Archives pour juin 2018



Urgences (ER) – Saison 7 – NBC – 2001

02. Urgences - ER - Saison 7 - NBC - 2000     9.0   * Urgences 7.05 & 7.06

07/05/2018

     On s’est remis à Urgences. Après deux années de disette. Et nom d’un petit bonhomme ce que ça fait du bien !

     On avait quitté la série sur les départs de Carol & Doug. On avait aussi laissé Carter au fond du trou, réfugié dans la drogue suite à l’agression qui balaya la jeune Lucy et lui coûta presque la vie à lui aussi. Je me souvenais bien de ça mais le reste était plus flou, il a fallu que ça revienne tout doucement.

     Quatre épisodes (de très grande tenue) pour se remettre dans le bain. Puis ces deux-là, éprouvants, en miroir l’un/l’autre, puisque dans le 5 les urgences sont saturées, dans le 6 elles sont désertes.

     Rarement vu un filmage aussi effréné (mais fluide dans sa frénésie, avec une utilisation impressionnante du plan-séquence, comme souvent dans la série) que dans le 5 où l’on passe en continu d’un personnage à un autre, d’un malade à un autre, d’un cri à un autre, c’est magnifiquement exténuant. Et quand on sort de l’établissement pour monter dans un hélicoptère, aux côtés de Mark (qui a donc laissé les urgences à Benton, le pauvre) c’est pire encore, même si ça va plutôt bien se finir. Carter, lui, se retrouve face à un cas particulier d’adolescent séropositif mais l’ignorant car élevé par sa grand-mère qui l’a toujours « protégé » depuis la mort de sa mère atteinte du sida : Là ça va Vraiment mal se finir. Quant à Kovac il est aux prises avec ses vieux démons après une agression nocturne (contre lui et Abby) qui a mal tourné. Quarante-deux minutes pleines comme un œuf qui te mettent en miettes.

     Puis le 6 est un épisode classique d’Urgences dans la mesure où l’on croit qu’il va emprunter des voies plus légères avant de s’engouffrer dans un puits de tristesse. Sally Field fait une apparition dans la série, elle campe la maman d’Abby. Etrange de voir la Norma Rae du chef d’œuvre de Martin Ritt, complètement bipolaire, montée sur ressorts. Il faut voir avec quelle délicatesse l’épisode va raconter cette curieuse relation mère/fille. Sauf qu’en parallèle un jeune blessé par balles débarque aux urgences et ce n’est autre que le neveu de Benton. Là pareil c’est à chialer des seaux. Incroyable de voir comme la série s’avère à ce point brillante, qu’elle traite (de façon réaliste) de malades inconnus (le surfeur qui se plaint d’une douleur dorsale) où qu’elle utilise (donc de façon apparemment plus improbable) la famille de nos personnages préférés.

Urgences, Saison 7

20/06/18

     J’essaie de revenir sur cette septième saison dans son ensemble, chose délicate dans la mesure où je suis ces jours-ci pas loin d’en finir avec la Saison 8. Ouai, ça rigole pas.

     Outre les épisodes dont j’ai parlé précédemment, je tenais à confirmer que c’est une saison de haut vol, globalement géniale, qui m’aurait marqué à plusieurs reprises au moyen de ses nombreuses storylines, de sa pelletée de personnages incroyablement bien écrits et nuancés.

     Il y a d’abord la relation entre Abby et sa maman, hyper émouvante, traitée intelligemment, qui permet de creuser ce personnage, un peu en retrait depuis son apparition en moitié de Saison 6. Il y a aussi tout ce qui touche à Benton et son fils : les rapports avec son ex-femme, sa sœur, Cleo et même Kynesha, une amie de son neveu. Tout ce qui touche à Benton tient du pur modèle narratif, vraiment – Rien d’étonnant à ce qu’il quitte la série durant la saison suivante tant les créateurs ont mis le paquet avant les adieux.

