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Archives pour 30 septembre, 2018

Mindhunter – Saison 1 – Netflix – 2017

08. Mindhunter - Saison 1 - Netflix - 2017Psycho killer
Qu’est-ce que c’est ?

     8.5   Le morceau de Talking heads, Psycho Killer, utilisé à la fin du deuxième épisode, lorsque les agents Ford et Tench se retrouvent « rétrogradés »  dans la cave du FBI où ils installeront leur bureau de recherche sur les tueurs en série, apporte un léger changement de tonalité. Une interférence. Si d’une part le choix de ce morceau est de bon goût, il faut d’autre part surtout dire que la série ne manque pas d’humour. Malgré son apparente froideur, malgré ses décors grisâtres, malgré sa plongée dans l’Amérique profonde, malgré le sosie d’Emmanuel Macron, il y a des moments très drôles, plus légers, flottants, notamment entre les deux/trois agents, des instants qui peuvent se jouer parfois plus sur des regards qu’avec des mots.

     Quoiqu’il en soit, c’est à partir de cette fin d’épisode et donc véritablement dès le début du suivant que la série décolle, qu’on ne la lâche plus. En effet, après un pilot pour le moins déstabilisant pour ne pas dire désastreux – Franchement, avec le recul, je me demande même à quoi il sert puisqu’il ne lance strictement rien, bien qu’il installe malgré tout un (faux) rythme sur lequel les épisodes suivants s’accommoderont, tout en étant plus cohérents tous ensemble – la série trouve son rythme de croisière, des entretiens ahurissants, une pertinence fascinante quant à son vaste sujet (raconter la naissance de l’analyse comportementale criminelle, en un mot le profiling et déployer l’abécédaire qui va l’accompagner) plus intéressante que sa reconstitution peu scrupuleuse.

     L’erreur serait de comparer Mindhunter à True detective. Et on est tenté, forcément. Aussi bien d’un point de vue plastique que dans sa quête de personnages forts. A ce petit jeu, elle indiffère plus qu’elle n’y gagne. Mais il y a une autre interférence, qui lui offre toute sa singularité, sa beauté paradoxale : Il y a un problème dans les déplacements dans Mindhunter ; On est partout aux Etats-Unis (Kansas, Pennsyslvanie, Oregon, North Dakota…) mais l’image, souvent terne, avec son monochrome fincherien (Rappleons que le réalisateur de Seven est à la baguette de quatre épisodes, pas moins) empêche d’apprécier cette riche variation de lieux, c’est dommage. C’est dommage mais on s’y fait, mieux, ça devient un atout, tant la série et le récit qu’elle déploie, crée un espace purement mental où chaque Etat, chaque ville serait une branche abstraite d’un noyau qui n’est autre qu’un simple bureau de recherches et les trois cerveaux qu’il renferme.

     Il y a quelque chose de fascinant dans ces trois portraits de flics, la bulle mécanique dans laquelle chacun évolue, avec ses propres névroses, folies alors que leur travail est justement d’enquêter sur les comportements, d’explorer des pistes douteuses, de gratter sous le visible, sous la surface. Ils sont vivants dès lors qu’ils fouinent, esprit chassé par la chasse aux esprits de ceux à qui il manque bien des cases. Mindhunter aura su nous intéresser à eux plus qu’aux pseudos enquêtes qu’ils vont tenter plus ou moins de résoudre, plus qu’aux cinglés avec lesquels ils ne vont cesser de s’entretenir pour apporter de l’eau à leur moulin. La réussite elle est là pour moi : Il me tarde de revoir ces trois acteurs/personnages.

Anatomie d’un rapport – Luc Moullet – 1976

12. Anatomie d'un rapport - Luc Moullet - 1976« C’est malin. On n’a plus que cinquante ans à vivre et encore moins à baiser. Faut en profiter ! »

   8.5   Après avoir filmé Jean-Pierre Léaud dans un « western alpin » Moullet se filme lui-même dans un film de chambre quasi bergmanien, à la différence majeure qu’ici il est surtout question de sexe, de la place du sexe dans un couple, en période de libération sexuelle. C’est un peu Scènes de la sexualité conjugale, en gros. Même si c’est à deux autres films auxquels on songe en priorité, avant Bergman : La maman et la putain, de Jean Eustache, sorti deux ans plus tôt. Et Annie Hall. En effet, un an avant Diane Keaton et Woody Allen, Moullet et sa femme, Antonietta Pizzorno, mettent à nu leur histoire ou du moins ce qui ressemble à leur histoire, d’autant que l’auteur sans cesse se moque de son travail de cinéaste, de ses névroses, évoque ses précédents films, place de véritables anecdotes – dont celle d’un chèque important que les ordinateurs d’une banque lui destinèrent maladroitement (ce qui lui permet de tourner ce film, impossible de savoir si tout ceci est vrai ou non) avant de lui réclamer.

     Un couple d’intellectuels, plongé en plein crise libidinale, digresse autour des rapports intimes, la place du sexe dans leur vie de couple, la frustration qui s’accumule, d’un côté comme de l’autre, compare la place du sexe dans la société d’aujourd’hui avec celle d’avant. Moullet ne craint pas de se mettre à nu. Si son film sortira en salle accompagné d’une interdiction aux mineurs c’est en parti pour ça. Sa femme, elle, préfère se retirer et laisser place à Marie-Christine Questerbert, qui jouait déjà dans Une aventure de Billy le kid. Le film se clôt d’ailleurs malicieusement sur un dialogue entre les trois, au sujet du film et notamment de sa scène finale sur laquelle ils ne parviennent pas à se rejoindre – Fin qui ressemble beaucoup à celle qui fermera La terre de la folie, trente ans plus tard. Moullet campe donc ce personnage aussi irrésistible qu’odieux, convaincu d’avoir la malchance d’être arrivé pile quand les « rapports normaux » ont été bousculés par le désir des femmes de ne plus être considérés comme des objets. Si Moullet est clairement un acteur tardif de la Nouvelle Vague, il en est son représentant burlesque le plus fidèle. L’équilibre ici, qui en fait un film plus fort, plus fou mais surtout plus pertinent, plus féministe que tout ce que Moullet a fait jusqu’alors c’est la présence de sa compagne à la coréalisation qui lui apporte. C’est absolument génial.


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