La providence sauvage.
7.0 On comprend très vite que Les sept mercenaires s’inspire des Sept samouraïs, de Kurosawa. On peut y voir de l’opportunisme américain à adapter un film japonais six ans après sa sortie. On peut aussi trouver ça courageux. Il faut quand même en avoir pour oser reprendre / se frotter à Kurosawa. Alors on ne peut s’empêcher de voir de l’héroïsme déplacé dans ce récit d’américains venant en aide aux paysans d’un village mexicain – tandis que les samouraïs chez le cinéaste japonais se battaient pour le compte de paysans japonais. Néanmoins c’est un héroïsme plus suicidaire que téméraire, c’est pas La horde sauvage non plus, mais il y a clairement un groupe d’âmes déchues sinon seules (Bronson fendant ses bûches sur sa colline, McQueen aventurier désargenté, Coburn las d’être meilleur lanceur de couteau que les meilleurs tireurs…) qui s’engagent dans le combat à la fois par fierté et amour du risque plus que par justice ou appât du gain – Le pactole est de 20 dollars/tête. Séparément ils ne sont pas grand-chose, mais ensemble, dévoués à cette affaire, ils semblent tous persuadés, chacun à leur échelle, de la futilité de l’existence et donc de l’importance du combat. C’est très beau. Outre cet aspect foncièrement mélancolique, que la fin viendra accentuer, la bonne idée de John Sturges est d’avoir véritablement tourné la quasi intégralité du film au Mexique et d’avoir fait exister ce village mexicain, ces hommes, ces femmes, ces enfants, autant qu’il offre de place à son casting de luxe. Il y a des choses très réussies, à l’image du rapport très doux entre Bernardo (Bronson) et les enfants ; de l’embryon d’histoire amoureuse entre Chico et une jeune villageoise. Malgré quelques baisses de rythme, le film est globalement inspiré dans sa construction, dans l’action et dans sa mise en scène, à la fois dévouée à ses stars sans qu’elles ne prennent trop de place.