     Surtout, la saison est marquée par un tremblement de terre : Mark Greene apprend qu’il est atteint d’une tumeur au cerveau. Il va la combattre, ça va d’ailleurs bien se passer (provisoirement ?) mais c’est assez dur à vive, pour nous, spectateurs qui l’adorons depuis toujours. C’est d’autant plus fort que Greene s’apprête à être à nouveau papa puisque Elizabeth est enceinte. Cette espèce de course contre la montre pour voir naître sa fille (avant qu’on le dise guérissable) est éprouvante. Indépendamment de cette maladie – bien que ça semble relié, comme un signe du destin – il y a un épisode intégral centré sur le mariage d’Elizabeth & Mark qui est aussi drôle qu’apocalyptique, surtout lorsque Greene est coincé dans un embouteillage sous des trombes d’eau – Dont un plan qui rappelle (ça doit être un clin d’œil, j’imagine, je n’ai pas encore vu ce film) celui de Miracle Mile (sur l’affiche du film) où Anthony Edwards est debout sur une voiture, en plein embouteillage.

     Magnifique saison, donc. Dans la lignée des meilleures. Voire qui pourrait prétendre au titre de meilleure saison d’Urgences. On sent que c’est l’âge d’or. On sent surtout que les Greene & Benton (Le quasi socle d’Urgences) sont plus si loin de la sortie. Larmichette, forcément.

Païsa – Roberto Rossellini – 1947

34. Païsa - Roberto Rossellini - 1947Brèves rencontres sur des ruines.

   9.0   Païsa constitue le deuxième segment de la trilogie de la guerre rossellinienne, entre Rome ville ouverte et Allemagne année zéro. Deux films qui se déroulaient dans une ville (Rome ici, Berlin là) tandis que Païsa se déploie à l’échelle de l’Italie toute entière, des plages de la Sicile jusqu’aux rives du Pô, en passant par Naples, Rome, Florence. Sa grande particularité c’est sa construction narrative. Dans la continuité de Rome ville ouverte qui de par ses multiples personnages et situations s’ouvrait dans une dimension sinon chorale, quelque peu éclatée, Païsa sera un recueil de six films (On pourrait même dire six courts-métrages de vingt minutes chacun) ou six chapitres, dans la pure tradition du film à sketchs ; six histoires reliées par la réalité historique (le débarquement des troupes alliés) mais complètement indépendantes une fois appréhendées sous l’angle fictionnel.

     Chaque petit film dans le film est plus beau, plus fort que le précédent. Les six films se ressemblent puisqu’ils abritent chaque fois une rencontre, mais diffèrent complètement dans le genre qu’ils s’approprient, leur tonalité dramatique ou leur construction narrative (le troisième segment utilise même l’ellipse et le flashback). Pourtant, ces six histoires participent d’un même élan et sont assemblées entre elles par une transition off évoquant les progressions alliés (on remonte l’Italie) accompagnées d’images documentaires. On ne peut faire plus néo-réalisme italien que Païsa, de Roberto Rossellini. J’ai trouvé ça immense. Et ça me surprend d’autant plus que c’est un format pour lequel je suis assez hermétique habituellement. Mais là c’est tout le contraire, je veux autant revoir le film en son entier que piocher un chapitre ici ou là. Grosse claque.

Le Déjeuner sur l’herbe – Jean Renoir – 1959

32. Le Déjeuner sur l'herbe - Jean Renoir - 1959Le biologiste épinglé.

   7.0   Il faut dire d’emblée que c’est un choc esthétique. Sans doute le plus beau film en couleurs réalisé par Renoir, qui utilise l’héritage impressionniste à son paroxysme. Impossible de ne pas songer aux toiles de son père ou à celles de Manet ou Monet (puisque après tout le titre reprend celui d’un de leurs tableaux) dans sa peinture sensuelle des corps et de la nature ainsi que ses parenthèses bucoliques. Impossible aussi de ne pas songer à Partie de campagne, autre morceau naturaliste qu’il réalise vingt ans plus tôt mais qui s’ouvrait à mesure sur la tragédie. Ce n’est plus le même Renoir, dans Le déjeuner sur l’herbe, il est plus doux, plus récréatif et c’est d’autant plus troublant que le film est réalisé entre deux autres (French Cancan et Le caporal épinglé) qui seront eux plus graves, retrouvant ici la verve mélodramatique et là, son aval résistant. On joue clairement sur le terrain de la fantaisie, avec ce biologiste défenseur de la fécondation artificielle qui fera la rencontre de la belle Nénette (paysanne un poil exhibitionniste qui souhaite faire un enfant pour elle) après avoir été perturbé dans ses convictions lorsqu’un ermite accompagné de son bouc et sa flûte de pan envoie valser en tempête le petit pique-nique bourgeois (et du même coup le joli tableau impressionniste) auquel il s’adonnait et chamboule les sens de chacun des convives qui replongent dans ses élans les plus primitifs. Paul Meurisse est parfait dans le rôle de ce scientifique d’abord accaparé par la science puis vite happé par ce vent de folie champêtre.

