Childhood psycho.
4.5 Le livre d’Emmanuel Carrère m’a plutôt marqué quand j’en ai fait la découverte il y a une dizaine d’années. Néanmoins, mon envie de me frotter à son adaptation s’est vite évaporée dès l’instant que j’ai su que Claude Miller était aux commandes et qu’on m’ait confirmé qu’elle était sans intérêt. Un peu comme pour le American psycho, de Bret Easton Ellis, pas certain de vouloir essayer, d’autant que ce sont des bouquins quasi inadaptables. En tombant sur La classe de neige, de Claude Miller, à la médiathèque, j’ai pensé que c’était le moment. D’autant que le bouquin est loin dans ma mémoire, dorénavant. Il y a de belles idées, parfois de doux moments, notamment lorsque le récit réunit Nicolas et Patrick, l’animateur (incarné par l’excellent Yves Verhoeven, j’aime beaucoup cet acteur) et bien entendu des choses très dures, tout dès l’instant que Nicolas se retrouve aux côtés de son père, complètement psychotique, qui n’hésite pas à lui transmettre toutes ses angoisses, en lui racontant des histoires d’enlèvement et de trafic d’organes. Quand le film s’ouvre sur une réunion parents-professeurs avant le départ en classe de neige et que les parents de Nicolas évoquent d’emblée leurs peurs avec l’accident de car de Beaune, on retrouve l’ambiance du roman. Dommage que Miller en rajoute dans la déconstruction. A trop vouloir casser la linéarité, insérer du flashback et des cauchemars, bouiller sans cesse la frontière entre le rêve et la réalité, le film est beaucoup trop lourd et donc moins impressionnant qu’indigeste. Bref, c’est un beau récit sur l’enfance face à la violence du monde des adultes, mais je pense qu’Emmanuel Carrère l’a mieux écrit que Claude Miller l’a filmé.