Dérive de Franck Poupart.
6.0 Une éternité que je n’avais revu Série noire. Il m’en restait rien sinon la prestation halluciné de Patrick Dewaere, forcément. Le film est fort, sans doute l’un des meilleurs de Corneau, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il est trop dépendant de son acteur principal. Il en fait beaucoup, alors certes il le fait bien, mais il en fait beaucoup et bouffe littéralement le film au point qu’à côté de lui les autres ne sont que des personnages concepts : Marie Trintignant apathique, Bernard Blier opportuniste véreux, Myriam Boyer nunuche. On ne voit que Dewaere. D’ailleurs il est de chaque plan, puisque tout se vit à travers lui, sa folie, dès la première scène géniale dans ce terrain vague où il semble rejouer toutes les interprétations, tous les genres, d’Humphrey Bogart à John Wayne, du gangster au cow-boy. Devant Série noire, j’ai beaucoup pensé à deux autres films, probablement meilleurs, avec lesquels il constituerait une sorte de triptyque symbolique sur la folie d’un seul homme au sein d’une société qui ne l’est pas moins, à savoir Taxi driver et Schizophrénia. Tous trois sont par ailleurs sorti à quatre années d’intervalle, en l’espace de huit ans, donc. Un film américain, un film français, un film autrichien, si éloignés à tout point de vue, et pourtant si proches dans leur volonté de raconter de l’intérieur, le destin violent de trois psychopathes chacun cloitré dans sa propre folie.
0 commentaire à “Série noire – Alain Corneau – 1979”