Les aventures d’un homme invisible (Memoirs of an Invisible Man) – John Carpenter – 1992

40. Les aventures d'un homme invisible - Memoirs of an Invisible Man - John Carpenter - 1992« If you were blind, we’d make the perfect couple »

   5.0   Si sa mécanique est plus mainstream et sa mélancolie plus schématique que dans un Starman, dont il n’atteint pas le dixième du tiers de l’envergure, c’est bien sur sa dimension « tragédie douce » que ce Carpenter mineur s’avère le plus intéressant et in fine assez touchant. Il faut déjà saluer les traducteurs de titres qui en français lui offrent un esprit plus léger, quasi enfantin tandis que l’original ouvre davantage sur le tragique – même si le film relève dans son ensemble plus du banal divertissement familial qu’autre chose. Carpenter mineur donc, mais dans le haut du panier des films mineurs tant l’auteur parvient malgré tout à lui insuffler une aura poétique, au détour d’un San Francisco quasi désert ou lorsque le personnage se retrouve translucide sous la pluie ou via l’étrangeté visuelle offerte par cet immeuble partiellement invisible.

     La grosse faute de goût du film restera ce non-choix mise en scénique consistant à voir Nick ou à ne pas le voir. Il fallait choisir, je pense. Ainsi, afin qu’on ne soit pas trop perturbé, le personnage apparait dans un plan et disparait dans le suivant et ainsi de suite, juste pour nous, occasionnant certes de beaux trucages visuels mais d’un point de vue émotionnel c’est catastrophique. On est loin du parti pris Mikael Myers dans Halloween, mais gageons que ça facilite l’identification – Dans Christine il y a avait déjà un peu de ça mais c’était magnifique : La voiture était seule, puis quand on la croyait encore seule, on découvrait Arnie à son volant. Quant à Chewy Chase, vrai star du film, bien plus que Carpenter (puisque ça reste une commande de la Warner, en résulte un film entièrement contrôlé par la production) donc le faire jouer un personnage qu’on ne voit pas, j’imagine que ça ne devait pas trop se faire. Reste que j’aurais préféré voir ce que (ne) voit (pas) Daryl Hanna.

     Malgré tout, ça reste l’histoire d’un homme déjà invisible avant de l’être vraiment, c’est tout l’intérêt de ce dispositif que de s’ouvrir sur cette étrange mélancolie d’un héros passif, un peu ridicule. Impossible alors de ne pas penser à Christine, lorsque le transparent et frêle Arnie finit par fusionner avec sa voiture, au point de se faire avaler – Il n’est plus du tout l’étudiant timide et dominé, il en est l’exact opposé, l’œil hagard est devenu arrogant. Mais c’est aussi un beau film romantique sur un amour impossible, quelque part entre Terminator (Kyle & Sarah) et Blade runner (Rick & Rachel) entre deux êtres volontairement (elle) oui inéluctablement (lui) marginaux, détachés du monde. Certes, c’est moins réussi que chacun des films suscités mais c’est attachant. Et puis à la fin c’est l’amour qui gagne.

