Le(s) beau(x) mariage(s) ?
6.0 Mon cinéma de quartier favori offrait une rétrospective Ozu en dix films. Le rêve. Enfin, le rêve il y a dix ans. Aujourd’hui ce fut plutôt un crève cœur. J’espérais en voir au moins deux ou trois, entre deux nouveautés ; j’en aurais fait qu’un, au pif – si en plus je me serais permis de choisir, c’était la bulle je pense – et c’est tombé sur Fin d’automne, soit l’un de ses tous derniers films, en couleur. J’avais peut-être trop sacralisé l’événement ou plus simplement la fatigue m’aura empêché de m’y fondre complètement, c’est une petite déception. Jamais réussi à m’attacher à ses personnages – notamment ses personnages masculins, tous un tout petit peu insupportables dans leur gaudrioles. Jamais été emporté par ce récit qui préfère adopter une tonalité insouciante plutôt que de creuser l’intensité dramatique. Seules les dernières minutes – le voyage entre mère et fille – et la toute fin m’auront extirpé de l’ennui poli et un peu ému puisque c’est à ce personnage de veuve solitaire auquel on se raccroche souvent, qui referme le film avec son regard, dans un beau moment d’émotion et de douceur où percent enfin les promesses de mélancolie. C’est un film très doux, comme toujours, dans le peu que j’ai vu d’Ozu à ce jour. Mais ce sont surtout ses compositions de plans, d’une élégance rare et d’une rigueur géométrique imparable, aussi bien dans les couloirs d’immeubles, sur les toits ou dans les habitations qui m’ont séduit, plus encore que dans Bonjour. On sent que le cinéaste japonais est arrivé à un point de maturité absolu dans le moindre placement de sa caméra, c’est très beau.
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