refusera notamment de l’accompagner visiter Paris pour ne pas rater un match important de son équipe. Puis à leurs discussions quotidiennes (pourtant si importantes) où cette drôle de romance cède le pas aux multiples engueulades.

     Il y a deux personnages dans Terrain d’entente. Ou presque, les autres ne sont pas très intéressants ou de façon éphémères au détour d’une vanne ou d’une situation rigolote (Comme il en sera le cas aussi dans le très beau En cloque, mode d’emploi, de Judd Apatow), ils ne sont pas suffisamment travaillés pour que l’on s’y intéresse, ils gravitent autour de Ben & Lindsey, les nourrissent, leur permettent de briller. Drew Barrymore et Jimmy Fallon sont tous deux incroyables. Ce couple, assez casse-gueule sur le papier pourtant, fonctionne à merveille dès l’instant qu’il lui enfile sa chemise de nuit alors qu’elle est malade – il promet de ne pas regarder puis avoue qu’il n’a pu résister, elle lui sourit – que jusqu’à cette fin aussi amusante que lumineuse sur le terrain de base-ball.

     Leur terrain d’entente n’était sûrement pas le terrain de Base-ball à la base, pourtant c’est bien lui qui leur a révélé. Cette fin magnifique qui intervient comme un double effort important à la survie du couple est une immense porte ouverte à l’entente éternelle. On ne voit pas plus beau gage de compromis sincère effectué par l’un (tout quitter pour elle) comme par l’autre (l’empêcher de le faire) comme si maintenant, après le film – alors que dans les faits c’est elle qui a perdu (puisque lui continuera à voir ses matchs) – il ne pouvait plus y avoir de telles mésententes, comme si une équité allait être pour toujours respectée, Sox ou pas Sox.

     Le film est par ailleurs très documenté : On y intègre ici et là des images d’archives ou des images tirées de vrais matchs, voire à réutiliser des moments phares comme ici lorsque Stephen King fait l’ouverture de la saison, ou bien évidemment des images de liesse de leur victoire lors du générique final. On apprend aussi, en même temps que Lindsey l’apprend, que les Sox sont frappés d’une malédiction – dite de Bambino, du surnom de Babe Ruth, le joueur qui les fit gagner trois championnats avant de signer pour les Yankees en 1919 – qui plane sur l’équipe qui n’a plus gagné de championnat depuis 87 ans. Certains fans vont même jusqu’à associer ce cruel destin à celui du Titanic qui aurait coulé le lendemain de l’inauguration du Fenway Park, le stade des Red Sox. Comme un signe.

     Les Farrelly ont donc cette idée lumineuse d’associer cette histoire d’amour à celle des Red Sox. L’équipe finit par briser la malédiction et devient la métaphore de ce couple, que seul un miracle pouvait faire émerger, faire durer pour finir par le rafistoler. Si les Sox n’avait pas gagné de titre depuis un siècle, on se demande bien combien de chances l’histoire de Ben & Lindsey avait de survivre. C’est la victoire sportive inespérée d’un côté et la victoire de l’amour de l’autre, de la compréhension de l’autre, l’acceptation de sa différence, dans ce qui ressemble, à mes yeux, à ce qu’on peut créé de plus touchant et élégant en matière de comédie romantique.

Solo, A Star Wars Story – Ron Howard – 2018

29. Solo, A Star Wars Story - Ron Howard - 2018Le contrebandier héroïque.

   5.5   Est-ce parce que j’en attendais rien (C’était déjà le cas de Rogue one) ou parce que Les derniers Jedi (La dernière salve en date) fut une franche déception ou parce que les avis à propos de Solo depuis sa sortie cannoise étaient carrément négatifs ? Quoiqu’il en soit j’ai pris du plaisir devant ce nouvel épisode indépendant.