Sept ans au Tibet (Seven years in Tibet) – Jean-Jacques Annaud – 1997

17. Sept ans au Tibet - Seven years in Tibet - Jean-Jacques Annaud - 1997Ramollo, l’odyssée d’Heinrich.

    3.5   Je n’avais jamais vu ce Jean-Jacques Annaud super connu que j’ai l’impression de voir passer à la télé tous les ans depuis mon adolescence. Purée, c’est un gros nanar, non ? Quelques jolies scènes, malgré tout, notamment quand l’auteur s’intéresse aux lieux, aux extérieurs, filme un peu plus les déplacements que les joutes verbales. Quelques petites choses qui nous réveillent de ce marasme mais globalement, en tant que fresque et construction narrative, c’est aussi embarrassant que l’accent allemand ridicule de Brad Pitt. Sans parler d’un tournage aux quatre coins du monde alors que tout doit se dérouler dans l’Himalaya, et d’un choix de langue plutôt bizarre, puisque les tibétains parlent aussi l’anglais. Outre ce problème d’authenticité sur lequel on peut passer si le film séduit autrement, l’évident défaut de Sept ans au Tibet c’est de ne jamais parvenir à donner de l’intérêt à son récit, de corps, ni par l’histoire, ni par la mise en scène. On se fiche autant des personnages au début qu’à la fin, ce qu’ils sont, ce qu’ils deviennent. Et puis Annaud a jadis été plus subtil dans ses dénonciations, là il y va à grands coups de surligneur.

Les combinards – Jean-Claude Roy – 1966

22. Les combinards - Jean-Claude Roy - 1966Les arroseurs-arrosés.

   2.0   Pas trop envie de m’étendre là-dessus. C’est nul, chiant, pas drôle. Du cinéma de sketchs absolument navrant dans lequel des petits escrocs utilisent des faits divers de coupures de journaux (La vente d’un tramway à un riche, ici, une escroquerie au corps médical là) afin de vivre sans travailler. C’est dans la presse matrimoniale qu’ils vont opérer, allant chercher les cœurs à prendre, avant qu’ils ne soient eux-mêmes victime de chantage au mariage. Il pourrait y avait de chouettes gags, un bon rythme, des idées dans chaque plan, mais c’est l’ennui qui s’installe et qui gagne.

Cézanne et moi – Danièle Thompson – 2016

CEZANNE ET MOIJe t’aime, moi non plus.

   4.5   Un film de Danièle Thompson avec Guillaume Gallienne en Paul Cézanne disons poliment que ce n’était pas le projet le plus excitant / encourageant qui soit. La flemme de développer (et de m’attarder sur un film de Danièle Thompson, de manière générale) mais en fait ce n’est pas si mauvais, la façon de raconter cette amitié « suis-moi je te fuis » entre Cézanne et Zola est parfois même assez touchante, notamment dans leur rapport / différend face à la réussite, l’un vivant de son art quand l’autre ne devra se contenter de louanges post-mortem. Et plus surprenant, Gallienne et Canet y sont plutôt bons, discrets, en retenue, autant que l’est la reconstitution historique ou le recours à la musique illustrative, alors que tout faisait peur là-dedans.

Visages Villages – Agnès Varda & JR – 2017

15. Visages Villages - Agnès Varda & JR - 2017Glaneurs de portraits.

   6.5   Très agréablement surpris car je le sentais vraiment pas. J’imaginais bien un truc dans la lignée du raté Les habitants de Raymond Depardon. Déjà y avait cette curieuse association d’artistes qui n’augurait rien de bon, sinon un concert d’autocongratulations mutuelles, et puis y avait Mathieu Chedid à la BO. Bref ça faisait peur. Et en fait on retrouve bien l’univers de Varda, quelque part entre Les plages d’Agnès et Les glaneurs et la glaneuse. Il y a des trucs pas géniaux mais aussi des séquences fortes, dans l’approche du monde, le regard qu’on y pose et ce qu’on veut lui offrir même de manière éphémère comme ici lorsque la photo géante est montrée puis engloutie par la marée. C’est un film qui parle beaucoup de la mort, de la crainte de tout voir disparaître. Et puis y a un amour du cinéma en permanence, dans un dialogue, une image, tout particulièrement envers Godard que Varda admire comme jamais elle n’en avait parlé dans ses films. Bref, beaucoup aimé.

