Elegie de la traversée.
7.0 Vingt minutes, dix plans. Tous fixes, plutôt un beau score sur l’échelle de James Benning, bien que ce soit à un autre cinéaste auquel on songe constamment, à savoir Aleksandr Sokurov, notamment ses travaux courts comme Une vie humble et Elegie orientale à la différence qu’aucune voix off ne sera ajoutée ici – ni paroles, d’ailleurs – tant il s’agit d’observer des déplacements, des traversées du plan. Il semble qu’on se situe dans un village hors du temps, dans les jardins d’un vieil asile psychiatrique rural, saisi dans un noir et blanc somptueux, net au centre, flou sur ses bords, nimbée d’une aura aussi ordonnée que féerique, où chaque plan est composé à la perfection, avec ses lignes de fuites, ses mouvements gracieux. Des hommes et des femmes se croisent, entrent dans le plan puis en sortent, caressent une vache, secouent des draps, écoutent l’un d’eux jouer de l’accordéon, ils sont les derniers habitants de ce monde malade, simple, élégiaque. Le travail sonore, d’une grande richesse est entièrement retravaillé en post-production, faisant ressortir des voix lointaines, un langage non identifiable, mais surtout le bruit des éléments, de la faune, de la flore. Il faut le voir comme un rêve, très court puisque ça ne dure que vingt minutes donc on pourrait aisément y revenir et s’y perdre encore brièvement. C’est très beau.
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