     Alors c’est pas Rogue one, c’est certain, ne serait-ce que du seul point de vue de la mise en scène (Ron Howard fidèle à lui-même reste un artisan aussi médiocre qu’il est parfois efficace et transparent, comme ici) tant ce dernier était parcouru d’idées brillantes, dans ses transitions entre planètes, son ambiance suicidaire et sa limpidité ; Et aussi dans sa capacité à se relier aux trilogies de Lucas : Rogue one gagnait clairement à se situer à l’aube de l’épisode 4 jusqu’à être ni plus ni moins ce que les trois paragraphes d’ouverture de l’épisode 4 racontaient. Dans Solo on se fiche un peu de quand ça se joue par rapport à la prélogie, mais il y a quelque chose de touchant et libre dans son approche de prequel qui le rapproche de La menace fantôme, qui bien qu’il fasse partie d’une trilogie existait déjà davantage en tant que chapitre libre.

     Et c’est un épisode qui nous fait grâce de petits personnages rigolos/insupportables comme Jar-Jar ou les Porgs donc rien que pour ça, merci. C’est donc l’occasion de voir Han Solo, Lando Calrissian, Chewbacca et le Faucon Millennium bien avant leur équipée rebelle. De voir Solo faire la rencontre de Chewie dans la boue. De voir Solo croiser la route de Lando à une tablée de cartes. De voir Solo prendre les commandes du Faucon pour la première fois. Rien de vraiment inattendu mais ça fonctionne bien.

     Reste à identifier si tout le mystère qui entoure certains personnages (notamment Kira et Beckett) est pensé pour ouvrir sur l’univers étendu où si leur succin portrait relève d’une paresse d’écriture hallucinante, tant on a bien du mal à cerner chacune des motivations de leurs revirements et autres trahisons. Par ailleurs, le plus surprenant dans cette affaire c’est de voir combien le personnage de Han Solo est sacrifié (et joué par une endive niveau 5 sur l’échelle d’Hayden Christensen, enfin c’est pas Harisson Ford, quoi, mais il ne gâche rien pour autant) au profit de la relation entre Lando et son droide L3 (Le beau personnage du film, qui confirme après K2 que les épisodes indépendants soignent bien leurs nouveaux robots).

     Donc, rien de folichon mais rien de déshonorant non plus dans ce chapitre : à la limite j’aurais retiré la ridicule apparition de Maul car j’aimais bien la discrétion des clins d’œil jusqu’ici et que là, d’un coup c’était vraiment grossier, en plus d’être déroutant si l’on ne connaît pas comme moi (mais du coup je me suis renseigné) l’univers étendu et que l’on ne sait pas que Maul a survécu au sabre d’Obi-Wan. Mais pareil ça me gêne sans trop me gêner. Ça me gêne moins que plein de trucs de la prélogie, quoi.

     Et sinon y a plein d’acteurs hétéroclites là-dedans, c’est rigolo : Emilia Clarke, Donald Glover, Woody Harrelson, Phobe Waller-Bridge (Je ne pensais pas qu’on pouvait réunir Game of thrones, Atlanta, True detective et Fleebag mais ça me plait, jolie performance) ainsi que Paul Bettany, Thandie Newton et… Willow, même si bon, on sait qu’il a l’habitude des Star Wars, lui.

     Bref, c’est loin très loin d’être la purge que j’attendais. C’est bas du front, certes. Ça fait un peu sous western spatial qui fait office de Mad Max du pauvre, oui. C’est très terne du point de vue de l’image, les personnages ont une « histoire » qui tient en deux lignes, ça joue trop dans la surenchère de petites trahisons au point qu’il n’y a vite plus rien de surprenant, pourtant c’est aussi très généreux dans l’action, plus étiré dans ses séquences (celle du train, vachement bien) et moins tenté par la petite touche comique-neuneu qu’on doit désormais nécessairement se coltiner dans chaque blockbuster.

Les sept mercenaires (The magnificent seven) – John Sturges – 1961

Steve McQueen, James Coburn, Yul BrynnerLa providence sauvage.

