« Come and get it, teacher teacher! »
4.0 Déception. J’aimais bien quand j’étais gamin, je l’ai beaucoup regardé, au moins autant que Piranhas (Je cite ce film-là car je compte le revoir aussi dans ces prochains jours) mais je me demande bien si le fait qu’il fasse partie de ces « films que j’étais trop jeune pour les voir » ne faisait pas office de cache misère ? Si la réputation d’un film sulfureux, très violent, accompagné d’une interdiction aux moins de 18 ans, ne jouait pas trop en sa faveur ? Franchement j’ai trouvé ça décevant à tout point de vue. J’avais le souvenir d’un truc punk et glauque mais en fait c’est jamais assez punk, jamais assez glauque. C’est hyper sage en définitive : Il ne suffit pas de balancer quelques gros mots, de montrer des graffitis ou d’avancer dans une violence crescendo pour obligatoirement être subversif. C’est pas Warriors, The firm ou Orange mécanique – Auxquels on pense parfois, mais ça dessert vraiment le film de Mark Lester pour le coup.
Mon plus grand étonnement fut de constater combien chaque séquence est minuscule, mal mise en scène, traitée par-dessus la jambe (à l’image de la bagarre entre gangs dans un terrain vague, du concert punk ou du pétage de plomb nocturne du professeur de biologie) de voir aussi que chaque transition brise les rares beaux élans. Même la musique signée Lalo Schifrin m’a semblé plus poussive que dans mon souvenir – L’ouverture sous I am the future, d’Alice Cooper reste très efficace, en revanche, d’autant que l’image qui l’accompagne est plus documentaire que tout le reste du film à cet instant-là, on se croirait presque plongé dans un film anglais de Karel Reisz – Jusqu’aux costumes cheap des bandes rivales, il y a quelque chose de très particulier.
Le film a tout pour raconter un monde d’enfants abandonnés par les adultes, se réfugiant alors dans le trafic de drogue et la violence mais on le sent davantage attiré par les affres de la série B. Et tant mieux en un sens. Dommage de ne pas entièrement s’y fondre, quoi. La seule séquence où l’on voit Stegman hors du circuit scolaire (Mais on voudrait voir aussi les autres, pourquoi seulement lui ?) ça pourrait être intéressant, mais c’est juste pour nous montrer une mère aimante mais aveuglée, et un garçon obnubilés par les films violents. Quelle audace. Le problème réside aussi dans son interprétation, plutôt la surinterprétation, aussi bien du côté des profs (Le mec qui joue Andy Norris est quand même un tout petit peu transparent) que des élèves, qui en font des caisses, chacun dans leur registre – Ceci dit ça fonctionne toujours très bien pour le gros caïd, Peter Stegman, qui dégage vraiment quelque chose d’étrange et d’inédit, tant il est à la fois dangereux et pathétique.
Après il faut surtout dire que le film m’a vaiment semblé embarrassant d’un point de vue moral. D’autant qu’il s’ouvre sur un carton sans équivoque rappelant que les écoles sont de plus en plus dangereuses (en gros) surtout le lycée Lincoln (celui du film) enfin pour le moment (Le film se place dans un futur très proche, comme s’il cherchait à s’ériger en mise en garde) et se fermera sur un carton encore plus parlant, soulageant son spectateur en innocentant le gentil prof qui vient de se faire auto-défense façon boucher. C’est très, très gênant. Dans mon souvenir, le film glissant moins vers le Vigilante que dans le Rape & Revenge classique. Cette partie-là marche beaucoup mieux, ceci dit. Il y a un rythme plus étrange, une moiteur singulière et une violence crue lors des mises à morts finales qui en font un bel objet de série B vengeresse. Dommage que ce soit juste pour nous dire qu’il faut exterminer soi-même la vermine des lycées difficiles, aussi brillante soit-elle parfois.