Le temps a dévoré le couple.
4.0 Loin d’être inintéressant sur le papier, ce premier court métrage de Dominique Rocher pêche dans l’exécution autant dans son esthétique publicitaire que dans sa construction laborieuse. Le postulat évoque A ghost story, mais avec beaucoup moins d’audace, d’idées, de sidération, sans doute parce que ce genre de récit ne peut pas tenir en seulement dix-sept minutes : il faut l’étirer, l’épaissir et faire qu’on ressente la donnée temporelle. Alors certes le film a le mérite d’y aller, de se jeter dans une poésie ringarde un peu ridicule. Certes Mélanie Thierry et Alban Lenoir donnent un peu de corps à cette histoire d’amour sacrifiée sur l’autel de son bonheur. Car Elle continue de vivre (et rencontre même quelqu’un d’autre) quand Lui se fige dans l’espace/temps. Il est alors comme ces souvenirs qui traversent le temps et qui parfois finissent par s’étioler puis disparaître. Alors est-il mort ou plus simplement cette chute stoppée en vol symbolisent-elle l’éloignement du couple, elle qui change mais pas lui ? Chacun y greffe sa propre idée, j’imagine : cette incertitude évanescente est sans doute la meilleure initiative de ce court métrage très dispensable. Il y a avait dans le film de David Lowery beaucoup à imaginer / projeter sur ce drap blanc – aussi risqué qu’était son parti-pris. Là on a ce corps désarticulé, ce visage s’égosillant dans le silence le tout s’effondrant au ralenti par petits intermèdes : il faut être solide pour y croire / ne pas rire. Ceci étant, si ça a permis à Dominique Rocher de faire plus tard La nuit a dévoré le monde, tant mieux ! La progression est impressionnante.