The winner takes it all.
8.5 Difficile de ne pas en parler à chaque nouvelle salve de Better Call Saul mais autant Breaking Bad avait le mérite de s’améliorer de saison en saison, jusqu’aux seize épisodes magistraux que forment l’ultime baroud, autant le mérite non moins négligeable de Better Call Saul aura été de s’ouvrir si haut puis de tenir cette qualité exceptionnelle sur toute la durée – Comme si, finalement, Breaking Bad avait été son (sublimissime) brouillon, comme si Gould & Gilligan avait su tirer les meilleurs enseignements de ces six années aux crochets de Walter White et les autres. Evidemment qu’on s’avance, puisque la série n’est pas terminée – Il resterait deux saisons dans les tiroirs – mais c’est ce que je retiens en priorité : L’exemplarité et la cohérence, esthétique et dramaturgique, de chacune de ces quatre saisons. En espérant qu’AMC continue de renouveler la série selon les souhaits de nos auteurs, cela va de soi.
Les rebondissements de la fin de la saison précédente sont vite confirmés : Le frère de Jimmy s’en est allé, Salamanca est dans le coma. Kim échappe de son accident de voiture, Nacho, lui s’extirpe in-extrémis de ce brasier ardent. Pourtant, cette saison nous apprend qu’il va falloir les oublier aussi, Kim et Nacho, avec le temps. Kim aura été une pierre angulaire dans la renaissance de Jimmy, avant la mort de son frère comme après, mais d’abord elle fait peu à peu cavalier seul (plutôt que d’attendre Jimmy pour ouvrir un cabinet commun (Il faut rappeler qu’il est provisoirement interdit de pratiquer) elle choisit cette super place d’avocate pour le compte de Mesa Verde) et on imagine qu’elle va être déçu (le final de cette saison le prouve déjà) des penchants amoraux de Jimmy. Quant à Nacho, s’il fait partie intégrante de la première moitié de saison, en échappant encore de peu à un règlement de compte fomenté par Gus Fring, jusqu’à se faire trainer dans le désert avec une blessure par balle dans la panse, pour faire croire à son innocence aux yeux des frères Salamanca, il sera bientôt quasi hors-jeu de toutes les oppositions, relégué dans ce restaurant à collecter l’argent des deals.
Alors, est-ce que la saison 4 achève de transformer Jimmy McGill en Saul Goodman, comme il est de bon ton de le lire dans de nombreux papiers / comme le revendique cette dernière réplique (qui rappelle ces bombes verbales parfois lâchées par Walter White )? Ou bien est-ce une nouvelle étape de cette transformation lente, comme le furent la suspension de Jimmy du barreau ou plus tard le décès de son frère ? Honnêtement, ça pourrait filer dix saisons encore sur ce rythme, je signe tout de suite. Toujours est-il que cette conclusion, un peu trop lisse pour du Better Call Saul (Jimmy annonce qu’il devient Saul ; Mike exécute son premier meurtre) agit plus qu’en clin d’œil : Tendons-nous à sinon l’imiter, ressembler à Breaking bad, afin de montrer qu’on s’en rapproche inéluctablement ? L’intrigue parallèle dédiée à Nacho, Hector, Gus & Mike n’aura jamais été si proche de ce qu’on connait déjà : Rien que dans la symbolique avec la construction du labo de meth, qui verra évidemment passer quelques années plus tard Walt & Jesse.
Si cette intrigue grignote de plus en plus celle liée à Jimmy c’est sans doute pour montrer, de façon certes impalpable (Jimmy n’a même aucun lien avec eux durant cette saison, aucun) qu’elle va le contaminer, le faire disparaître pour en faire éclore Saul Goodman. Toujours est-il que tout ce qui tourne autour de Jimmy, Kim, feu Chuck, HHM, Mesa Verde, CC Mobile pourrait tellement suffire. Je me suis rendu compte à quel point Better Call Saul m’était cher aussi pour sa façon de mélanger aussi brillamment ces deux mondes (de ne pas faire un épisode ici, un épisode là, mais quelques minutes ici, quelques minutes là, pour relier leur temporalité) : Une saison sur l’intrigue de Jimmy, affecté par la mort de son frangin, galérant dans une boutique de téléphonie à finir par faire de menues combines comme il les affectionne, puis cherchant à récupérer sa licence, ça m’aurait suffi. Une saison sur l’intrigue de Mike se retrouvant chef d’un chantier de Gus Fring, qui doit, lui, surveiller les Salamanca, ça m’aurait suffi aussi. Alors une saison reliant ces deux intrigues, punaise. Très franchement et même si je n’ai pas une vue d’ensemble, je ne vois pas trop ce qui rivalise avec Better call Saul aujourd’hui.
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