Publié 25 janvier 2019
dans Stéphane Demoustier
Les naufragés couche-culotte des jardins de La Villette.
5.5 Ce qui me séduit le plus là-dedans c’est peut-être bien le sort réservé au couple Vimala Pons / Anders Danielsen Lie perdu dans une intrigue tellement secondaire que leur histoire (passée, car on comprend qu’ils sont séparés) est à peine esquissée. On aimerait donc en savoir davantage que cette affaire de chaussures, mais la gêne qu’il affiche, les larmes qu’elle tente de masquer, c’est quelque chose de très beau, de presque garrelien, frustrant mais beau, osé dans la mesure où le cœur du film ce sont ces deux enfants – qui sont aussi les deux enfants de l’auteur dans la vie – et qu’il s’en tient : Les émois des grands, le film s’en moque. Allons enfants donne à suivre leur expérience chacun de leurs côtés (puisqu’ils se perdent lors d’une partie de cache-cache) selon un montage alterné plutôt équilibré, laissant à chacun le temps d’occuper l’espace, à chaque situation le temps de s’étirer. Il vaut mieux ne pas trop s’attarder sur le pourquoi de leur solitude/séparation, le film faisant alors vite office de procès aux nounous, gardiens, policiers, chauffeurs de taxi et plutôt donc y voir une sorte de film à hauteur d’enfant, qui tente de jouer sur la peur d’enfants (et non la nôtre d’adulte) en y parvenant plutôt bien, tout en se logeant dans la continuité errante du Petit fugitif, du Ballon rouge, de Rentrée des classes ou plus récemment du beau Takara. Il lui manque sans doute un peu de poésie, c’est tout. Le film tient par sa durée (un peu plus et ça devenait long) et la caution « trop mignon » de la petite fille. Et aussi parce qu’on y voit beaucoup le parc de La Villette. Bref, un « court » (59 minutes, tout de même) bien plus intéressant que Terre battue, le seul long de Stéphane Demoustier.
Publié 25 janvier 2019
dans Thomas Lilti
« Pause maths ? »
5.5 C’est quoi cette fin ? Pour un film qui joue la carte de la chronique hyper réaliste (Parait-il que la plupart des étudiants en médecine s’y retrouvent largement) cette sortie sacrificielle sort un peu du chapeau, non ? Et au-delà de sa faute de goût en tant qu’idée romanesque et conclusive, c’est affreusement mal fichu du seul point de vue du suspense, enfin c’est surtout trop long et quel intérêt de faire venir le personnage ? Enfin ce n’est pas rédhibitoire, le film a plein d’autres qualités, à mettre au service donc d’une part de son extrême authenticité, puisqu’à l’instar d’Hippocrate (le premier film de Thomas Lilti) le film se compose beaucoup de son expérience personnelle, et d’autre part de son beau duo d’acteurs tant William Lebghil et Vincent Lacoste sont excellents. Tout le cheminement du premier qui fait médecine pour impressionner son père, mais qui se rend compte qu’il n’y prête pas attention, c’est assez réussi : ça permet de rendre la fin plus légitime, mais surtout ça permet d’offrir la superbe scène du café, où la joie de la réussite est masquée par la tristesse de cette non-reconnaissance. Et puis le film raconte assez bien cette amitié et ce qui la rend si fragile : Un monde les sépare, puisqu’à la vocation et le travail acharné qui ne paie pas (le mec est triplant) de l’un répondent la tradition familiale et les facilités de l’autre. Le film joue souvent sur cet affrontement où tout est simple pour l’un quand tout est toujours trop compliqué pour l’autre. Et ça c’est très beau, assez universel en plus, tant ça m’évoque plein de moments et/ou de gens qui ont fait ma scolarité, et pourtant je n’ai jamais mis un pied en fac de médecine. Après, je trouve le film assez juste (dans l’injustice qu’il raconte) mais ça manque un peu de folie et d’imperfections, à mes yeux. Il est à l’image de cette grande pièce-entrepôt dans laquelle on fait passer les concours, avec ces groupes, ces tables et ces chaises très alignées. On voudrait secouer un peu tout ça. Et en même temps on se dit (à l’image de son final raté, qui tente autre chose pour le coup) qu’il ne pouvait pas être mieux qu’en étant bien rangé comme il est. Ceci étant, le principal intérêt de Première année, à mes yeux, je le répète, c’est la chronique, au sens où il parvient à me passionner en me montrant des types en train de réviser des trucs auxquels je pige rien, c’est super fort. Mais bon, j’y reste tout de même plus distant que dans Hippocrate, le film (Il faut que je découvre la série) qui m’avait beaucoup ému.