L’impossible Madame Rivière.
8.0 Difficile de ne pas se laisser séduire par cette comédie d’aventures qui se situe à la frontière de la screwball comedy et du film de guerre, puisque le récit se déroule en Afrique orientale allemande, durant la première guerre mondiale. Difficile de ne pas de laisser séduire par les grimaces contagieuses de Katharine Hepburn et Humpfrey Bogart vieillissants.
Rose est une sœur missionnaire, ancrée dans un village reculé, un peu coincée, propre sur elle, britannique. Charlie est coursier pour une exploitation minière, un peu grossier, un peu épave, américain. Après l’arrivée des troupes allemandes dans le village (qui voit la mort du pasteur, le frère de Rose) et par crainte de nouvelles représailles, Charlie convainc Rose de partir sur l’African queen, son bateau, quand elle désir le transformer en torpilleur pour couler une canonnière allemande en aval.
Si le film délaisse un temps « la guerre » pour partager la descente des rapides aux côtés de notre duo mal assortis et sa petite guerre de caractères, c’est pour mieux y revenir lors d’affrontements avec des soldats lorsque l’African queen passe devant le fort allemand. Cette embarcation archaïque offre le plus beau « huis clos » que le cinéma ait pu nous offrir.
Le film vire alors du côté de la comédie romantique, sans pour autant délaisser son penchant aventurier et une grande quantité/variété d’obstacles, comme un épisode d’arbre d’hélice endommagé, un autre avec des sangsues entre les roseaux dans les marécages, une tempête nocturne (cette petite attention qu’elle a en le couvrant d’un parapluie, magnifique) puis le miracle provoqué par un déluge providentiel, une double exécution évitée de justesse par une explosion salvatrice. On ne peut plus rocambolesque. On ne peut plus savoureux.
Je connais encore assez mal Huston mais petit à petit ça se dessine, c’est un aventurier et donc il y a des choses très stimulantes dans cette filmographie. Là on est typiquement dans l’un des genres « Ils se détestent mais vont finir par s’aimer » que j’adore (Je ne vais pas tarder à me refaire L’impossible Monsieur Bébé, de Hawks, ainsi que Le sauvage, de Rappeneau, du coup) et surtout le film se déroule sur un fleuve, et Huston en fait un décor fascinant, même s’il filme bien plus son couple vedette que l’Afrique.
Enregistré sur Arte il y a peu, qui diffusait la copie restaurée, et j’ai halluciné, de la qualité de la copie, belle comme c’est pas permis. Le premier plan déjà, alors qu’on ne fait que traverser les feuillages pour arriver jusqu’au village, je jubilais sur place.