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Archives pour 23 janvier, 2019

Transit – Christian Petzold – 2018

04. Transit - Christian Petzold - 2018Road to nowhere.

   4.5   Après Angela Schanelec (Marseille, 2005, un film que j’aimerais beaucoup revoir, tiens) c’est au tour de Christian Petzold, un autre cinéaste allemand, de s’emparer de la ville de Marseille. Malheureusement, dans la rubrique « La voix off ça te plombe un film » Transit aurait une bonne place. Certes, Darroussin a une voix magnifique et l’entendre accompagner des images estaquéennes ravive forcément des souvenirs de films de Guédiguian, mais cette voix, beaucoup trop présente et beaucoup trop dans le décalage (Qui est ce narrateur, se demande-t-on longtemps ? Et pourquoi son timbre est si monotone ?)  restera la mauvaise idée du film, à mon avis. Sans doute parce que c’est un film guidé par l’errance et le changement d’identité (En cela on reconnait bien l’obsession de l’auteur de Barbara ou Phoenix) et les silences que ça engendre. Cette voix brise la force des images, leur capacité d’envoutement, d’autant qu’elle est trop explicative. Il n’y a plus vraiment de mystère autour de cet homme et de ses agissements puisque la voix off brise ce mystère, non pas en rendant le discours limpide mais en nous extirpant du cadre et en brouillant davantage les cartes – Duras faisait ça beaucoup mieux, on va dire. Bref, c’est trop bavard. Et ça reste un film de dispositif donc un film qui se repose trop sur son dispositif (L’idée de brouiller la temporalité entre l’Occupation et aujourd’hui, en offrant une parabole un poil maladroite entre réfugiés d’hier et migrants contemporains) jusqu’à reposer son twist final dessus. Et pourtant il parvient parfois à générer de la fascination, au détour d’un plan, un détail, une idée. Et puis ça n’est évidemment pas suffisant, mais Franz Rogowski et Paula Beer y sont excellents as usual. C’est une petite déception.

In the fade (Aus dem nichts) – Fatih Akin – 2018

12. In the fade - Aus dem nichts - Fatih Akin - 2018Head off.

   4.5   J’étais assez curieux de voir le nouveau Fatih Akin, qu’on a beaucoup trainé dans la boue depuis son passage cannois et sa sortie il y a pile un an. Les gens s’accordaient au moins sur une qualité : L’interprétation de Diane Kruger. Et en effet elle donne de sa personne, de ses cris, de ses larmes. Disons que tout le film repose sur sa douleur extrême et qu’elle la joue à merveille. Le reste est souvent embarrassant mais pas si honteux qu’on le dit. En fait je ne suis pas surpris de ce revirement critique à l’encontre de Fatih Akin puisque son cinéma m’a toujours semblé surestimé. Déjà avec les beaux Head on et De l’autre côté, je trouvais qu’on en faisait un petit peu trop. Il était l’étendard d’un cinéma qui raconte l’émigration turque en Allemagne, c’est vrai, mais il ne le faisait déjà pas avec beaucoup de subtilité. Et puis il y eut Soul Kitchen, qui respirait la parenthèse comique. Je pense au contraire que le message était clair : las de cette posture d’auteur qu’il s’était infligé, Akin voulait faire du cinéma de genre, comme ce fut le cas avec la comédie (et c’était gentiment raté, mais totalement inoffensif) et cette fois avec une ambition plus imposante, en nouant dans un même film drame familial, film de procès et revenge movie. Le tout saupoudré d’un cadre antinazi tout à fait inattaquable, mais tellement surligné à gros traits que ça confirme ce que je pensais avant : Akin est quand même un gros bourrin. Tout sera donc hyper lourd, à l’image des parents et des beaux-parents antipathiques, de l’avocat de la partie adverse un peu nazi sur les bords, d’une scène de tentative de suicide ridicule, d’une scène de petit oiseau encore plus ridicule. Et le tout sera bien entendu exploité en trois parties bien illustratives, renommées La famille, La justice, L’eau mais qu’on pourrait plutôt décrire ainsi : La douleur, L’injustice, La vengeance. Le début est d’une violence tellement inouïe et la caméra tellement collée à cette veuve que t’es obligé de chialer avec elle. Le procès démarre fort mais s’effondre assez vite dans le grotesque et une injustice qu’on sent pointer à des kilomètres. Et le final n’a malheureusement plus grand intérêt. En définitive, je me demande si mon Akin préféré ne reste pas le méconnu Julie en juillet.


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