Le livre du désir.
4.0 Au-delà de ses lourdeurs, Romance, comme les autres films de Breillat, distille une atmosphère singulière et ne ressemble à rien de ce qu’on connait. Il y a déjà un désir de filmer le sexe et de le mettre à l’intérieur d’une chronique de personnage, de filmer une émancipation, de filmer un désir d’aimer, d’être aimé, un désir de baiser. Dommage qu’il faille en passer par cette voix off omniprésente et logorrhéique, dommage que Breillat veuille à ce point jouer sur une provocation d’adolescente pour garnir le tableau. Ce n’est d’ailleurs pas tant la présence de Rocco Siffedi qui dérange, au contraire, les séquences avec lui sont assez jolies, d’autre part il ne semble pas uniquement là pour montrer son gros gourdin. C’est plutôt tous ces moments inutiles qui gênent, notamment quand on découvre que la jeune femme est institutrice et qu’on la voit faire cours à sa classe, alors que jusqu’ici on n’avait aucun repère social, disons. Je ne comprends pas bien la motivation de montrer ça, d’autant que le film ne se revendique jamais du naturalisme, sauf là et parfois ailleurs, pour dire quoi ? Qu’une instit peut avoir une émancipation sexuelle ? Merci du tuyau, Catherine. Alors dès que le film vire à l’ambiance sado-maso avec l’arrivée dans le récit de François Berléand, je trouve ça définitivement du côté de la pose, de la petite provoc de bas étage, bref de la branlette, sans mauvais jeu de mot. Reste un film à l’ambition étonnante, en marge (la réconciliation du cinéma et du sexe, peut-être ?) mais noyé sous un flux théorique franchement embarrassant.