   7.0   On comprend très vite que Les sept mercenaires s’inspire des Sept samouraïs, de Kurosawa. On peut y voir de l’opportunisme américain à adapter un film japonais six ans après sa sortie. On peut aussi trouver ça courageux. Il faut quand même en avoir pour oser reprendre / se frotter à Kurosawa. Alors on ne peut s’empêcher de voir de l’héroïsme déplacé dans ce récit d’américains venant en aide aux paysans d’un village mexicain – tandis que les samouraïs chez le cinéaste japonais se battaient pour le compte de paysans japonais. Néanmoins c’est un héroïsme plus suicidaire que téméraire, c’est pas La horde sauvage non plus, mais il y a clairement un groupe d’âmes déchues sinon seules (Bronson fendant ses bûches sur sa colline, McQueen aventurier désargenté, Coburn las d’être meilleur lanceur de couteau que les meilleurs tireurs…) qui s’engagent dans le combat à la fois par fierté et amour du risque plus que par justice ou appât du gain – Le pactole est de 20 dollars/tête. Séparément ils ne sont pas grand-chose, mais ensemble, dévoués à cette affaire, ils semblent tous persuadés, chacun à leur échelle, de la futilité de l’existence et donc de l’importance du combat. C’est très beau. Outre cet aspect foncièrement mélancolique, que la fin viendra accentuer, la bonne idée de John Sturges est d’avoir véritablement tourné la quasi intégralité du film au Mexique et d’avoir fait exister ce village mexicain, ces hommes, ces femmes, ces enfants, autant qu’il offre de place à son casting de luxe. Il y a des choses très réussies, à l’image du rapport très doux entre Bernardo (Bronson) et les enfants ; de l’embryon d’histoire amoureuse entre Chico et une jeune villageoise. Malgré quelques baisses de rythme, le film est globalement inspiré dans sa construction, dans l’action et dans sa mise en scène, à la fois dévouée à ses stars sans qu’elles ne prennent trop de place.

Vers la tendresse – Alice Diop – 2016

09. Vers la tendresse - Alice Diop - 2016La cité sans voiles.

   6.0   Après un premier plan dans une salle de boxe, voyant deux hommes se faire face et frapper dans un sac, comme si déjà il y avait cette hypocrisie, ce désir refoulé d’aimer, maquillé par la violence des poings, Vers la tendresse s’ouvre sur ces mots : « Au cours d’un atelier sur le thème de l’amour, j’ai rencontré quatre jeunes hommes tous originaires de Seine Saint-Denis. J’ai enregistré nos conversations. J’ai eu envie de faire de ces voix un film »

     L’idée majeure, c’est de dissocier l’image de la matière sonore d’être à la fois dans le documentaire (l’observation / l’écoute) sans pour autant voguer dans le naturalisme, afin de confronter un espace de parole à un espace de vie. Ce sont donc quatre voix off de leur intimité qui se juxtaposent sur des images quotidiennes : celles de jeunes de quartiers, attablés à la terrasse d’un kebab, glandant sur un trottoir, dans une voiture en direction d’un week-end bruxellois ou marchant dans la rue.

     Dès la deuxième conversation, on pense que les suivantes suivront un schéma similaire à savoir la confession aussi misogyne que désenchantée d’hommes incapables d’aimer – L’un dira qu’éprouver des sentiments n’est pas du tout un comportement de racaille, l’autre qu’il n’a jamais vu l’amour, pas même dans le cercle familial – et recroquevillés dans leurs certitudes et leur lucidité – Ils sont convaincus d’être d’aussi grands salauds que les femmes sont des salopes, convaincus de leurs frustrations et de leur incapacité de nouer de l’affection. Sauf que le film surprend et demande alors à écouter deux autres discours très différents. Deux voix porteuses d’espoir et de liberté.

     Celle de Patrick, d’abord, ami de la réalisatrice, qui a grandi à la Courneuve avec ce désir pour les garçons, passant le plus clair de son temps à faire le mec (Il se bat énormément au collège) devant les autres, à se faire des mecs en cachette, sans jamais s’octroyer autre chose que du plan-cul. Il admet que, comme beaucoup, il s’est longtemps persuadé qu’on est taxé de pédé seulement quand on aime et qu’on se fait enculer. Sa parole, lumineuse, éclairée, valait au film son existence, ce qui donne d’autant plus de crédit à Alice Diop de l’avoir associé à trois autres qui lui sont diamétralement opposées sur bien des points.

     Celle d’Anis, ensuite, qu’on suit dans les bras de sa petite amie dans un hôtel d’Aulnay-Sous-Bois, se cachant de la cité ainsi que de leurs parents, pendant qu’il raconte off son amour des couples depuis tout gosse, ce désir d’aimer, de serrer quelqu’un contre lui, plus fort que n’importe quelle tentation de mise en conformité de la rue. Ici l’apparence est encore un problème mais on accepte de s’aimer. Et l’on se dit, bien que le chemin soit encore long, qu’entre la première image et la dernière, le film a voyagé de façon positive.