Arès – Jean-Patrick Benes – 2016

41. Arès - Jean-Patrick Benes - 2016Banlieue zéro.

   1.5   Ça voudrait modestement s’inscrire dans la lignée d’un Blade Runner ou d’un Escape from New York mais ça ne vaut guère mieux qu’un Section zero ou un Banlieue 13. En somme, rien d’étonnant à ce que ce soit produit par Louis Letterier. Pas surprenant non plus de croiser des gueules déjà entrevues chez Olivier Marchal. L’interprétation frise le ridicule, entre apathie contrôlée des uns et surchauffe maladive des autres, mais pour ce que chacun doit jouer c’est normal. Surtout, le film est plastiquement catastrophique. Autant ses scènes de combat illisibles que ses plans outranciers sur des panneaux publicitaires, ses pseudos appartements miteux que ses grandes tours d’argent, rien ne prend, tout est moche. Si ce n’est respirer le numérique glacé, ce Paris dystopique ne dégage aucune espèce de fascination, ne parvient pas à mettre en mouvement la dimension post apocalyptique, glauque et crasseuse qu’il croit installer. Il ne suffit pas de multiplier les situations nocturnes pour faire croire au chaos – ça peut aider, certes, cf Terminator, mais n’est pas Cameron qui veut, il faut un minimum de talent pour l’incarner, ce chaos.

L’île aux chiens (Isle of Dogs) – Wes Anderson – 2018

27. L'île aux chiens - Isle of Dogs - Wes Anderson - 2018Waste kingdom.

   7.5   Il y a souvent ce petit quelque chose dans les films de Wes Anderson qui m’empêche de me sentir vraiment concerné. Un trop plein esthétique, un trop plein de personnages ou un trop plein frénétique. Parfois les trois à la fois, comme dans l’éreintant Grand Budapest Hotel. Si je peux en apparence aussi faire ces griefs à L’île aux chiens, ils sont largement compensés par une implication émotionnelle, la même qui m’avait permis de voir en The Darjeeling Limited, le grand film qu’il est. L’ile aux chiens est une merveille. Le plus beau film de Wes Anderson à mes yeux, ex-aequo avec celui que je viens de citer.

     Si je pouvais j’y retournerais car c’est d’une telle richesse dans le rythme et l’image que j’ai l’impression d’avoir raté beaucoup de choses. Mais punaise ce que c’est beau. Intégralement réalisé en stop motion – ce qui me fait me demander si ce n’est pas dans cette expression que le cinéma d’Anderson est le plus précieux (J’avais déjà beaucoup aimé Fantastic Mr Fox, mais j’ai le souvenir qu’il était plus inégal, moins attachant) – L’île aux chiens trouve cet équilibre entre le ludisme et la tragédie, le récit d’aventure et la parabole politique, la précision des lignes et la profusion de la décomposition, le double soulèvement canido-enfantin contre l’horreur dictatoriale, entre légèreté et noirceur, qui me touche cette fois beaucoup.

     Il faut surtout voir comment l’auteur s’empare de l’imagerie japonaise, c’est quasiment son Sept samouraï à lui. Impossible de ne pas penser à Kurosawa. Il faut voir aussi la beauté de chaque personnages, chiens ou pas chiens, autant dans leur écriture que dans le soin marionnettiste. Et il faut apprécier la beauté de chaque plan, tout simplement, tant Anderson déploie son récit d’épidémie et de lutte collective avec un sens esthétique et du détail aussi impressionnant que dans les plus beaux films de Tati. Alexandre Desplat lui-même se surpasse, on a le sentiment qu’il n’a jamais composé avant de composer pour Anderson et cette partition est probablement la plus riche, foisonnante qu’il ait offert dans cet univers prolifique.

     Reste qu’il y a tout de même beaucoup trop de choses à regarder et que tout va beaucoup trop vite pour qu’on ait le temps d’observer, entre la profondeur de chaque plan, la grande place offerte aux dialogues et leur imposant débit, le nombre de sous-titres en tout genre. Il y a dix idées par plan. Il faudrait le revoir plusieurs fois pour en saisir chacune de ses subtilités. Quoiqu’il en soit, dès le premier visionnage, on ne peut pas passer à côté de ces transitions vertigineuses, situations hyper découpées, apparitions folles. Et puis plastiquement je me répète, aussi bien ici dans un simple nuage de fumée que là dans le décor dantesque de cette île surchargée, c’est d’une beauté à couper le souffle. C’est bien plus que le cinéma d’esthète et de marionnettes auquel j’ai trop souvent réduit celui de Wes Anderson.

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