Sous les bombes, les dettes, l’eau, le sable.
7.5 Le film s’ouvre dans l’après-guerre, sur un bateau qui vient de quitter Marseille. Des juifs rescapés embarquent en mer afin d’immigrer vers Israël. Un couple de clandestins recherchés est alors retrouvé dans les cales ; le capitaine écoute leur histoire, qui nous plonge dans leur rencontre, sous les bombes, puis dans leur amourette passionnelle, esquintée par les moeurs légères de Manon et la jalousie maladive de Robert, qui se doit de vivre de tout un tas de trafics afin de subvenir aux luxueux besoins de sa promise. Acculé par le frère de la belle – Qui mieux que Serge Reggiani pour camper une minable petite ordure pareille ? – qui veut les éloigner l’un de l’autre, il finira par devenir un assassin. Cette histoire-là, contée dans la cabine d’un chalutier, est déjà belle – quoiqu’un peu froide à mon goût, le monde autour de nos tourtereaux étant un tout petit peu caricatural – et accentuée par le jeu minéral de Michel Auclair et celui plus fantasque de la sublime Cécile Aubry. Difficile de ne pas tomber amoureux d’elle. Alors le film reprend sa marche au présent – L’ouverture sur le bateau était déjà imposante, le flash-back n’arrivait pas tout de suite – puisque le capitaine, ému, laisse filer nos amants. Le désert africain s’ouvre à notre groupe clandestin : aux providentiels cours d’eau succède une étendue de terreur sous un soleil de plomb : cadavres d’animaux, bédouins sanguinaires. Le film se termine dans le sable et dans la mort, avec nos amants encerclés par d’immenses cactus, aussi terrifiants et grossiers que ce monde qui n’aura cessé de les acculer. Très beau film. Mais putain, ça calme.
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