     Vers la tendresse, qui remporte le César du meilleur court-métrage en 2017, a le bon goût de se fermer sur Le cantique des cantiques, d’Alain Bashung. Une petite parcelle de ce sublime morceau, évidemment, mais c’est déjà beau.

Libre comme le vent (Saddle the Wind) – Robert Parrish – 1958

02. Libre comme le vent - Saddle the Wind - Robert Parrish - 1958L’enfer des armes et barbelés.

   6.0   Premier film que je voie de Robert Parrish, auteur hollywoodien discret, peu prolifique (Une vingtaine de réalisations tout de même, et le double en tant que comédien) qu’on devine aisément dans l’ombre imposante, entre autre, des Ford, Hawks, Mann, Daves, ou Sturges, ce dernier officiant d’ailleurs ici en tant que co-réalisateur non crédité puisqu’il s’occupa d’insérer des plans de coupe imposés par la production. Plutôt une bonne pioche que ce Libre comme le vent, dont on croit qu’il sera une simple histoire de vengeance (parcelle de récit dont il se débarrasse vite) avant qu’il ne soit à la fois affrontement pour un territoire (Une prairie occupée par un shérif pacifique, un nordiste en quête d’une terre paisible pour lui et sa famille, ainsi que deux frangins aux antipodes l’un de l’autre dans la méthode mais souhaitant tous deux le départ des « squatteurs ») et duel fratricide. Robert Taylor d’un côté et John Cassavetes de l’autre, le calme contre la tempête, la quiétude diplomatique contre l’excité de la gâchette, incarnent deux personnages complexes et donnent tous deux corps à cet affrontement inévitable, qui se solde dans une prairie inondée de fleurs mauves, avec la montagne enneigée en arrière plan. Si le film est plutôt inégal dans son rythme et son interprétation parfois over the top, on ne peut lui enlever la sécheresse de son style, l’ambivalence de son récit et ses paysages majestueux.

Panda petit panda (Panda-Kopanda, Panda-Kopanda Amefuri, Circus no Maki) – Isao Takahata – 1973

03. Panda petit panda - Panda-Kopanda, Panda-Kopanda Amefuri, Circus no Maki - Isao Takahata - 1973Le conte de Mimiko.

   6.0   Etrange comme ce film peut sembler bisounours, dans sa relation entre la petite fille et les pandas échappés d’un zoo, autant que tragique, dans la mesure où l’on sait en filigrane, d’une part que cette petite fille n’a pas de parents, d’autre part qu’elle raconte ses aventures à sa grand-mère – qui est parti on ne sait trop où dès la première séquence du film et en un sens on peut s’imaginer qu’elle ne reviendra pas – de façon épistolaire. Et tout le film est habité par ce surplus de naïveté, disons plutôt de fine tendresse contagieuse, jusque dans l’épisode du cirque et de l’inondation, dans lequel on se sent bien sans pour autant qu’on n’oublie ce statut d’orpheline de Mimiko et celui de Pandi, ce petit panda sans mère. Si la première partie du film raconte cette cohabitation insolite, c’est aussi pour composer une famille qu’ils se rencontrent. Et ça c’est très beau. Mais un peu chelou puisque Mimiko se réclame à la fois comme maman de Pandi et fille du papa de Pandi. Mais c’est pas grave, c’est que de l’amour. Quand enfin ils aident tous trois un petit tigre perdu, échappé d’un cirque, à retrouver sa mère, on peut se dire que la boucle est bouclée et qu’on a dans ce récit tout simple beaucoup de Miyazaki (il est à l’écriture ici) avant l’heure. Pour ce qui est du dessin, Takahata est loin de l’aura esthétique qui parcourt Le conte de la princesse Kaguya, c’est moins ambitieux, plus schématique mais les cadres sont déjà beaux, dans leur composition et leur étirement. Ravi d’avoir fait la découverte de l’un des tous premiers films de Takahata, en salle, accompagné de mon fiston. Un beau médicament qui donne le sourire et te fait fredonner sa petite musique un long moment après son visionnage.

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