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Archives pour 26 décembre, 2018

Roulez jeunesse – Julien Guetta – 2018

38. Roulez jeunesse - Julien Guetta - 2018Papa, malgré lui.

    5.5   Etrange de voir ce film dans la foulée d’Amanda. A priori ce ne sont pas des films qui pourraient se faire écho et pourtant, pour l’un comme pour l’autre, le film se cale sur un évènement dramatique, à savoir la disparition d’une femme, d’une mère, pour en faire éclore les retrouvailles entre une autre mère et son fils. S’il faut beaucoup aux deux films pour en arriver là, si dans l’un c’est le combat de l’absence et dans l’autre celui de l’omniprésence, si c’est largement moins subtil dans le film de Julien Guetta, c’est probablement plus inattendu ici et donc in fine un peu émouvant. Et le film part de très loin tant le tout début, soyons honnête, est pas loin d’être insupportable, dans sa mécanique comique et son hystérie pas possible, d’abord parce que ce n’est jamais drôle, pour ne pas dire que c’est absolument sinistre, ensuite parce qu’on enchaine les situations aussi improbables que racoleuses. Tout ce qui se joue avec le bébé, par exemple, c’est franchement gênant, à peine digne d’un sketch de Florence Foresti en mode « Que ferait un mec si une nana lui laissait ses marmots sur les bras ? » ainsi que la première entrevue avec l’assistante sociale (Laure Callamy, qui est donc partout et ici coiffée comme Anais Demoustier dans Au poste !) ainsi que les apparitions des ouvriers du garage, qui durant leur temps libre conduisent des dépanneuses sur une tablette et se blindent de café. Ok. Pourtant, à l’image d’un Eric Judor qui passe par tous les registres de jeux, le film s’ouvre, tente quelque chose qui va plus loin que de s’accommoder à son simple pitch, puisqu’il s’aventure sur le terrain du drame. Certes il ne réussit pas tout (voire pas grand-chose) mais c’est toujours mieux que le dernier Salvadori. Alors, si le rapport mère/fils est beaucoup trop ostensible dans ses non-dits hostiles (Elle ne supporte plus de ne pas voir son fils vouloir reprendre les rênes du garage de son père ; Il ne supporte plus de devoir travailler aux côtés de sa mère, en gros) il émeut lors d’une étreinte, quand elle découvre enfin l’adulte qui se cachait dans son fils, quand elle le voit prendre des décisions pour des enfants, là où elle voulait à tout prix qu’il en prenne pour des bagnoles en panne. Dommage qu’on en passe par un retour au bercail : Pourquoi faire revenir le personnage à son poste attendu ? Le mieux n’aurait-il pas été de le voir s’épanouir dans une passion qu’il aurait vraiment choisie ? C’est con car c’est pas loin de tout casser cette idée de fin.  Mais je comprends en un sens : ça permet à Julien Guetta de nous offrir cette jolie scène finale, qui répond à la toute première. Là où Judor fredonnait seul Cool cat, de Queen ou devait partager Fug de Cymande dans sa dépanneuse, il filera en papa de substitution avec les trois enfants avant d’imiter le bruit de l’océan pour préparer les vacances. Un père est né.

Amanda – Mikhaël Hers – 2018

37. Amanda - Mikhaël Hers - 2018Après la tempête.

   7.0   Je n’avais pas fait le lien entre ces deux cinémas auparavant, mais il y a peut-être beaucoup à voir entre Mickaël Hers et Ira Sachs, en fin de compte. Ça me saute d’autant plus aux yeux maintenant que ma mémoire a tendance à confondre le toit new yorkais de Love is strange et celui de Ce sentiment de l’été. Dans Amanda, on retrouve une grammaire cinématographique très proche de celle de Brooklyn village : Cette manière de s’installer dans le cadre, de s’imprégner de sa respiration, de filmer les enfants, d’offrir une dimension solaire tout en dévoilant le temps d’un plan, d’une discussion, d’un pas de côté, une profonde mélancolie, une ombre au tableau.

     Si Amanda me marquera probablement moins que Memory Lane, il joue dans la continuité du cinéma de Hers, qui poursuit son exploration du deuil, qui se fait de plus en plus frontal. Il m’en restera moins des scènes, des interactions, des personnages que des images pures, en somme, comme ce plan final dans le parc londonien de Greenwich à la tombée de la nuit qui répond à la macabre découverte dans le parc parisien de Vincennes à une heure similaire. Je n’oublierai pas de sitôt ces deux tableaux, l’un de sang, l’autre de plénitude. Ce sont ces correspondances d’un plan à l’autre, qui me touchent beaucoup dans le cinéma de Hers. N’empêche ce plan terrible, à la croisée de l’ouverture de Moi, Pierre Rivière de René Allio et du final de Piranhas, de Joe Dante, est de ceux qui envoient de l’insolite dans un cinéma qui pourrait se permettre de filer droit et doux.

     C’est ce que j’aime chez Hers, l’insolite. C’est un cinéma qui a tout pour ronronner mais tout était insolite dans Montparnasse, Primrose hill, Memory Lane. Déjà un peu moins dans Ce sentiment de l’été. Il manque, cet insolite, dans Amanda. On le voit peu. Ou alors dans cette retrouvaille entre un mère et son fils, un tutoiement, une excuse, un texto. Ou dans cette promenade où il est question d’une histoire d’amour qui peut attendre, d’une histoire d’adoption qui, elle, ne doit pas attendre. Ou plus tôt dans cette scène terrible, redoutée, casse-gueule, dans laquelle un garçon annonce à sa nièce la mort de sa mère – Vincent Lacoste aura étincelé cette année, entre Amanda et Plaire, aimer et courir vite. Chaque fois ce sont des scènes de parc. Le parc chez Hers, c’est une terrasse de café chez Rohmer. Tout s’y joue.

     Je regrette beaucoup que Hers ait abandonné la subtilité de ses boucles, l’imprévisible de ses enchainements, choraux ou elliptiques. Il me semble qu’Amanda est bien trop organisé, corseté. De nombreuses scènes répondent trop à d’autres – admirablement parfois, certes, mais lourdement aussi comme lorsque au tout début David manque l’heure de sortie d’école de sa nièce, annonçant un peu de sa vie future ou comme cette expression avec Elvis, expliquée par la maman et qu’on retrouvera autrement à la fin, devant un match de Wimbledon, qu’on nous promet là aussi depuis un moment. Tout est trop utile. Les rimes sont trop visibles. Mais bon, ça reste un très beau film, et un cinéma qui de manière générale me touche infiniment au point que j’y verse par instants quelques larmes.


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