Y a pot !
7.5 Ce qui a changé pour cette seconde salve ? Peu de choses, mais trois points importants tout de même : La direction artistique, d’abord, magistrale et une réalisation plus sobre, plus élégante, en un mot plus appropriée à l’univers dépeint, prouvent que le choix d’engager Alexis Charrier à la place d’Alexandre Courtès (qui faisait du bon boulot avant, hein) est la riche idée de cette saison mieux agencée, mieux rythmée. Puis, il y a la musique de Nicolas Godin, qui passe d’élans bossa à des saillies jazz à quelques trouées funk avec un raffinement confondant – a noter qu’écouter la bande originale seule est un plaisir pour les oreilles au moins aussi fort que de l’avoir en compagnon idéal pour (quasi) chaque séquence. Enfin, comment ne pas évoquer la présence presque systématique d’un trio fantoche, qui s’avérait déjà savoureux lors de la première saison mais qui prend du galon : Jacquart, Calot et Moulinier. « Je crois même qu’y avait Franquart, c’est pour te dire ! » On les retrouve en mission à Cuba puis en module à Moscou « C’est beau la Pologne ! » Franchement je ne me lasse pas de ce trio. Leur escale à Berlin ou leur entretien avec les indépendantistes québécois, c’est génial. Ensuite il y a plus de place aux personnages féminins, notamment (la belle) Marie-Jo qui se voit promue espionne et Irène, la femme du colonel Mercaillon, qui demande le divorce et en pleine libération sexuelle, s’en va succomber aux charmes de Moulinier. De son côté, Merlaux est pris entre une infiltration du KGB et l’éternelle interrogation sur l’identité de son père. Bref, réussite totale. Double tamponné, donc !
Publié 26 septembre 2018
dans Pierre Jolivet
Entretien du troisième type.
7.0 Pas certain qu’il n’y ait de grande cohérence entre Fred, Le complexe du kangourou et Simple mortel mais il y a derrière ces trois films, un auteur qui tentait beaucoup de choses à l’époque. Ici, sans aucun effet spécial, il choisit le film de science-fiction, genre particulièrement moribond chez nous. Un linguiste universitaire, spécialiste en langues anciennes, est contacté en gaélique via son autoradio, puis bientôt via son baladeur ou son radioréveil. Ce sont des messages qui ne sont destinés qu’à lui seul et qu’il ne doit surtout pas divulguer. D’abord indifférent puis un peu perturbé (il envisage d’aller voir un psy) et de plus en plus décontenancé – La voix lui révèle des évènements qui vont se produire : une agression dans un train, un tremblement de terre au Japon… – Stéphane finit par prendre sa mission très au sérieux, d’autant qu’on lui annonce bientôt qu’il a le destin de l’humanité entre ses mains. C’est un film très bizarre. Très cheap, forcément, mais surtout habité par une légèreté qui vire parfois au comique (Toutes les apparitions de Christophe Bourseiller, Francis dans PROFS) et une noirceur tout aussi fulgurante – Impossible de me défaire de la séquence, terrifiante, des chasseurs dans les champs de blé. La plus grande réussite du film c’est d’avoir fait de lieux (un souterrain, une bibliothèque) et objets (un autoradio, un téléphone, une voiture) du quotidiens des formes oppressantes. Il manque un petit truc au film pour être le chainon manquant parfait entre Le locataire, de Polanski et L’homme qui voulait savoir, de Sluitzer, mais ça fait du bien de voir une tentative pareille, complètement détachée du paysage cinématographique français. Et puis le final est dingue. Presque aussi dingue que celui de L’homme qui rétrécit.