Cinquante nuances de gris.
5.0 Cette année aura été parfaitement représentative de la schizophrénie cinématographique de Spielberg puisqu’il aura offert deux films : Une récréation geek et un cours d’histoire. Ils sont tous deux évidemment bien plus que cela, mais c’est étonnant de voir à quel point ils s’opposent, dans le traitement, la portée, le public visé. The Post est donc resté plus confidentiel, davantage destiné au circuit critique on va dire, jouant la carte de la reconstitution, celle des années 70 en s’attaquant au récit des Pentagon papers, scandale qui aura tout juste précédé celui du Watergate.
C’était pas Lincoln et ses ambiances amorphes de bougies dans la pénombre mais les bureaux grisâtres de The post sont à peine plus passionnants. Avec Le pont des espions, Spielberg m’avait impressionné, là il me déçoit à nouveau. En fait, Pentagon papers rate tout ce que réussissait Spotlight (Pour ne pas citer encore Les hommes du président) à mes yeux : A trop vouloir saluer cette mission quasi suicide pour la liberté de la presse contre Nixon et admirer cette imposante figure féminine dans ce monde éminemment masculin, il en oublie de créer de beaux personnages, qui feraient oublier un emballage formel un peu chiant.
C’est un film très précis, consciencieux, mais c’est aussi un film qui manque de chair, de passion, d’émotion tout simplement. Tout est déceptif là-dedans, de bout en bout. On regarde ça comme on lit une riche brève politique, bien écrite. C’est intéressant, mais pas suffisamment passionnant pour ne pas avoir envie de jeter un œil sur la rubrique sportive d’à côté. Et c’est d’autant plus beau que Spielberg nous l’offre, cette rubrique détente. Avec ses défauts, Ready player one n’aura emmené beaucoup plus loin. Bref, c’est encore la récréation qui l’emporte, pour moi. Spielberg professeur m’aura souvent embarrassé, mais ça reste un maestro du divertissement absolu.