Road to nowhere.
4.5 Après Angela Schanelec (Marseille, 2005, un film que j’aimerais beaucoup revoir, tiens) c’est au tour de Christian Petzold, un autre cinéaste allemand, de s’emparer de la ville de Marseille. Malheureusement, dans la rubrique « La voix off ça te plombe un film » Transit aurait une bonne place. Certes, Darroussin a une voix magnifique et l’entendre accompagner des images estaquéennes ravive forcément des souvenirs de films de Guédiguian, mais cette voix, beaucoup trop présente et beaucoup trop dans le décalage (Qui est ce narrateur, se demande-t-on longtemps ? Et pourquoi son timbre est si monotone ?) restera la mauvaise idée du film, à mon avis. Sans doute parce que c’est un film guidé par l’errance et le changement d’identité (En cela on reconnait bien l’obsession de l’auteur de Barbara ou Phoenix) et les silences que ça engendre. Cette voix brise la force des images, leur capacité d’envoutement, d’autant qu’elle est trop explicative. Il n’y a plus vraiment de mystère autour de cet homme et de ses agissements puisque la voix off brise ce mystère, non pas en rendant le discours limpide mais en nous extirpant du cadre et en brouillant davantage les cartes – Duras faisait ça beaucoup mieux, on va dire. Bref, c’est trop bavard. Et ça reste un film de dispositif donc un film qui se repose trop sur son dispositif (L’idée de brouiller la temporalité entre l’Occupation et aujourd’hui, en offrant une parabole un poil maladroite entre réfugiés d’hier et migrants contemporains) jusqu’à reposer son twist final dessus. Et pourtant il parvient parfois à générer de la fascination, au détour d’un plan, un détail, une idée. Et puis ça n’est évidemment pas suffisant, mais Franz Rogowski et Paula Beer y sont excellents as usual. C’est une petite déception.
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