Silence, on survit !
7.0 Sans un bruit est probablement, dans son genre, le film le plus efficace sorti depuis un moment. Tellement efficace qu’on lui passe d’être parfois invraisemblable.
La crédibilité pose d’abord problème en ce sens que le bruit est une source difficilement quantifiable, ainsi, les monstres du film, caractérisés par leur hypersensibilité auditive, entendent un peu trop ce que le scénario souhaite qu’ils entendent. Les personnages utilisent donc le langage des signes pour communiquer mais ils pourraient avoir appris à chuchoter – L’action du film se situe quelques mois après « l’avènement des monstres » donc les survivants sont à priori rodés : J’imagine qu’on sait vite quel bruit les fait rappliquer.
Si l’idée fait d’abord office de concept, cela permet au film de se jouer dans le silence et donc ça occasionne de vrais instants de tension. Et puis il y a de belles trouvailles, comme ces fins chemins de sables crées pour ne pas marcher sur des feuilles mortes et autres éléments de la nature capables d’émettre ne serait-ce qu’un son. Ou bien cette séquence sous une cascade, avec ses vertus libératrices mais éphémères, qui voient surtout un touchant échange entre un père et son fils.
Pour donner un peu d’eau à son moulin et de dimension romanesque, Sans un bruit s’ouvre sur un drame occasionnant un trauma et un deuil impossible. Classique. On aura aussi le droit à une adolescente sourde. Classique. Et surtout, il complique la tâche de cette petite famille dans un avenir proche puisque la jeune mère de famille est enceinte de huit mois. Mettre au monde un bébé dans un monde où le bruit est prohibé semble être une idée carrément débile mais surtout très angoissante pour tout le monde. Bref, trois idées standards mais trois bonnes idées, bien exploitées, permettant au film qu’il ne tombe pas dans le truc arty super chiant et grippe-sou. Là on est dans une logique de divertissement, assez généreux dans son genre, qui ressemble aux excellents Frozen ou 47 meters down, en gros, pour taper dans ce qui s’est fait de mieux récemment.
Ceci dit, le produit est très hollywoodien, donc les rebondissements prennent toujours place à grands renforts de musique illustrative et la mécanique, aussi minutieusement troussée qu’elle est, ne relève d’aucun génie, d’autant que le film, dans ses pics, joue ouvertement sur l’évocation, aussi bien à Jurassik park (la séquence des enfants dans la voiture), à The descent (le bruit des bestioles) qu’à La guerre des mondes – La séquence dans le sous-sol en est quasi le décalque. Ce qui n’est pas pour me déplaire, surtout quand c’est offert avec un tel soin.
A noter que les enfants sont excellents, c’est important. Et que le couple, formé d’Emily Blunt et John Krasisnki (Qu’on a entre autre pu voir dans The Office US, notamment, mais aussi dans Promised land, et qui se retrouve à réaliser « Sans un bruit » lui-même) sont ensemble en vrai. Bref, on y croit et on flippe bien comme il faut avec eux. J’en demandais pas tant.